Interview Shinya Drums magazine

Félicitations pour les 25 ans du groupe. DIR EN GREY n’a pas un genre musical spécifique et avance sur son propre chemin, comment pensez-vous que votre style de jeu en tant que batteur a changé?

Shinya: Ces dernières années je suis passé à un jeu de batterie plus doux et je suis devenu plus conscient du fait que je peux encore jouer de la batterie pendant quelques années en faisant le moins d’efforts physiques possible.

Il est important de ne pas trop solliciter le corps. D’un autre côté, y a-t-il quelque chose que vous avez toujours apprécié dans votre jeu de batterie depuis la formation du groupe?

Shinya: Un jeu qui charme.

En effet, votre jeu splendide semble incarner cette conscience. Ces dernières années, vous avez lancé « Shinya Channel » sur YouTube, où vous publiez régulièrement des vidéos présentant votre batterie, des reprises de chansons et d’autres projets de défi en dehors de la batterie. Qu’est-ce qui vous a inspiré pour commencer ce projet?

Shinya: J’avais d’abord prévu de commencer à le faire en 2016, mais apparemment je ne pouvais pas le faire au sein du groupe, donc je l’ai fait uniquement en ligne pour les membres inscrits. Je l’ai commencé vraiment quand il y a eu le Covid. Je suis reconnaissant que de plus en plus de gens apprennent à connaître DIR grâce à YouTube.

Depuis 2017 vous êtes également actif dans le projet drum x piano vocal = SERAPH, y a-t-il une différence entre vos projets et le groupe?

Shinya: Mon état d’esprit en tant que batteur est probablement le même que pour DIR. Toutes les autres parties (de SERAPH) sont décidées par moi-même et Moa (chanteuse), donc je dirais que c’est facile et que c’est difficile, mais c’est une bonne expérience.

Vous avez dû être affecté par la situation avec le Covid, comment avez-vous abordé votre travail avec DIR EN GREY ces dernières années?

Shinya: Personnellement, rien n’a changé depuis le Covid. Ma façon de produire des chansons n’a pas non plus changé de façon particulière.

Vous avez continué à composer à distance comme vous le faisiez avant le Covid. Je voudrais vous poser des questions sur votre dernier album « PHALARIS », qui est votre première sortie en trois ans depuis votre dernier album. J’ai trouvé que cet album a une qualité mélodique qui vous ramène à vos racines, mais qui donne aussi un nouvel aspect du groupe. Quand avez-vous commencé la production?

Shinya: Nous avons commencé à travailler sur les chansons de l’album à l’époque du single « The World of Mercy », après la sortie du dernier album. A ce moment là nous n’avions pas encore de concept.

L’écriture des chansons avec les membres du groupe et l’échange de données était donc la même qu’avant. L’arrangement de la batterie a-t-il été fait dans votre studio à domicile, avec des phrases jouées et ajustées au fur et à mesure?

Shinya: En gros, comme avant, nous échangions des données en ligne plutôt qu’en face à face, mais les arrangements de batterie étaient soumis à un calendrier serré, alors au lieu de jouer réellement et d’y réfléchir, j’y pensais dans ma tête et je les créais sur mon ordinateur.

Alors vous avez construit les phrases dans votre tête. La batterie utilisée pour l’enregistrement était-elle une Pearl Crystal Beat? Quel type de caisse claire avez-vous utilisé?

Shinya: La Crystal Beat est un set-up pour les lives, j’utilise une Pearl Master’s Maple pour les enregistrements. La caisse claire est modifiée pour s’adapter à la chanson à partir de celle apportée par l’accordeur. J’ai utilisé des AK Drums Black Beauty Model (14″ x 5″), DW Collector’s Series Brass (14″ x 5.5″) et Stanton Moore Titanium Snare (14″ x 4.5″) de Dunnett.

Pour vous personnellement, aviez vous des thèmes ou des concepts en réalisant cet album?

Shinya: J’ai essayé de faire quelque chose de simple, mais lorsqu’il a fallu faire l’arrangement ça ne s’est pas adapté à la simplicité, si bien que c’est plus complexe que jamais.

Je vois. « Schadenfreude » d’une durée de 10 minutes, comporte de nombreux développements de la batterie, en commençant par un rythme puissant avec les toms au début, suivi d’une section avec uniquement des charlestons fermés pour un effet délicat, puis d’un jeu agressif avec une sensation rapide à deux temps. Comment l’avez-vous développée?

Shinya: La chanson n’était pas longue à l’origine, mais elle s’est allongée dans la seconde moitié de la production de l’album. Comme la chanson était longue, j’ai créé un phrasé pour ne pas me lasser, par exemple en changeant légèrement la même structure de la première à la deuxième session.

« Oboro » est une ballade mélodieuse avec un rythme tribal dans la batterie et un motif rythmique qui entrelace efficacement des magnifiques cymbales, donnant à la chanson un effet dramatique. Comment avez-vous procédé pour construire le phrasé?

Shinya: Le refrain a un rythme simple, donc la partie mélodique A est une phrase que je n’ai pas fait très souvent. Il n’y a que dans la mélodie A, qui vient dans la dernière partie, que j’ai inclus une phrase ride et splash.

« The Perfume of Sins » est une chanson avec des sections lentes et rapides distinctes, avec un rythme rapide impressionnant, teinté de métal. Comment faites-vous pour passer d’une section à l’autre?

Shinya: La partie rapide de cette chanson est la plus rapide de toutes, alors quand cette partie arrive, j’essaie d’être moins agressif et de me détendre dans le « néant / rien ». Une fois cette section terminée, j’essaie alors de jouer de manière plus agressive.

« 13 » est une chanson avec un son de groupe grandiose et épais qui inclut également des instruments de registre supérieur tels que des claviers, et chaque partie joue à l’unisson avec un sentiment d’unité. À quoi faites-vous attention lorsque vous jouez en direct?

Shinya: Le chant passe à merveille, mais la batterie est très compliquée, comme l’emplacement des accents. Il y a beaucoup de phrases qui vont avec la guitare, donc j’essaie de beaucoup écouter la guitare lors des concerts.

Pour « Utsutsu, bouga wo kurau » le ton mélodique et les rythmes polyrythmiques qui constituent la partie principale de la chanson sont impressionnants. Il s’agit d’une approche complexe de la batterie, avec des « kime » [je sais pas ce que c’est] ici et là.

Shinya: Cette chanson était celle avec le plus de « kime » [je sais toujours pas ce que c’est] et la plus complexe de l’album. Je n’ai pas pu quitter la partition des yeux une seconde pendant l’enregistrement.

« Eddie » est un morceau rapide avec des hard tune. La chanson commence avec la batterie, comment avez-vous trouvé le phrasé de l’intro?

Shinya: À l’origine, cette chanson n’avait pas une impression aussi intense, mais au fur et à mesure que nous l’avons arrangée, le tempo a augmenté et la chanson est devenue plus hardcore. Et il y a eu une suggestion d’inclure une intro de type solo de batterie, donc j’en ai fait une.

La sombre « Otogi » est une autre chanson qui utilise les toms et le gold mono pour créer le monde de la chanson, avec un beat impressionnant au début par exemple. Dans quelle mesure reconnaissez vous l’équilibre entre les toms et les cymbales dans le phrasé?

Shinya: Ma batterie est installée avec un ride juste au-dessus du sol, alors j’ai visualisé cela dans ma tête en pensant aux phrases.

« Kamui », qui clôt l’album de façon spectaculaire a une approche simple et solide avec un rythme mené par la caisse claire et la grosse caisse qui semble accompagner la chanson. Qu’est-ce que vous considérez comme important pour donner vie à la chanson?

Shinya: Quand je travaille sur un arrangement de batterie, le chant est déjà dans la chanson, donc j’essaie essentiellement de faire la batterie avec le chant en tête en mettant des phrases qui correspondent au chant, ou des phrases qui comblent les lacunes entre le chant et la chanson.

Quelle chanson dans les arrangements et l’enregistrement de cet album a été particulièrement mémorable pour vous?

Shinya: Bien sûr « Schadenfreude » était complexe, la partition comportait 14 pages malgré sa brièveté et exigeait beaucoup de concentration.

La tournée de l’album a commencé en juin, comment vous sentez-vous à l’idée de jouer les chansons de cet album en live et comment le public a-t-il réagi?

Shinya: Même si les trois premiers concerts ont eu lieu avant la sortie de l’album, nous avons reçu des réactions positives. Depuis la sortie de l’album, je peux dire qu’ils sont très excités par « The Perfume of Sins ».

La façon dont vous frappez la caisse claire avec votre main gauche tenue en hauteur et votre travail sur les cymbales sont également très tape à l’œil, et votre façon de jouer de la batterie semble incarner le « jeu de batterie qui charme ». Comment avez-vous acquis un style aussi axé sur la performance?

Shinya: À chaque fois je regarde la vidéo du live, je la regarde objectivement et la corrige, puis je répète le processus.

La répétition de ce processus se développe et conduit à votre jeu cool, tape à l’œil et passionné. Enfin, qu’est-ce qui vous motive à continuer à améliorer votre jeu de batterie?

Shinya: Le fait que DIR continue et qu’il y ait des fans qui viennent nous voir.

https://drumsmagazine.jp

Interview Kaoru Tokyo Sports

Après trois ans et neuf mois, le nouvel album  » PHALARIS » est sorti.

Kaoru: Lorsque j’ai réfléchi pour la première fois au genre d’album que je voulais faire, j’avais l’image d’un album qui serait « comme un coffre aux trésors, rempli de différentes choses ». Je suis donc heureux que les gens qui l’écoutent aient passé un bon moment.

Qu’aviez-vous en tête lorsque vous avez produit l’album?

Kaoru: Je dirais « quelque chose dans lequel moi, DIR, existons ». Cette fois-ci en particulier, j’ai voulu faire quelque chose de condensé pour que dans 10 ans quand les gens demanderont « Quel est l’album le plus connu de DIR? » on puisse dire que c’est cet album.

Quand avez-vous commencé la production?

Kaoru: Immédiatement après la sortie de l’album précédent. Il y avait beaucoup de chansons inachevées, et vers la fin de l’année dernière j’ai pensé: « Il est temps de choisir des chansons et de commencer à enregistrer ». Nous avons commencé à enregistrer au début de l’année, et à peu près à ce moment-là, nous avons commencé à nous mettre en mode « finir l’album pour de bon ». La dernière chanson a été décidée vers le mois de mars.

A la dernière minute!

Kaoru: Le premier titre « Schadenfreude » était la dernière chanson à être terminée, et je l’ai faite avec le sentiment qu’elle allait être la première chanson. Lorsque j’ai terminé cette chanson, j’ai vu toute l’image de l’album dans mon esprit.

Parlons du 25e anniversaire

Kaoru: Je ne suis pas vraiment conscient que je fais cela depuis 25 ans. Je sais que ce n’est pas un nombre d’années facile, mais j’ai l’impression d’avoir fait de mon mieux à chaque instant et, avant de m’en rendre compte, c’est arrivé. Quand je l’ai réalisé, ça faisait 25 ans.

Il est rare qu’un groupe dure 25 ans sans changement de membres.

Kaoru: Nous avons juste joué en live, fait des albums, joué en live, fait des albums. C’est tout ce que nous avons fait pendant 25 ans. Je voulais que nous soyons un groupe qui puisse continuer aussi longtemps que possible. Il y a du pouvoir dans la continuité. Les membres sont conscients du caractère irremplaçable, de « la présence unique de DIR » dans le son, la performance live et l’apparence. Nous continuons d’en assumer la responsabilité.

Un mot pour les fans.

Kaoru: Je suis tellement reconnaissant. Même si je veux continuer le groupe, c’est parce qu’il y a des gens qui nous regardent et nous écoutent que nous pouvons librement et égoïstement écrire des chansons et nous produire en concert. À l’occasion du 25e anniversaire du groupe, nous avons été disponibles sur les plateformes de streaming pour la première fois. Je pense que les gens de tous âges apprécieront cet album, qu’ils s’intéressent à DIR après avoir lu cette interview ou qu’ils aiment le groupe depuis longtemps, donc écoutez-le absolument.

(Une version complète de cette interview sera publiée dans Tokyo sports Note)

https://www.tokyo-sports.co.jp

Interview Kyo PHY vol.21

Quel genre d’album pensez vous que c’est?

Kyo: Un album où vous savez que c’est DIR EN GREY rien qu’en écoutant l’intro, un album fort.

J’avais ce sentiment inébranlable que tant qu’il y aurait ces cinq personnes, n’importe quel son serait DIR EN GREY.

Kyo: Je pense que quelle que soit la chanson que vous écoutez, vous comprendriez vite que c’est DIR EN GREY. Mais ça a été difficile de trouver le compromis final [pour nous]. Par rapport à avant, c’était différent, nous ne pouvions pas faire de concerts, il fallait plus de temps qu’avant pour enregistrer, même si nous avions beaucoup de chansons nous n’avons pas vu l’objectif final pendant longtemps. De plus, nous ne parlons pas vraiment [entre nous].

C’est vrai.

Kyo: Nous avancions sans avoir de discussion du genre « faisons ça avec ça ». C’est pour ça que je pense qu’il était difficile de trouver un point commun entre nous 5, car tout le monde cherchait « quel chemin prendre? ».

Aviez-vous une vision spécifique, du genre « pour la suite je veux faire ça »?

Kyo: Personnellement, j’en avais une. Je l’ai déjà dit plus tôt, mais quelque chose de riche qui vous fait réaliser que c’est DIR EN GREY à peine vous l’écoutez. Auparavant, l’album avait des mélodies/titres très intenses, donc en mettant davantage l’accent sur la vision du monde je voulais mieux exprimer le DIR EN GREY actuel. De plus, il existe déjà des albums avec une vision du monde, donc je voulais quelque chose de différent.

Dès la première chanson, j’ai senti que cet album était différent des précédents. Était-ce votre objectif dès le début ?

Kyo: Ce n’était pas mon objectif, mais je me souviens que j’avais dit « je veux une ou plusieurs longues chansons ». C’est le plus petit nombre de morceaux que nous ayons eu sur un album jusqu’à présent. Il n’y a pas non plus de chanson d’intro, mais je pense que ça a fini par devenir quelque chose avec une richesse que nous n’avions pas eue auparavant.

Je pense que chacune de vos œuvres passées n’ont pas d’appartenance/de lien entre elles, mais cette fois-ci, c’est un album qui semble extraire jusqu’à présent les points forts de DIR EN GREY. Pourtant, j’ai l’impression que vous ne l’avez pas fait avec cette idée en tête, c’est devenu comme ça naturellement.

Kyo: Naturellement… eh bien ça a pu être comme ça, mais ça m’inquiète d’une certaine manière.

Vous inquiète? Pourquoi?

Kyo: Quand quelque chose que seule cette personne possède sort naturellement, je pense que c’est vraiment merveilleux. Mais dans mon cas, je ne peux pas me contenter de ça, l’autre moi dit « tu n’es pas ce genre de personne, extraordinaire ». Quelque chose comme « ne te dorlote pas ».

Votre idéologie pessimiste habituelle.

Kyo: Ouais. C’est pourquoi cette fois j’ai essayé différentes choses en chantant.

J’ai vraiment remarqué ça. Que vous avez essayé des styles que vous n’aviez jamais fait auparavant.

Kyo: Étant dans un groupe depuis si longtemps, « Kyo de DIR EN GREY » est établi, j’ai l’impression que tout le monde serait d’accord si je me contentais de refaire ce que j’ai fait avant, mais je ne le ferai pas. Je ne peux pas le supporter si je ne poursuis pas de nouvelles façons de m’exprimer. En fait, je préférerais ne pas avoir à le faire. Ce serait plus facile.

Du genre, ce serait bien de faire ça.

Kyo: Je serais vraiment d’accord avec ça, mais l’autre moi ne le permettrait pas. C’est pourquoi je veux me tester davantage.

Votre chant, cette fois, donne l’impression de devenir la personnalité/l’élément d’identification de cet album. Par exemple, la façon dont vous avez utilisé le falsetto dans « 13 » est très distinctive.

Kyo: Mais si vous écoutez simplement la voix elle-même, c’est vraiment étrange, il y a une partie qui ressemble à du n’importe quoi. « Mouai ni shosu » et « Otogi  » étaient comme ça, il a fallu beaucoup d’essais et d’erreurs pour qu’elles ne sonnent pas comme ça et qu’elles s’intègrent bien.

Une écoute rapide a laissé une impression sombre et lourde, mais d’une certaine manière, c’est un album de chansons (par opposition aux morceaux instrumentaux). Il est donc facile d’entrer dans la vision du monde de l’album.

Kyo: Ah, le son est maniaque mais je suppose que c’est facile à écouter.

Mais en fait, j’ai l’impression d’avoir reçu/interprété quelque chose de positif de vos chansons.

Kyo: Ce… n’est pas une opinion habituelle.

Vraiment?

Kyo: Eh bien, je ne peux pas vraiment me mettre à la place du public, alors je ne sais pas. Je veux juste dire que les choses que je criais ont cessé d’être intéressantes. Par exemple, dans le cas de la première chanson « Schadenfreude », jusqu’à présent je criais dans les parties lourdes de la chanson, mais cette fois j’attaque avec la mélodie. Dans « Perfume of Sins » aussi, dans la partie où normalement je devrais chanter, il n’y a pas de chant. En changeant les choses avec des choses comme ça, naturellement la quantité de cris a diminué. Vous avez un sentiment positif de ces choses, n’est-ce pas ?

Il y a aussi les paroles. Par exemple, dans vos précédents textes, il y avait beaucoup de chansons où le chant dirige la colère et la haine vers vous-même, mais cette fois, je pense qu’il y a aussi un lien avec la position ou la direction différente du chant.

Kyo: C’est vrai. Cette fois, c’est… plus une sensation panoramique/holistique.

C’est vrai. Avant vous écriviez des paroles en vous questionnant ou en vous faisant du mal, mais ce n’est pas comme ça cette fois.

Kyo: Ce n’est pas le cas, hein ? C’est plus comme « en fait, tout le monde a ce genre de sentiments, non? En général tout le monde les cache mais tout le monde en a, non? »

En d’autres termes, il y a une nuance dans le fait d’essayer de trouver un lien avec les autres / une alchimie. C’est peut-être pour ça que ça nous donne un sentiment positif.

Kyo: Mais ce n’était pas du tout fait exprès. Je ne veux pas partager des sentiments avec quelqu’un comme « Je veux que tout le monde pense comme ça ». Ce n’est pas ce que je souhaite.

C’est comme chanter pour quelqu’un qui vous ressemble beaucoup. Si quelqu’un comme ça écoute la chanson, c’est comme si vous étiez sauvé.

Kyo: Eh bien… ce serait bien s’il y avait une personne comme ça, mais je n’ai pas pensé « c’est pour cette personne » ou « il doit y avoir quelqu’un qui pense la même chose ». Je n’ai pas d’attentes envers les autres ou devrais-je dire, je ne demande rien.

Que voulez-vous dire par « Je ne demande rien »?

Kyo: Par exemple, les fans disaient des choses comme « Je vous suivrai toute ma vie », n’est-ce pas? Dans le passé j’étais quelqu’un qui prenait ça très au sérieux. Mais, à un moment donné ils partent. Et les gens qui disaient « Je vais vous écrire une lettre tous les jours », après un mois il n’y a plus de lettres. C’est pourquoi… je ne veux pas avoir d’attentes envers les gens, du genre « c’est comme ça ». C’est moi qui ai eu tort de trop en demander aux autres. C’est quelque chose que je fais par égocentrisme.
[Ecoute bonhomme, nous sommes beaucoup à être toujours là, depuis des années, sans t’avoir jamais rien promis. Il y a des masses de gens sur qui tu peux compter.]

Donc vous dites que vous vivez maintenant votre vie sans tenir compte de ce que ressentent les autres.

Kyo: Mais, juste un peu, je pourrais avoir juste un petit 1mm d’attentes.

Je pense que c’est naturel. C’est simplement la nature humaine de continuer à demander et à attendre des autres, même si vous avez été déçu ou si vous avez abandonné.

Kyo: Mais j’essaie de ne pas penser comme ça. Je veux être plus égocentrique.

Cette volonté de ne pas avoir d’attentes envers les gens, c’est comme si ce sentiment de solitude se développait à certains endroits. J’ai l’impression que ce genre de sentiment se retrouve aussi dans l’album.

Kyo: Je suppose que c’est ce qu’est un groupe. Par exemple, même si nous avons eu un énorme concert au Budokan, quand je rentre chez moi et que je mange tout seul, je me dis « c’était quoi tout ça ? ». Je me demande si tout ce qui s’est passé n’était qu’un rêve.

C’est là que naît la solitude. C’est un peu comme si, même s’il y avait tant de gens qui étaient là pour moi, maintenant je suis tout seul.

Kyo: Pour les fans, le sentiment est probablement similaire. Après que le concert soit fini et qu’ils sont de retour à la réalité, ils doivent penser « …hein ? ». C’est probablement la même chose

C’est vrai.

Kyo: Il peut y avoir une certaine connexion à travers cette partie, je suppose. Selon les personnes, « nous avons joué au Budokan! » ou « nous avons vendu tant de CD » peut leur donner confiance, mais je ne suis pas comme ça. J’aimerais vraiment l’être.

Mais je pense que ce sont les paroles de quelqu’un qui ne peut pas devenir comme ça (rire).

Kyo: Hahahahaha. Mais, c’est un peu pour ça que je fais des choses en pensant à moi. Que ce soit pour les nouvelles chansons ou les concerts.

Même si vous faites les choses en pensant à vous, pourquoi pensez-vous avoir été capable de continuer le groupe pendant 25 ans et de sortir de nouvelles chansons?

Kyo: Euh… souvent, je suis envié par des gens comme mes kouhai (jeunes collègues/musiciens). Ils disent « c’est génial que tu puisses faire ce que tu aimes ». Mais c’est juste que j’ai eu de la chance. J’ai eu la chance d’avoir un bon timing, une bonne période, des membres de mon groupe, un label, tout ça, le reste est pareil pour tout le monde. Ce n’est pas comme si j’étais quelqu’un de génial, il n’y a aucune raison de m’envier.

Je comprends ce que disent vos kouhai. Du point de vue de la troisième personne, vous êtes quelqu’un qui sait exactement ce qu’il veut faire et qui fait tout pour l’obtenir. Et à cause de ça, il y a un risque que les gens autour de vous soient dérangés par ça, qu’ils pensent que c’est gênant ou égoïste. Malgré cela, il y a toujours des gens autour de vous parce que vous valez mieux que ça.

Kyo: C’est ce que les gens pensent?

En tout cas, c’est ce que je pense (rire)

京 C’est… eh bien, je suis content.

J’ai pensé que la raison pour laquelle il est facile d’entrer dans la vision du monde de l’album est que vous pouvez vous exprimer sans faire semblant.

Kyo: Ah… c’est vrai. Ce que je peux dire c’est que peu importe si c’est Kyo de DIR EN GREY ou Kyo de sukekiyo, je ne peux que laisser sortir mon vrai moi. En vérité, j’aimerais pouvoir avoir un bouton marche/arrêt et exprimer devant les gens un moi complètement inventé, mais je ne peux pas.

Quoi qu’il arrive, le vous qui est la racine/fondation finira par sortir.

Kyo: La seule façon de le faire est de m’exprimer en coupant une partie de moi-même et en la jetant. De plus, il est très difficile pour le musicien que je suis et le moi de tous les jours d’être aussi proches que possible, et il est également difficile de traiter/interagir avec les gens. Même si je me mets à nu, cela ne signifie pas nécessairement que les autres vont réagir. C’est ce que j’ai toujours ressenti.

Je pense que ce n’est pas seulement vous, tout le monde est comme ça dans ce groupe. Vous êtes le genre de personne qui n’est tout simplement pas capable de faire une musique qui mentirait à votre vous actuel, même si vous le vouliez.

Kyo: C’est vrai.

C’est un bon point pour ce groupe. Enfin, laissez-moi vous demander comment vous en êtes arrivés au titre de l’album, PHALARIS.

Kyo: Nous pensons au titre lorsque les chansons sont réunies, et celui-ci correspondait le mieux à l’image. J’ai fait des recherches sur divers outils de torture et c’est surtout celui-ci que je ne voudrais pas expérimenter.

Il a apparemment été fabriqué par un homme nommé Phalaris.

Kyo: À cette époque les tortures étaient pratiquées devant le peuple. Ils vivaient cet événement tragique comme une fête ou des célébrations bruyantes. Quand on m’a rappelé une scène comme celle-ci, j’ai pensé que beaucoup de choses déplaisantes que les gens cachent habituellement allaient ressortir.

C’est bien de demander/entendre une histoire comme celle-ci de la part de la personne qui a choisi d’utiliser une chose aussi terrible comme titre d’album (rire).

京 …… Ah bon?

C’est une traduction de l’interview traduite en anglais par Kyotaku.
https://kyotakumrau.tumblr.com





Interview Die Barks

Au moment de notre entretien vous êtes en train de répéter pour la tournée « DIR EN GREY TOUR22 PHALARIS VOL.1 » qui débute le 2 juin. Avant les répétitions je pense que vous avez écouté le nouvel album « PHALARIS » de nombreuses fois et travaillé pour vous approprier les chansons et la performance. Dans ce contexte, que pensez-vous de ce nouvel album?

Die: Le mastering n’a pas été achevé depuis longtemps et, pour être honnête, l’album ressemble plus à une collection de chansons profondes individuelles qu’à une image globale. Je pense qu’il y a encore certaines parties de l’atmosphère générale de l’œuvre que je n’ai pas encore totalement saisies.

Le dernier album, The Insulated World, est sorti il y a presque quatre ans, en 2018. Immédiatement après sa sortie, vous aviez déjà commencé à écrire des chansons pour le nouvel album. À ce moment-là, que désiriez vous essayer pour la suite?

Die: Nous avons commencé en 2019, peu de jours après le dernier album, et à ce moment-là nous n’avions pas encore de thème particulièrement important ou quoi que ce soit. Nous n’avions même pas fait la tournée de The Insulated World que nous commencions un nouveau processus de préproduction. C’était comme si j’essayais d’inventer un nouveau style de musique que je n’avais jamais fait auparavant.

Lorsque nous vous avons interviewé pour The Insulated World, vous avez mentionné que vous aviez fait cet album en pensant à DIR EN GREY. Après cela, lorsque vous avez commencé à travailler sur les nouvelles chansons, aviez vous vu une nouvelle image du groupe?

Die: Ces dernières années ont été très différentes pour les gens du monde entier n’est-ce pas ? C’est toujours d’actualité. Dans ces circonstances, nous continuons à écrire des chansons et à faire de la préproduction, mais nous essayons aussi de créer quelque chose que nous sommes les seuls à pouvoir faire, quelque chose de plus radical……, non seulement dans la musique, mais aussi dans les clips et les photos officielles, quelque chose que nous sommes les seuls à pouvoir faire. Nous voulions nous concentrer davantage sur le noyau dur. Je pense que c’est ce genre d’atmosphère qui a circulé dans le groupe.

Si votre activité reste inférieure à celle souhaitée à cause du coronavirus, le champ de vision se fait vers l’intérieur plutôt que vers l’extérieur?

Die: Comme il n’y avait plus de concerts nous avions plus de temps pour produire, ce qui signifie que nous avions plus de temps pour réfléchir. J’ai pu avoir un autre regard sur le groupe et réfléchir à propos des concerts.

D’autant plus que vous avez un côté « live-junkie » [Hahaha, c’est le terme parfait! XD] ne pas pouvoir se produire sur scène est assez stressant. Mais vous devez continuer à avancer. Avez-vous eu l’occasion de trouver la lumière?

Die: L’un des plus importants événements a été le live devant un public au Tokyo Garden Theater l’année dernière (5 juin 2021). Nous ne savions pas si nous serions en mesure de faire le concert même une semaine avant la date, mais quand le live a été décidé, nous avons pu nous concentrer sur la production. J’étais de plus en plus occupé et j’avais l’impression de retrouver ma routine normale. Si nous n’avions pas pu faire le Tokyo Garden Theater l’année dernière, et si nous n’avions pas fait la tournée d’automne (TOUR21 DESPERATE), je pense que j’aurais pu travailler sur l’album, mais je ne pense pas que j’aurais pu faire tout le travail de production sans aucun concert prévu.

Quand on est occupé on a beaucoup de motivation et d’énergie inhabituelle.

Die: Oui oui. Jusqu’à présent nous avons eu ce cycle de concerts et de tournées, d’enregistrement, de création et de sortie de CD, puis de tournées à nouveau. C’était quelque chose de puissant d’être à la date limite au milieu de tout cela. C’est comme ça que j’ai travaillé toute ma vie, donc si je ne peux pas surfer sur cette vague, je ne sais pas si je peux suivre émotionnellement, même si j’ai le temps. Je ne pense pas que quelque chose comme la motivation vienne de moi. J’avais l’impression de ne pas pouvoir allumer la flamme. Pouvoir me produire sur scène lors d’un concert devant un public a été important pour moi.

Avez-vous changé de mode à l’intérieur de vous-même au moment du Tokyo Garden Theater?

Die: J’avais déjà surfé sur la vague donc l’interrupteur était bien enclenché.

Quelle a été la première chanson écrite et produite par vous qui figure dans PHALARIS?

Die: Les chansons que j’ai commencé à faire en 2019 étaient « Utsutsu, Bouga wo Kurau » et  » 13 « . Lorsque j’ai réécouté les chansons en 2021 j’ai eu l’impression que « Utsutsu, Bouga wo Kurau » et  » 13 « , que j’ai écrites en 2019, avaient une atmosphère qui ne me convenait pas, alors je les ai retravaillées. Les chansons que j’ai faites récemment sont « Hibiki » et « Eddie ». C’est donc un mélange d’ancien et de nouveau. [ça s’entend! C’est très rock, c’est très Die!]

Au début je ne pensais pas que vous aviez composé « Utsutsu, Bouga wo Kurau ». J’ai vu une nouvelle facette de vous en tant que compositeur.

Die: Lorsque je réfléchissais au type de musique que DIR EN GREY n’avait pas fait récemment, j’ai eu l’idée de cette phrase en jouant de la guitare, et c’est parti de là. Ce n’est pas quelque chose qui m’est venu naturellement, mais quelque chose que j’ai fait en regardant fixement DIR EN GREY.

Shinya a également déclaré que c’était « difficile », avec les séquences de changements de rythme de l’ensemble rythmique. Il semble que vous aviez ajouté des phrases détaillées de la batterie dans la composition?

Die: Shinya peut faire l’arrangement pour moi (rire). Je l’ai fait en gros, mais c’est difficile si je ne me souviens pas de la syncope. C’est difficile de se l’approprier. Mais avec la mélodie du chant sur le dessus, la voix tire bien la chanson. Si vous n’écoutez que le rythme c’est difficile d’entrer dans le groove. Mais la mélodie du chant est unique, comme je m’y attendais.

Est-ce que toutes les mélodies vocales sont essentiellement laissées à la charge de Kyo?

Die: C’est le cas récemment. Je n’avais donc aucune idée de la manière dont j’allais m’y prendre. Quand j’ai composé, je n’ai pas mis de guitares mélodiques ou autre, juste l’orchestre. C’est pourquoi on ne voit pas d’intro ou de couplet. J’avais hâte de voir comment Kyo kun allait prendre ça et mettre du chant dessus. C’est aux instruments à cordes de faire l’arrangement.

On a l’impression que vous encouragez les autres membres du groupe tout en composant.

Die: C’est peut-être effectivement le cas (rire). Je pense que je fais l’orchestre pour voir comment je peux faire ressortir de nouveaux aspects de Kyo kun et lui donner de nouvelles inspirations. Quand on a fait tout ce travail, il y a des parties où on se lasse de la progression des accords, où la mélodie est facile à suivre. [Eh bien là tu as très bien travaillé Die!]

Le style vocal de Kyo a toujours eu plusieurs points de vue, donc vous devez constamment retravailler les compositions?

Die: Je suis toujours en train de penser à ça. Cela ne sert à rien si vous n’avez pas un support facile à comprendre. Par exemple, si vous avez une progression d’accords dont la mélodie est facile à suivre, et que vous faites une partie qui ressemble à un refrain, ça ne sera pas touchant émotionnellement. A la fin il y a un arrangement qui rend l’écoute simple, mais si vous le faites facile à comprendre dès le début, la composition n’avancera pas facilement. Tout le monde ne peut pas se contenter de ça.

J’ai été frappé par le chant et les paroles de « 13 ». Les larmes ont coulées toutes seules.

Die: J’ai passé beaucoup de temps à faire la préproduction de « 13 », mais quand la mélodie du chant a été décidée et que j’ai vu les paroles, j’ai été surpris que ça devienne une telle chanson. En regardant à nouveau le chant et les paroles, l’image a complètement changé.
Vous ne visiez pas une chanson qu’on peut écouter lorsque vous composiez?

Die: Je n’avais pas l’intention de la rendre facile à comprendre de cette façon. C’est une progression d’accords qui permet de monter une mélodie très facilement, j’ai donc essayé de ne pas opter pour la simplicité en ajoutant des accroches avec les guitares et le rythme, tout en veillant à l’équilibre de la mélodie avec la progression des accords.

Donc vous avez mis un changement de rythme ou quelque chose comme ça dans l’intro?

Die: Je pense qu’il y a eu deux ou trois changements. Dans la chanson de base ça ne changeait pas directement au début, c’était plus simple.

Si vous jouez cette chanson en live, plutôt que parsemer délicatement la mélodie de la guitare avec des effets de modulation, je voudrais que vous le mettiez en avant dans un bang et que vous me faites pleurer encore plus.

Die: J’ai joué cette phrase sur la démo. Même quand j’ai essayé de reconstruire la phrase pendant l’enregistrement ce n’était pas bon du tout. Si le nouveau son était bon et que les phrases étaient trop soignées et propres, cela ne touchait pas du tout émotionnellement. J’ai donc utilisé la prise de la démo quand je composais la chanson à la maison. À la fin, il y a une partie où le son étouffé est trop doux, mais je m’en suis aussi servi.

Je suppose qu’on peut dire que la chanson cherchait toujours une phrase quand l’inspiration venait. Lorsque j’ai écouté l’album en entier pour la première fois, cette chanson est devenue mon premier choix. Elle m’a marqué à ce point.

Die: Ah bon (rire). Le premier morceau qui est revenu de l’ingénieur du son étranger était « 13 ». A ce moment-là j’ai eu une très bonne impression, il est revenu avec le son que je recherchais donc j’étais très heureux. L’ingénieur a également déclaré qu’il aimait l’aspect émotionnel de la chanson qui se développait progressivement. D’habitude ils ne font pas de commentaire sur ce genre de choses.

Les gens à l’étranger aiment aussi ces chansons après tout. L’image de DIR EN GREY à l’étranger est celle d’un groupe enragé et excentrique n’est-ce pas? [Pas du tout, je les aime pour la magnifique chevelure de Die et leurs sourcils parfaitement épilés (quand il y en a) ]

Die: N’est-ce pas. Je me demande quelle serait l’atmosphère de « 13 » si nous la jouions à l’étranger. [Il n’y a qu’une seule façon de le savoir. Venez. Venez! VENEZ JE VOUS EN PRIE!!! (pleure sous la douche)]

Faisons-le tout de suite (rire). [OUI! OUIIIIIII!!!] Ce serait un must à l’étranger. Et aussi, dès que j’ai entendu « Hibiki », j’ai su que c’était une chanson écrite par vous. La façon dont les accords sont développés et la façon dont l’ensemble, dans la dernière moitié de la chanson, prend de l’ampleur, j’ai senti que c’était une forme forte et intense du cœur de votre musique.

Die: Kyo kun et moi avons échangé nos arrangements pour « Hibiki ». Au début, nous avions un arrangement un peu classique, avec une intro, une mélodie A, une mélodie B et un refrain. Cet arrangement semblait faible par rapport aux autres chansons donc je l’ai beaucoup modifié. J’ai gardé la mélodie de la chanson mais j’ai complètement changé le background. Certaines des progressions d’accords sont toujours là, mais j’ai changé la plupart des arrangements de fond. Les accords qui étaient un peu trop clairs ont été remplacés par des accords plus sombres, et l’équilibre entre les parties sombres et accrocheuses a été modifié. Il a fallu beaucoup de temps pour refaire l’arrangement.

La texture de la chanson a t-elle beaucoup changé?

Die: Oui. Au début, j’avais l’impression que la chanson était tellement entraînante qu’on pouvait la reconnaître dès l’intro. Eh bien, c’est pour ça que les autres membres m’ont testé. J’ai été incité à faire un meilleur arrangement (rire). J’ai passé beaucoup de temps à chercher des sons d’accords.

Mais je pense que le but n’est pas d’adopter une approche axée sur un nombre élevé de notes, mais plutôt d’apprécier la résonance de chaque accord et le son brut de la guitare.

Die: Oui, c’est ça. L’arrangement des accords était assez difficile. Schadenfreude » et « Hibiki » ont été retenus pour la sélection finale des chansons. Il n’y avait pas beaucoup de temps alors j’ai dû me débrouiller pour faire les arrangements nécessaires (rire).

De cette façon pouvait elle prendre une forme à laquelle vous ne vous attendiez pas?

Die: C’est exactement ce qu’est « Hibiki ». Même avec un arrangement qui était proche de la forme classique initiale, je l’ai fait personnellement. Mais les autres membres ont estimé qu’ils voulaient quelque chose d’un peu plus excentrique donc je l’ai réarrangée. J’avais déjà construit et affiné la forme de la chanson mais je l’ai déconstruite jusqu’au point où il ne restait presque rien et je l’ai repensée à partir du son des accords.

Les membres veulent toujours quelque chose (rire)

Die: Ca augmente de plus en plus (rire). C’est comme « j’ai déjà entendu ça », ils ne sont pas du tout satisfaits (rire)

« Eddie » est très rapide, j’ai senti qu’elle était remplie d’un désir de la jouer en direct.

Die: Mais ce n’était pas non plus ce genre de chanson dès le début, ce n’était pas du tout rapide. Dans mon esprit c’était assez proche de sa forme finale. Mais quand Kyo kun et moi discutions, j’ai pensé que je voulais un peu plus d’intensité. Kyo kun était d’accord alors j’ai fait deux parties rapides. Il a dit que c’était bien mais qu’il fallait en ajouter un peu plus. J’en ai ajouté d’autres puis j’ai décidé que ce serait mieux de tout rendre plus rapide (rire). Le tempo a également été augmenté et la seule chose conservée de la chanson originale était la progression des accords dans le refrain, mais le reste de l’arrangement était complètement différent.

Apparemment Kyo a aussi demandé à Shinya « je voudrais que l’intro soit comme un solo de batterie ».

Die: Oui oui (rire). Il a dit « Je veux que ça commence avec la batterie ». C’était une chanson avec un riff légèrement plus lourd, avec une mélodie qui venait s’ajouter à la chanson. Ça a complètement changé (rire). Mais la plupart des chansons simples de DIR EN GREY ne sont pas simples dès le départ, elles ont commencé par être autre chose, puis ont changé et sont devenues simples. « Eddie » est la chanson qui a le plus changé dans l’album.

Ca a été une grosse erreur, cette explosion de désir de faire des lives (rire)

Die: C’est totalement différent. Mais les idées de Kyo kun étaient grandes, et je ne pense pas que nous aurions pu arriver à ce genre de forme si nous l’avions arrangé avec seulement les instruments à cordes. Les idées de Kyo kun qui lui viennent rapidement sont parfois très importantes et il est important d’essayer une fois. Ensuite, je modifiais l’arrangement, je le laissais l’écouter et je lui disais « C’est bien, alors faisons-le de cette façon ». La chanson s’est avérée être la chanson rapide que Kyo kun recherchait.

Et il y’a « Kamuy » qui est un mélange d’une chanson composée par Kaoru et une autre composée par vous. Comment était la chanson que vous aviez composée?

Die: Il y a pas mal de guitare acoustique, c’est ce que je joue en acoustique dans la chanson que j’ai composée. J’ai composé une chanson avec principalement des twin acoustiques. Elle avait un tempo similaire à celui de la chanson que Kaoru avait composée et elle partageait également la même atmosphère de ballade. J’ai donc pensé que si ces deux chansons étaient incluses dans l’album, elles auraient une couleur et un ressenti plus forts. Ensuite, Kaoru kun a suggéré que nous combinions les deux chansons. Les deux chansons étaient proches en termes d’utilisation des accords, donc il a pu les combiner correctement.

Ce qui donne aux chansons une texture différente des chansons classiques est le son unique créé par l’acoustique gauche et droite et les rythmes impliquant des doubles croches. Les chansons sont faciles à écouter, mais je pense que le son est étonnamment difficile à comprendre.

Die: J’ai pensé à l’acoustique, mais c’est un accord assez tendu, ou plutôt, j’ai calculé la résonance assez précisément. Je ne pense pas que j’aurais pu faire ce genre de chanson si j’avais pensé à la jouer seul. La section de guitare acoustique sort de nulle part, mais elle n’a pas l’air d’être un développement soudain car l’atmosphère de la chanson est cohérente tout au long du morceau. Une longue chanson peut aussi ressembler à une suite de changements de scène, n’est-ce pas ? La raison pour laquelle on n’a pas cette impression est que la texture et le ressenti de la chanson vous entraînent dans la même atmosphère.

Divers arrangements et approches sont joints, mais cette fois les paroles et la chanson sont toujours au centre de l’attention. Alors on écoute le chant, on lit les paroles et on pleure.

Die: C’est magnifique non? C’est comme ça que de nombreuses chansons me parviennent, que ces arrangements et ces chansons sont créés. Toutes les chansons ont un arrangement qui ne peut pas se faire de façon normale. Supposons que la personne qui compose la chanson ajoute la mélodie vocale et la transmette à Kyo. Si on lui présentait une clé aussi haute il s’énerverait. Si quelqu’un lui disait ça, il répondrait « Je ne peux pas chanter dans cette tonalité » (rire). Mais Kyo kun chante lui-même dans cette tonalité. Lui seul sait quelle est la touche qui l’impact le plus émotionnellement. Il y va naturellement, donc c’est bien qu’il soit émotif.

J’ai écouté toutes les chansons de PHALARIS, puis j’ai continué avec « mazohyst of decadence » et « ain’t afraid to die  » du CD2. La façon dont l’ensemble du travail s’est imprégné était incroyable.

Die: Ce sont des chansons de 1999 ou 2000. Je ne pensais pas que je les rejouerais après tant de temps (rire). La façon d’enregistrer et de composer des chansons était différente à l’époque. Et nous avons acquis beaucoup d’expérience, et c’est ce que vous avez maintenant. J’ai réécouté l’original, et il y a une touche de DIR EN GREY dans « mazohyst of decadence » qui ne pouvait sortir qu’à cette époque, j’ai pensé que c’était unique. Nous n’avons joué « ain’t afraid to die » qu’à certains moments des tournées précédentes, ce n’était pas une chanson que nous jouions toujours en concert. Pour cette chanson aussi, j’ai reconstruit les accords et l’ai rejouée avec un son qui me plaisait. Le solo donne également l’impression que je l’ai joué naturellement, de la manière dont je me sens maintenant.

« aint afraid to die » est une ballade très spéciale pour les fans qui connaissaient DIR EN GREY lorsque le single est sorti. C’est une chanson qui contient beaucoup de sentiments, comme la beauté de la fragilité et l’amour pour les défunts. En réécoutant la reprise dans « PHALARIS », elle fait écho aux nouvelles chansons et fait ressentir beaucoup d’émotions.

Die: Oui. Je suppose qu’on peut dire qu’elle fait partie de « PHALARIS » non? (rire)

Désolé (rire). À propos, y a-t-il du matériel que vous avez utilisé pour l’enregistrement et que vous réutilisez dans vos performances live?

Die: J’utilise le même « sao » [je ne sais pas de quoi il parle] que Kaoru pour les enregistrements. C’est juste que les musiciens sont différents. De plus, hier nous avons joué les chansons de l’album ensemble pour la première fois (rire). Je pense que nous devons construire à partir de là, y compris l’aspect sonore. PHALARIS est assez coriace. Vous devez laisser votre corps le mémoriser mais il y a trois ou quatre chansons empilées dans une seule chanson. Les phrases de la guitare, par exemple dans la mélodie A, sont différentes la deuxième et la troisième fois que vous la jouez. Ca demande beaucoup de concentration, mais je veux m’assurer que mes sentiments se retrouvent dans mon jeu.

Dans les circonstances actuelles on ne peut pas profiter des concerts dans lesquels on plonge dans les chansons, mais s’il vous plaît, faites passer un message à ceux qui vont aux lives.

Die: Je pense que le jour viendra où nous pourrons faire des concerts où tout le monde pourra crier et faire du bruit comme avant, mais je pense que les concerts dans ces circonstances actuelles sont un moment spécial. Et on est aussi dans une situation dans le monde où on ne sait pas ce qui va se passer. J’en suis venu à penser que chaque chose est très précieuse, et je veux chérir chaque performance live encore plus qu’avant. Je veux que tous ceux qui viennent nous voir viennent nous voir quand ils en ont envie. C’est ce que je pense.

https://www.barks.jp

Interview Toshiya Bass magazine

Il y a eu un écart de quatre ans entre cet album « PHALARIS » et le précédent. Pendant cette période, il y a eu aussi le coronavirus, quelle était l’idée derrière les activités de DIR EN GREY?

Toshiya: Le corona était quelque chose que personne n’avait imaginé, mais je pense que c’était aussi un tournant pour moi. Par exemple, « Withering to death » (2005), qui nous a conduit à partir à l’étranger, et « DUM SPIRO SPERO » (2011), qui est né l’année du tremblement de terre, sont des tournants pour nous. La production de « DUM SPIRO SPERO » me laisse encore une impression, je me suis sérieusement demandé si on pouvait continuer à faire de la musique dans ces conditions, si on pouvait composer des albums. Et maintenant, le problème du corona a éclaté à l’échelle mondiale. Nous pensions que, pour le dire froidement, « au final, tout ce que nous pouvons faire, c’est de la musique ». En même temps, s’il y a ne serait-ce qu’une personne qui attend que nous jouions de la musique, alors notre musique peut être un espoir pour elle. Je pense que c’est ainsi que nous avons poursuivi nos activités musicales.

Dans ce désir d’apporter de l’espoir aux gens en tant que DIR EN GREY, ça signifie que l’accent a été mis sur la production?

Toshiya: Oui c’est ça. J’ai l’impression que nous avons fait ce que nous pouvions faire pour les gens qui l’attendaient. Dans mon esprit, un album est comme la thèse de fin d’études d’un étudiant. « Faites une synthèse de ce que vous avez vécu pendant les années où vous n’avez rien produit jusqu’à maintenant. » je pense que c’est le sens d’un album. C’est pourquoi je suis attaché émotionnellement à tous les albums. Nous avons réalisé cet album après avoir soigneusement examiné ce que chaque membre avait pensé au cours des quatre années écoulées depuis notre dernier album « The Insulated World », quelle direction nous voulions donner au groupe et ce que nous voulions faire.

Je vois. Quand avez-vous commencé à travailler sur cet album ?

Toshiya: Immédiatement après la sortie du dernier album, nous avons commencé à écrire des chansons petit à petit pour constituer notre stock. Cependant, même après que chaque membre ait sorti une chanson, celle-ci a tellement changé qu’au moment où nous sommes arrivés au line-up final, tout avait été remplacé. Nous avons pu consacrer beaucoup de temps à la production de cet album, mais si nous avons du temps, nous l’utilisons (rires).

Quelles réflexions et quels concepts ont été mis en œuvre dans cet album?

Toshiya: Comme nous avons essayé plusieurs choses depuis le début du groupe, le sound taste a complètement changé avec le dernier album « ARCHE » (2014), il a l’air un peu plat, ou plutôt on sent qu’on voulait commencer un nouveau DIR EN GREY à partir de ce moment. Avec The Insulated World, nous avions le sentiment qu’il s’agissait de l’étape suivante, et avec cet album, nous avons cherché à donner une impression différente de celle des albums récents. Mais je ne pense pas que l’essence de ce que nous faisons ait changé. Donc pour moi, il y a des parties des chansons et des phrases de basse qui sont quelque peu nostalgiques.

Qu’entendez-vous par « nostalgiques »?

Toshiya: Les personnes qui écrivent la musique et celles qui l’arrangent ne changent pas. C’est une atmosphère familière, c’est difficile à expliquer avec des mots, mais c’est quelque chose comme ça. Je suis conscient des nouveaux arrangements et développements, mais je ressens également un sentiment de nostalgie ici et là, et il y a des parties où je pense « j’ai déjà fait cette technique auparavant ». Nous essayons de changer les choses, mais au final, les personnes qui font les chansons sont les mêmes, il y a donc une limite. Il est important d’essayer différentes choses et de changer les choses, mais il n’est pas bon de forcer le changement, et je veux supprimer tout ce qui ne me ressemble pas quand j’écoute.

Je vois. Personnellement, j’ai l’impression que cet album comporte plus d’éléments métalliques et hardcore par rapport à vos travaux récents, était-ce quelque chose que vous aviez en tête en tant que groupe ?

Toshiya: Nous n’avions pas explicitement prévu de le faire, mais cela s’est produit au fur et à mesure, ou certains des changements n’étaient pas intentionnels. Nous voulons changer mais il n’y a qu’un nombre limité de choses que nous voulons faire, donc nous devons contrôler ces éléments. Si nous ne le faisons pas notre noyau deviendra flou. Mais au fur et à mesure que nous avançons, il y a des moments où nous nous demandons « Est-ce vraiment le bon développement? » ou « Est-ce la bonne phrase? », mais en fin de compte, il y a beaucoup de parties sur lesquelles nous ne pouvons rien faire. Donc je pense que ce qui ressort après ces questionnements est la bonne réponse. En ce qui concerne mon propre jeu de basse sur cet album, j’ai mis l’accent sur le fait que je voulais mettre mes propres éléments tout en gardant un son de base.

L’album s’ouvre sur « Schadenfreude », un morceau de 9 minutes. Cette chanson est un vrai régal pour les oreilles, avec votre phrasé caractéristique, bas et rampant, qui se faufile entre les épaisses guitares.

Toshiya: En fait, le son principal de cette chanson est constitué par les riffs, donc je pense qu’il faut incorporer le mouvement tout en faisant correspondre les riffs. Le son grave de la basse est probablement difficile à reconnaître pour l’auditeur moyen, mais je pense que c’est important. Je pense que la partie la plus intéressante de l’instrument de basse est que c’est un instrument qui produit un son de basse non identifiable, et au moment où sa présence disparaît, il nous manque. En d’autres termes, le « truc » de la chanson est différent sans la basse. J’ai été capable de créer ce genre de présence dans cette chanson.

En ce qui concerne le son de la basse, il a une présence solide et un son de distorsion qui correspond à la guitare et à la grosse caisse, ce qui selon moi est le « son Toshiya ». Le cœur de votre production sonore est-il Le Bass de Two Notes (préampli) ?

Toshiya: En effet. Le Bass est une nécessité, surtout lors des concerts. Ce qui est génial, c’est que vous pouvez obtenir ce son partout où vous allez. Ainsi, même si vous jouez dans un environnement inconnu à l’étranger, vous pouvez développer votre son jusqu’à un certain niveau. C’est une pédale d’effets bien faite. Elle est compacte. Pour l’enregistrement, j’ai également utilisé les amplis Sands (DI/préampli pour le pilote de basse) et le matériel de type rack de Two Notes.

J’ai trouvé que les longues tonalités de la basse sur « Oboro » étaient très efficaces. Au milieu de tout cela, vous incorporez également des mouvements mélodiques, comme des fills entrelacés avec les cordes, avez-vous également tenu compte de la compatibilité avec de tels instruments?

Toshiya: Oui, c’est une partie à prendre en compte. Si la basse est la boule blanche, les instruments qui l’entourent sont libres en un sens. J’aime garder cela comme point de référence, et parfois ajouter des phrases mélodiques à divers endroits. Donc dans mon esprit, c’est une ligne de basse classique.

Dans un mouvement impressionnant, la mélodie A de « The Perfume of Sins » est développée avec une approche large du manche, ça ressemblait à l’image d’une basse chantant sur le « ura » de la chanson. [rien compris XD]

Toshiya: Oui, c’est vrai. Les tons longs soutiennent la base, tandis que les ondulations basses de la basse jouent la mélodie derrière la mélodie principale. Je pense que j’ai pu obtenir le ressenti que j’aime ici aussi.

Comme sur cette chanson, vous semblez avoir deux facettes. Celle où vous ajoutez de la profondeur et du soutien aux guitares d’accompagnement, et celle où vous jouez la mélodie. Comment faites-vous la différence entre les deux?

Toshiya: Bien sûr la basse est un instrument très simple, et bien sûr c’est la partie fondamentale, mais je pense que la basse est aussi un instrument qui peut faire ressortir le meilleur de vous, comme « si vous le voulez, vous pouvez le faire ressortir ». C’est pourquoi je suis conscient d’utiliser différentes gammes et phrases, et je pense que la partie la plus intéressante de cet instrument est qu’il peut produire cette dualité.

Je vois. Avez-vous une sorte de concept pour votre jeu de basse pour chaque chanson?

Toshiya: Ca dépend de la chanson, mais en gros, ma première priorité est d’orienter la chanson dans une direction qui la rende meilleure, et ensuite j’ajoute ma propre saveur et couleur à la ligne de basse dans le processus.

La basse de « Utsutsu, Bouga wo Kurau » est également structurée autour d’un riff court avec une sensation de ressort, qui s’accorde avec le rythme vertical. Il s’agit d’un arrangement inhabituel pour cet album.

Toshiya: C’est vrai. C’est un ressort (rires). Toute la chanson est faite de fines nuances, je voulais donc que le phrasé soit net et clair. C’est de cette façon que j’ai construit les lignes de cette chanson.

Même sur ce genre chanson, votre jeu a une ténacité unique, ce qui je pense, contribue à « l’addiction » unique de la chanson. Quelle était la position de la basse dans l’ensemble que vous souhaitiez atteindre?

Toshiya: Tout d’abord, je pense que c’est un moment intense pour moi (rires). Bon, peut-être que je pense que c’est intense, mais en fait ça s’accumule. Mais j’aime les slides et les glissando, alors je m’efforce de créer une atmosphère dans ces zones. J’aime mettre des slides et des glissando dans l’espace vide, comme si je laissais des traces [comme les traces de ski dans la neige].

Dans « Hibiki » par exemple, j’ai l’impression que la basse est le centre de l’ensemble dès le début, qu’elle est le moteur de l’ensemble, mais même dans cette chanson, il y a de fortes nuances de slide et de glissando.

Toshiya: Oui, j’étais conscient de ces aspects. Dans cette chanson, je voulais que la ligne de basse fonctionne seule, mais le phrasé de la guitare est très détaillé. J’ai donc pensé que l’ensemble des guitares sonnerait mieux si la ligne de basse était simple et grave. Je pense donc que l’inclusion de ces différents éléments s’est combinée pour créer une sensation d’ensemble émotionnelle.

Le solo de basse dans la partie centrale de la chanson est composé avec une valeur de note contrôlée et un son global étendu. Je pense que cette chanson est la plus « orientée vers le chant » de cet album.

Toshiya: Ça change, n’est-ce pas ? Y compris les parties solos, il y a des parties où le groupe ne fait qu’un et d’autres où il faut rester immobile, et j’apprécie ce sentiment de penser au phrasé comme faisant partie du flux global. La basse change en fonction de la façon dont la mélodie se tient, et même l’arrangement change. Mais la partie que nous voulons faire entendre le plus est la mélodie principale de la chanson, donc je pense que les instrumentistes pensent d’abord à la manière de faire sonner cette chanson.

Pouvez-vous nous parler de la basse utilisée pour l’enregistrement de cet album?

Toshiya: Depuis le dernier album, j’utilise DINGWALL pour l’enregistrement. Ce qu’il y a de bien avec DINGWALL, c’est qu’il y a une sensation de hauteur stable et que c’est « sans caractère ». Les instruments Jazzbet, Plebe et Rickenbacker ont leurs propres couleurs distinctives, et de nombreuses personnes les utilisent pour cela. Mais Dingwall n’a rien de tout cela. Mais ça peut aussi produire un son qui convient bien à un groupe au tunning bas comme le nôtre. Je pense que c’est un instrument vraiment merveilleux.

D’ailleurs, quel est votre tunning pour cet album?

Toshiya: La note la plus basse est en A. C’est accordé A/D/A/D/G à partir de la cinquième corde avec la corde basse. C’est pourquoi j’ai besoin d’une bonne hauteur. Avant le DINGWALL, il m’arrivait d’enregistrer une phrase qui sonnait bien, mais dont la hauteur n’était pas suffisante, et que je devais donc rejeter. Depuis le DINGWALL je n’ai plus ce genre de stress. [J’ai fait un peu de basse dans ma vie mais tout ce que je sais globalement de cet instrument c’est que ça fait dong dong, j’ai donc le cerveau qui saigne]

Je pense que le son de la basse dans le métal et le rock lourd de nos jours est en quelque sorte une formule. Mais votre son est tout à fait original, ou plutôt, je sens sa conviction, et je peux dire que c’est votre son en écoutant une seule note.

Toshiya: Pour être honnête, je ne suis pas très conscient de maîtriser mon propre son, mais si je me donne la peine de le faire, je veux laisser derrière moi un son qui soit « le mien et celui de personne d’autre ». Mais je pense que c’est normal d’avoir ce genre d’ego, peu importe ce que vous faites. Bien sûr le jeu est important. Je ne veux pas jouer comme si je m’adaptais à quelqu’un d’autre, je ne veux pas avoir l’air de jouer comme si j’avais une doublure. En vieillissant, on perd peu à peu la capacité de faire preuve d’un tel ego et, d’une certaine manière, on attend de vous que vous coopériez, ou pire, que vous vous laissiez entraîner. Je pense qu’il est important d’être suffisamment souple pour accepter les parties que vous ne reconnaissez pas, mais dans ce contexte c’est moi qui décide si je les accepte ou non. Je pense que c’est bien comme ça.

Merci pour votre très beau message!

Toshiya: Les jeunes d’aujourd’hui ont la vie dure. S’ils font quelque chose qui sort un tant soit peu de l’ordinaire, ils se font critiquer. Je pense que c’est bien d’avoir plus d’individualité. Bien sûr, il est important d’être flexible et de s’adapter aux tendances. Mais je pense que c’est à vous de prendre vos propres décisions.

Eh bien, DIR EN GREY fêtera son 25e anniversaire cette année. Une fois encore, pouvez-vous nous dire comment vous envisagez l’avenir en tant que groupe?

Toshiya: Quand on regarde en arrière, les 25 ans sont passé en un clin d’œil, mais quand nous avons parcouru tout ce chemin, la première chose à laquelle nous pensons est « jusqu’où pouvons-nous aller? ». Nous voulons donc continuer à faire ce que nous voulons faire et ce que nous devons faire, et en même temps, nous sentons qu’après avoir fait cela pendant si longtemps, il ne s’agit plus seulement de nous. Nous avons commencé seulement tous les cinq, mais il y a des employés qui ont été impliqués, et des fans qui écoutent, regardent et acceptent notre musique. Quand on y pense, il ne s’agit pas seulement de nous. En comprenant cela, je pense que notre défi pour l’avenir est de savoir comment nous pouvons réaliser nos egos à notre manière. Pour faire ce que vous aimez, vous devez sacrifier quelque chose.

Enfin, qu’en est-il de vous en tant que bassiste?

Toshiya: Pour être honnête, je n’ai pas vraiment d’idée de ce à quoi je veux ressembler. Je veux juste m’en tenir au style qui me convient en ce moment. Mon style de basse pourrait donc changer à nouveau, ou plutôt, je pense que c’est bien si c’est le cas, tant que je suis satisfait de mon jeu, quel que soit le résultat. C’est tout.

https://bassmagazine.jp

Entretien Shinya x Mana

Un projet de dialogue de Mana sama, le fondateur du groupe de Visual kei légendaire MALICE MIZER, avec les membres de groupes qui étaient en activité à la même époque.
Cette fois, c’est Shinya de DIR EN GREY, connu comme étant un grand connaisseur de MALICE MIZER! Malgré la tension gênante du début, la distance entre les deux s’est progressivement réduite au cours de la conversation qui a duré une heure et demie. ……

– Cette fois c’est Shinya qui nous fait le plaisir de venir après l’invitation de Mana sama!

Mana: Oui, je le connais depuis très longtemps mais nous ne nous sommes jamais vraiment parlé. Cette fois je voudrais que nous discutions un peu.

Shinya: Merci. En effet, la première fois qu’on s’est rencontré c’était il y a 10 ans à peu près. Mais nous n’avons pas eu la chance de vraiment discuter.

Mana: Alors aujourd’hui je me suis dit que j’allais essayer de percer le mystère de Shinya kun.

Shinya: Oui.

Mana: Bien sûr, comme nous avons déjà un peu parlé, je sais à peu près ce qu’il aime comme musique, mais j’aimerais creuser un peu plus le sujet.

Shinya: …. Oui. (de la tension? de la peur? Il est un peu tendu) c’est un honneur.

– La première fois que vous vous êtes rencontré, comment était-ce?

Mana: Je crois que c’était au Liquidroom [salle de concert à Shibuya]

Shinya: Oh.

Mana: Ce n’est pas ça?

Shinya: Ca se pourrait.

Mana: Il n’y avait pas KAMIJO?

Shinya: En effet.

Mana: En tout cas c’était un live event organisé par Moi dix Mois. Je me demande s’il y avait Közi. Közi solo ou ZIZ.

Shinya: Il était là en solo je crois.

Mana: C’est à ce moment là qu’on s’est rencontré pour la première fois, et si je me souviens bien j’ai reçu un CD.

Shinya: Oui!

Mana: Une pochette noire…. c’était « UROBOROS » je crois.

Shinya: C’est ça c’est ça! Je suis content que vous vous en souveniez!

Mana: Mais à ce moment nous n’avons pas vraiment parlé.

Shinya: Oui. Nous n’avons pas du tout parlé.

Mana: J’ai juste pris le CD silencieusement… (sourire)

Shinya: Katuso san (le cousin de Mana sama) était là.

Mana: Ah… ah oui.

Shinya: Il m’a dit « pourquoi tu n’échangerais pas tes coordonnées avec lui! »

Mana: Oui, je crois qu’il l’a dit.

Shinya: J’étais content un bref instant puis avez dit « je ne fais pas ce genre de chose….. » (rire)

Mana: Hein? Vraiment? Donc on n’a pas échangé nos coordonnées?

Shinya: Non, on ne l’a pas fait (rire amer)

– Maintenant bien sûr vous pouvez vous contacter n’est-ce pas? C’est Mana sama en personne qui a contacté Shinya pour l’inviter aujourd’hui.

Mana: Je pensais qu’on avait échangé nos contacts au Liquidroom, donc quand l’avons nous fait?

Shinya: Il y a 5 ou 6 ans.

Mana: Mh? A quel moment?

Shinya: (ne répond pas à la question) ….. j’ai pu avoir votre Line, j’ai pensé « j’ai enfin réussi à aller aussi loin! » (sourire)

– Vous communiquez sur Line?

Shinya: Oui! Enfin, pour les choses importantes.

Mana: Ce n’est pas comme si nous le faisions tout le temps. Par exemple, je pense que c’était au SHIBUYA-AX, j’ai reçu un message disant « J’aimerais aller voir votre concert », ou « Il y aura une discussion sur Internet sur mon projet solo SERAPH, pourriez-vous le commenter? » Ce genre de choses.

Shinya: Oui

– Utilisez vous des émoji entre vous?

Mana: Est-ce que j’en utilise?…

Shinya: Non, vous n’utilisez pas d’émoji.

Mana: Ah bon?

Shinya: Mais vous avez déjà mis un stamp Snoopy (rire)

Mana: J’en utilise (héhéhé)

Shinya: Oui….

Mana: …….

Shinya: ……..

Mana: …………..

Shinya: ………………..

– Nous savons que Shinya est un grand fan de MALICE, quand avez-vous entendu parler de MALICE MIZER pour la première fois ? Pouvez-vous nous parler de ce moment?

Shinya: La première source sonore que j’ai achetée était « mémoire ».

Mana: Héé. Tu connais depuis aussi longtemps.

Shinya: Oui. Au début, dès que j’ai vu les photos officielles de MALICE MIZER j’ai immédiatement pensé « C’est vraiment cool! » et je m’y suis beaucoup intéressé. Mais c’était une époque où vous ne pouviez pas écouter les chansons immédiatement, même si ça vous intéressait, car ce n’était pas comme aujourd’hui où vous pouvez écouter instantanément en streaming. On ne pouvait pas écouter si on n’achetait pas le CD. Il y avait donc un moment qui passait entre le fait de voir les photos et le fait d’écouter réellement le son. Pendant ce laps de temps, j’imaginais la musique de MALICE MIZER tout seul dans ma tête.

Mana: C’est intéressant à faire.

Shinya: D’après les photos j’ai pensé que ce serait certainement ce genre de musique. Et, en fait, la première fois que j’ai écouté c’était « Speed of desperate » chez un ami.

Mana: Ooh.

Shinya: J’ai dit « c’est complètement différent de ce que je pensais!!!! » (rire)

Mana: Ah oui (rire)

Shinya: C’était différent de ce que j’imaginais.

Mana: Je me demande ce que tu imaginais?

Shinya: J’imaginais quelque chose comme AMADEUS.

Mana: …….. Ah.

Shinya: Le rythme est rapide et assez high tone.

Mana: Parce que « Speed of desperate » ne contient pas vraiment d’élément classique.

Shinya: C’est ça. Mais je suis immédiatement devenu accro « c’est trop classe!! ». J’ai directement acheté « mémoire DX » qui est sorti au même moment.

Mana: Ah bon.

Shinya: Oui.

Mana: Héé….

Shinya: ………….

Mana: Mh….

Shinya: ……………..

– Heu, vous êtes silencieux depuis un moment maintenant…… Vous êtes nerveux?

Shinya: Oui! Pour moi MALICE MIZER c’est Dieu!

Mana: Tu es nerveux?

Shinya: Oui, c’est terrible.

Mana: Alors je dois mener la conversation je suppose…. Je vois [Bah c’est toi qui invite hein XD] Alors, que faire…

Shinya: ……….. Ah. Je vais poser des questions!

Mana: Oh.

Shinya: Quand avez-vous entendu parler de DIR EN GREY pour la première fois?

Mana: Avec le battle of band avec LAREINE?

Shinya: On faisait déjà un battle of band avec LAREINE avec notre ancien groupe.

Mana: Ah d’accord.

Shinya: Notre ancien groupe était quasiment DIR EN GREY, il n’y a que le bassiste qui n’était pas le même.

Mana: J’ai déjà vu des photos de votre ancien groupe.

Shinya: A l’époque de l’ancien groupe nous tournions avec LAREINE.

Mana: Je pense que KAMIJO était déjà roadie pour MALICE MIZER à cette époque, c’est donc comme ça que j’ai connu DIR EN GREY.

Shinya: Donc vous nous connaissez depuis l’époque indies.

Mana: Oui. Les chansons sont complètement différentes maintenant par rapport à l’époque.

Shinya: Oui.

Mana: Lorsque Shinya kun m’a donné le CD « UROBOROS », c’était la première fois que j’écoutais sérieusement des chansons de DIR EN GREY, et je me suis dit : « Ils font quelque chose d’aussi compliqué! » J’ai été très surpris. Je me demandais comment ils arrivaient à se souvenir de tout ça.

Shinya: A cette époque nous visions la complexité.

Mana: Tu jouais de la batterie en te servant d’un métronome?

Shinya: Oui.

Mana: Le rythme est si unique qu’une fois que tu perds le fil tu es perdu.

Shinya: Si j’en manque un tout s’effondre.

Mana: N’est-ce pas. Je me souviens avoir pensé qu’ils jouaient bien. On dit que les chansons de MALICE MIZER aussi étaient assez compliquées, mais DIR c’était beaucoup plus compliqué que ça.

Shinya: Oui.

Mana: Hm.

Shinya: ……

Mana: …….

Shinya: (fixe le sol)

Mana: Ah oui.

Shinya: Oui?

Mana: Tu as dit que tu aimais AION n’est-ce pas?

Shinya: O, oui! J’aime AION!

Mana: C’est en parlant de ça qu’on a lancé la conversation.

Shinya: Oui.

Mana: Parmi les personnes qui lisent je pense qu’il y en a qui ne connaissent pas vraiment.

Shinya: C’est un groupe de metal du Kansai. C’est un groupe important, bien établi.

Mana: Tu as tout de suite écouté AION?

Shinya: J’ai commencé avec X.

Mana: Je vois. Tu as connu AION par rapport à X. Depuis combien de temps tu écoutes AION?

Shinya: J’ai commencé à les écouter en 1991 quand Saburi Jun (le batteur S.A.B) allait partir. C’était à peu près à l’époque du deuxième album major.

Mana: Oui oui.

Shinya: Mana san, pour vous c’est la période « HUMAN GREIFMAN »?

Mana: Plutôt « HANG ON NIGHT ».

Shinya: C’est vraiment à leurs débuts! A l’époque des vinyles!

Mana: C’est ça. C’était au lycée? Je les écoutais.

Shinya: Où les avez-vous connus?

Mana: Dans le Rockin’f [un magazine]. J’ai acheté le vinyle mais j’ai préféré la face B « BLOODY » à la face A « HANG ON NIGHT ».

Shinya: Oui oui.

Mana: BLOODY est très rapide. La basse aussi est très [tremblante?]. J’ai été choqué par la rapidité. Puis, après avoir obtenu mon diplôme d’études secondaires, j’ai voulu quitter Hiroshima et aller à Osaka.

Shinya: Pour faire un groupe?

Mana: Eh bien, je me disais: est-ce que j’en fais… je pourrais en faire. Je n’avais rien décidé de concret. Mais j’ai pensé aller à Osaka pour voir les groupes dont j’avais lu des articles dans Rockin’ f et d’autres magazines à l’époque. Je suis donc allé à Osaka et je suis allé dans des livehouse. Quand je les écoutais chez moi je me disais « Est-ce que AION joue vraiment « BLOODY » super rapidement? ». J’avais des doutes, mais quand je les ai vus en concert, ils l’ont vraiment fait.

Shinya: (rire)

Mana: Je regardais en pensant « énorme! »

Shinya: (rire)

Mana: En fait, plus tard j’ai eu la chance de rencontrer DEAN de AION.

Shinya: Héé!

Mana: J’ai pu lui dire ce que je pensais à ce moment là.

Shinya: Héé! Quand l’avez-vous rencontré?

Mana: Il y a 4 ou 5 ans.

Shinya: C’est très récent! Vous n’aviez jamais rencontré les membres d’AION avant ça?

Mana: Jamais. Il y a 4 ou 5 ans, Seth de Moi dix Mois est venu me voir et m’a dit « DEAN veut venir nous voir en concert ». J’ai tout de suite accepté. Et il est vraiment venu.

Shinya: Héé!

Mana: Et quand j’ai parlé avec passion de ce que j’avais pensé quand j’étais gamin du jeu de basse dans BLOODY, DEAN a dit « Ooh! »…….

Shinya: DEAN est vraiment une bonne personne.

Mana: Il était gentil. Mh.

https://lounge.dmm.com

Toshiya Bass magazine

1: Quel est l’album qui a influencé votre jeu de basse?
Toshiya: Deftones – Saturday Night Wrist (2016)

2. Quand et comment avez vous écouté cet album pour la première fois?
Toshiya: J’ai écouté quelques chansons qui ont été jouées pendant le Family Values Tour en 2006

3: Quelle partie de cet album vous a influencé?
Toshiya: Le premier bassiste qui jouait aux doigts que j’ai trouvé cool était Chi Cheng, tout chez lui me fascinait.

4. La ligne de basse qui vous a spécialement impressionné venait de quelle partie de quelle chanson?
Toshiya: « Hole In The Heart »

5. Laquelle de vos propres compositions/jeu de basse a été la plus influencé par cette chanson/ce bassiste?
Toshiya: DOZING GREEN

6. Quel est le premier morceau de musique que vous avez écouté en 2021 et qui vous a impressionné par son jeu de basse ? (album/chanson, nouvelle version/ancienne version, peu importe) Dites nous ce qui vous a intéressé.
Toshiya: Jusqu’à présent, rien de particulier.

https://bassmagazine.jp

Interview Kaoru x Toshiya Rolling Stone

– Tout d’abord veuillez nous donner des détails par rapport à la sortie pendant cette période.

Kaoru: Ca faisait longtemps qu’on se demandait si on allait faire une sortie pendant cette période. Mais au bureau on nous a demandé si nous pouvions faire une sortie plus vite (rire).

– La chanson venait d’être écrite?

Kaoru: On a choisi une chanson qu’on avait en stock.

– Comment l’avez-vous choisie? Vous êtes-vous consultés avec les membres?

Kaoru: Nous nous sommes dit que ça serait bien d’avoir une ballade cette fois, une chanson mélodieuse. Donc on a choisi parmi les chansons qu’on avait.

Toshiya: En effet. On s’est dit qu’une chanson mélodieuse serait bien, on a choisi dans le stock, on s’est concerté avec tout le monde et nous avons trouvé qu’Oboro était la meilleure. Personnellement j’ai pensé que cette chanson pourrait être un single et qu’on pourrait la garder de côté pour l’album. J’ai pensé qu’en l’incluant dans l’album elle pourrait devenir la chanson phare.

Kaoru: Il n’y a pas eu de ballade en single dernièrement. Il y en a eu il y a pas mal de temps déjà. Donc on s’est dit que ça serait bien de le faire.

– C’est très rafraichissant pour DIR EN GREY de sortir un single sous forme de ballade, aussi l’arrangement…

Kaoru: Est simple. C’est extrêmement simple mais ça a pris du temps pour en arriver à ça.

– Vous vouliez augmenter le nombre de notes?

Kaoru: Non. Plutôt que le faire de façon désordonnée, c’était comme si on se fixait du regard. Il a fallu beaucoup de temps pour décider de la façon de procéder et du flux général pour la forme finale.

– DIR EN GREY a une forte image de groupe live, jusqu’à maintenant c’était une sortie, une tournée, une sortie, une tournée, maintenant même si les sorties ne se sont pas arrêtées, il n’y a plus de tournée à cause du corona. Quel est l’état du groupe?

Toshiya: Je pense que la partie que le groupe explore depuis que nous ne pouvons plus faire de live est grande. Mais personnellement je pense que c’est quelque part derrière moi. Le groupe veut bouger mais ne peut pas. Même si j’y pense je ne peux rien faire, ça ne veut pas dire que j’arrête d’y penser mais je l’ai mis quelque part derrière moi. En fait je n’ai pas d’autre choix que de faire ça.

– Rien ne nait même si vous continuez d’y penser.

Toshiya: C’est ça. Même si on compose et fait la pré production, la situation reste la même, ça a juste l’air bien sur le papier. C’est un peu étrange n’est-ce pas? Il n’y a pas eu de solution jusqu’à présent mais le processus pour avancer à changé. Nous avions une routine qui consistait à faire des lives tout en composant, encore composer et faire des lives mais tout n’a pas été bloqué. Nous continuons comme d’habitude mais quelque chose à changé quelque part. Aussi, peut-être que cette période restera comme ça à partir de maintenant. Je pense que je n’ai pas le choix que de m’adapter. Même si je pense comme avant, ça ne sera plus comme avant, peut-être qu’il faut que je laisse ça derrière moi.

– Est-ce que la production a changé à cause du manque de live? On dit souvent qu’une chanson grandit en étant jouée en live, mais en faisant une chanson qui est difficile à imaginer en live, l’image de la chanson ou sa construction, sa profondeur au moment où vous la composez peut-elle changer?

Kaoru: Même si je compose, c’est différent par rapport à d’habitude. Pour le dire d’une autre manière, c’est une période particulière donc c’est peut-être une chanson qu’on ne peut faire que maintenant. Mais, ça ne serait pas bien si on pouvait créer quelque chose d’intéressant dans ce cas? Même en y réfléchissant je ne sais pas. Jusqu’à présent les tournées avaient une grande influence. Elles fixaient la limite de production. C’est pourquoi il y a eu un changement, maintenant nous avons un temps illimité. Honnêtement si je ne reste pas concentré ça devient confus. Me donner un coup de pied aux fesses, me pousser et montrer ma force à été important (rire)

– Par rapport au temps de production illimité, qu’en est-il pour vous Toshiya?

Toshiya: J’en suis reconnaissant. Mais même si je veux l’utiliser autant que possible, il y a aussi des moments de paresse donc si ça a un bon côté, ça a un mauvais côté également. Je le dis honnêtement.

– Quel est le bon côté à propos de cet enregistrement? Avez-vous essayé de nouvelles choses?

Toshiya: Finalement à la fin je manquais de temps (rire). Mais cette fois j’ai senti que j’avais plus de marge en moi. C’est pourquoi j’y ai pensé de différentes manières. J’ai pensé est-ce que les gens vont l’écouter si on la sort? Si c’est une sortie numérique, est-ce bien de la sortir maintenant ou pas? Ne serait-ce pas mieux quand ça se sera calmé avec le corona? Même si on attend, quand je me demande quand ce jour arrivera je me dis que nous n’avons pas le choix. Si ce jour ne vient pas, nous devrons le créer. Plutôt que m’inquiéter, j’ai pensé que si cette chanson était terminée et qu’elle avait un bon feeling nous devrions la sortir.

– Créer ce jour est sans aucun doute quelque chose d’important.

Toshiya: Les personnes du monde entier endurent en ce moment, ça ne veut pas dire qu’elles attendront indéfiniment. Mais, personnellement, même si j’attends je ne pense pas que ça redeviendra comme avant. Dans ce cas je pense que c’est plus constructif de réfléchir à un moyen d’avancer dans cette situation. C’est ce que je fais personnellement, ou c’est ce que j’essaye de faire.

– En vous écoutant ça me fait penser à la pièce de théâtre de Samuel Beckett « En attendant Godot ». Les deux personnages principaux attendent Mr. Godot mais ils ne savent pas qui il est ni s’il existe réellement. Mais ils pensent qu’il viendra et l’attendent.

Toshiya: Tout le monde, moi y compris, est en train d’attendre. Mais quand je me dis « mais qu’est-ce j’attends? » la réponse est seulement « ce moment [d’avant] » n’est-ce pas? Mais honnêtement je ne pense pas qu’on y reviendra. Parce que ça a déjà changé. Si c’est le cas je vais avancer. J’arrête d’attendre, ça me fait un peu peur mais je pense que je dois faire un pas en avant.

Kaoru: Je ressens la même chose.

– On a dit qu’Oboro était la suite d’une certaine chanson. Les paroles sont du chanteur, Kyo, se suivent-elles?

Kaoru: J’ai entendu ça mais je ne l’ai pas spécialement remarqué. Le rythme et le tempo d’Oboro sont similaire à cette chanson donc peut-être que ça l’a poussé par là et qu’il a écrit ce genre de paroles. Je ne l’avais pas remarqué après avoir entendu le chant.

Toshiya: Moi non plus je ne l’avais pas du tout remarqué. Je me suis dis « c’est peut-être ça ».

– D’ailleurs, d’après ce que Toshiya a dit, Oboro pourrait-être la chanson principale du prochain album…

Toshiya: Seulement en tant que source sonore. Je vais un peu plus loin mais, maintenant il y a des possibilités infinies y compris pour les lives. Donc je pense que c’est bien si des chansons existent en tant que source sonore, au contraire, des chansons qui ne sont faites que pour les lives c’est bien aussi. En d’autres termes, à partir de maintenant ce qui est plus important que jamais c’est la manière d’ajouter de la valeur.

Kaoru: C’est bien les chansons qu’on ne peut faire qu’en live.

Toshiya: Si on ne peut les faire qu’à ce moment, on pourrait se dire « je veux aller à un live » non? Je réfléchi à comment y lier une telle valeur ajoutée. Je veux faire un live mais je ne peux pas, et faire un live ordinaire ne sera certainement pas amusant.

– Honnêtement ça a l’air compliqué de diffuser en streaming un live ordinaire.

Kaoru: Seule la retransmission est compliquée. En ce sens, les chansons dont parle Toshiya, celles qui ne peuvent être jouées qu’en live, c’est à dire les chansons qui ne peuvent pas être utilisées en source sonore sont intéressantes.

Toshiya: Je ne sais pas. Je ne fais qu’y penser (rire)

Kaoru: Il y en a peut-être pas mal… « C’est lesquelles ces chansons? ». Aussi personne ne mentionne les chansons dont il s’agit dans les interviews (rire).

Toshiya: Hahaha.

Kaoru: Les fans se demandent « Hein? Quelles chansons? » ils ne connaissent pas les titres. Même dans la setlist il n’y a pas les titres.

Toshiya: Pas seulement les sources sonores, pour la mise en scène aussi peu importe. C’est ce que je me suis dis récemment. Il y a longtemps les CD de DIR EN GREY étaient très ludiques. Récemment je me suis dis « ah, c’est assez ordinaire ». Mais si nous continuons à sortir des CD nous voulons faire quelque chose d’amusant. Dans les anciens CD de DIR EN GREY on doit chercher où ont été placées les paroles. Quand j’y pense maintenant je me dis que c’était une mauvaise blague, mais c’était étonnamment amusant.

– Qu’en pensez-vous leader? (rire)

Kaoru: Je mets beaucoup de choses dans le son (rire)

– Ce que dit Toshiya « les mauvaises blagues était une idée originale », avant de le voir vous vous faites engloutir par la normalité. Je pense que l’expression est cette bataille, à l’ère d’internet la vitesse à laquelle on se fait engloutir accélère. Donc même si on s’est fait engloutir il est important de continuer à se battre en étant conscient que « je ne suis pas comme ça ».

Kaoru: C’est exactement ce que je fais. Je ne pense pas du tout avoir d’intuition. Même si je ne peux pas faire de chanson, j’ai l’impression de ne le faire qu’avec un esprit de rivalité.

– Vous ne voulez pas faire des choses banales, ou plutôt vous voulez faire quelque chose qui n’a jamais été fait?

Kaoru: Je voudrais mais ça prend du temps. En parlant de « trucs » il y en a beaucoup dans « Oboro ».

– Quel genre de trucs, citez nous-en quelques uns.

Kaoru: Ce n’est pas intéressant si je le dis (rire). Il y a beaucoup de sons qu’on n’entend pas. Il y a beaucoup de sons que vous pouvez ressentir. Et je pense en inclure beaucoup dans le prochain album.

– Il y a une chose que je voudrais demander à propos du live. Je pense qu’en ce moment le sens des valeurs est en conflit. Même si vous faites un live certains fans diront « ne faites pas de live maintenant » et d’autres diront « merci d’avoir fait un live maintenant ».

Kaoru: C’est compliqué n’est-ce pas. Aucun des deux n’a tort. Cependant, en tant que groupe nous n’arrêterons pas d’avancer. Donc si les conditions le permettent nous ferons un live. C’est pourquoi je pense que beaucoup de gens diront « ah ils font un live à un tel moment. Leur point de vue à changé. ». Eh bien, je pense que ça se passe aussi dans d’autres groupes.

– C’est vrai. Dans chaque groupe une partie veut des lives et une autre veut arrêter, comment trouver un compromis…?

Kaoru: Je pense qu’on ne retournera pas à la normale avant un moment. Si quelqu’un dit « Ce n’était rien! » ça pourrait changer, mais ça n’arrivera pas. Je pense que ce sera difficile à moins que le nombre d’infectés ne baisse. Parce qu’à Taiwan où le nombre d’infectés à baissé il y a même des festivals.

Toshiya: Nous suivons une méthode incertaine mais parce que ça vient du gouvernement n’est-ce pas douteux? C’est ce que je pense. Ce qui influence les gens, comme l’a dit Kaoru, c’est le nombre d’infectés. Le seul moyen de réduire ce nombre et d’être radical. Si on confine tout comme au Royaume Unis, on subira d’énorme dégâts sur le plan financier. Beaucoup de personnes se retrouveront sans argent. C’est extrême mais, à moins d’avoir une forte volonté, on continue doucement comme ça, le nombre d’infectés baisse « ah, ça a baissé, donc c’est bon » et le nombre remontera surement à nouveau. Ca se répète. Si on ne l’arrête pas quelque part je crains que ça ne se répète continuellement.

[Pour faire un petit point sur la situation au Japon, même s’ils ont l’habitude de porter le masque, les restaurants sont ouverts et plein à craquer, le gouvernement incite les gens à voyager, la campagne de vaccination n’a pas encore commencé (officiellement si, mais ils font n’importe quoi, l’organisation est terrible), il y a souvent des attroupements, ils mettent en place l’état d’urgence sanitaire entre deux campagnes « go to travel ». Sans compter la tenue des Jeux olympiques, toutes les décisions du gouvernement sont une catastrophe.]

Kaoru: Tokyo est sous état d’urgence pour la 3ème fois mais j’aimerais qu’ils arrêtent de confiner d’un coup. C’est vraiment difficile quand on n’a pas plus de temps pour se préparer.

Toshiya: Par rapport à cet état d’urgence, nous obéirons, nous n’avons pas le choix. Mais pour le faire, je veux quelque chose qui nous fasse espérer. J’ai l’impression qu’on nous a soudainement prit du temps.

– On veut de l’espoir n’est-ce pas. Cela étant dit, la musique de DIR EN GREY nous fait toujours voir la lumière au final. Mais dans la situation actuelle on ne voit pas la lumière. Je ne pense pas que quelqu’un d’autre que Kyo puisse comprendre le sens des mots mais je me demande ce que signifie « Oboro ». Est-ce que Oboro [brumeux, vague] représente la période actuelle où tout est vague / obscure? Comment l’interprétez-vous?

Toshiya: Je pense que c’est l’obscurité avant que la lumière n’apparaisse. Avant que les gens ne perdent le courage de faire de leur mieux jusqu’à ce qu’ils soient complètement couverts de brouillard.

– Les humains ne sont pas si forts. S’il y avait de l’espoir, qu’est-ce que ce serait? Quel genre d’espoir voyez-vous?

Toshiya: Le plus gros espoir serait que le corona se termine. Mais avant ça je veux sortir correctement « Oboro ». Certains magasins de CD sont fermés en raison de l’état d’urgence, donc même en commandant certains personnes ne pourront pas l’avoir le jour de la sortie. Donc j’espère qu’Oboro arrivera chez toutes les personnes qui ont commandé.

– Quel est votre Oboro Kaoru?

Kaoru: Ils sont tous intéressants. Peu importe la situation, c’est quelque chose qu’on ne peut faire que maintenant. Il n’y a que maintenant qu’on peut s’exprimer de cette façon. Bien sûr le groupe va continuer, j’écrirai des chansons, mais je pense que ce serait bien si nous pouvions exprimer quelque chose qui ne peut être fait que maintenant, ou quelque chose d’intéressant.

– Il n’en reste pas moins qu’Oboro est un excellent titre.

Toshiya: C’est le cas quand on y pense maintenant. On peut l’interpréter comme cette situation confuse, on peut également la voir comme une faible lumière dans cette situation.

Kaoru: Je voudrais que vous l’écoutiez et que vous la ressentiez.

https://rollingstonejapan.com

Kaoru Tokyo Sports

Le groupe de rock de renommée mondiale « DIR EN GREY » a sorti son 32e nouveau single « Oboro » fin avril. Le groupe a une image violente, mais « Oboro » est une ballade. Kaoru, le leader qui a répondu à l’interview, a parlé avec enthousiasme de l’objectif de faire de la chanson l’exacte opposé de l’image que reflète le groupe, et de ce qu’il ressent par rapport au concert avec public qui a été reporté en raison de l’état d’urgence.

« Oboro » est la première nouvelle chanson en huit mois depuis le single précédent « Ochita Koto no Aru Sora », sortie numériquement en août de l’année dernière.

Kaoru: « Le single précédent est sorti pendant le corona et nous ne savions pas s’il pouvait être mis en vente dans les magasins ou quelle serait la situation, alors nous avons décidé de le sortir en version digitale. Cette fois nous pensions le sortir en version physique, un retour à la normale, mais en raison de l’état d’urgence les magasins sont fermés » a-t-il déclaré avec un sourire amer.

Le groupe a une image de son violent, mais « Oboro » au contraire est une ballade.

« Je me demandais juste si une chanson mélodieuse et facile à écouter pour les auditeurs serait bien à cette période. Les commentaires sur le chant de Kyo ont aussi joué. Kyo a participé il y a longtemps à l’album de SUGIZO de LUNA SEA. La chanson à ce moment était aussi une ballade, les fans de SUGIZO étaient surpris « Il peut chanter ce genre de chanson ». Notre groupe a juste une image violente, donc nous montrons que nous pouvons aussi faire des ballades comme ça. « 

Il a aussi révélé certains points en particulier: « Si on la joue normalement ça peut être ce qu’on appelle une « power ballade » ou « rock ballade » mais ce n’est pas suffisant. L’important est de savoir si nous pouvons sortir un aspect ou une composition qui nous est unique ».

La réaction au chant d’une ballade est également importante.

« Les fans nous connaissent très bien, et ils connaissent aussi cette partie de nous. Donc, pour ceux qui ne connaissent pas encore cette partie, nous voulons transmettre sur les réseaux sociaux « DIR c’est aussi des chansons comme celle-ci. Vous pouvez voir les bons aspects du groupe avec ce genre de chanson. « 

Le 6 de ce mois, un concert avec public était prévu au Tokyo Garden Theatre pour la première fois en un an et trois mois depuis le concert à Paris, en France en février dernier, mais la déclaration d’état d’urgence a été annoncée et le concert a été annulé. De nombreux groupes ont été touchés par l’incident du corona, et DIR ne fait pas exception.

« On ne veut pas nous laisser faire de concert (sourire amer). C’est dommage car j’attendais ça avec impatience. Je me demandais ce que ça ferait de faire un concert dans une telle situation. Quel genre d’ambiance il y aurait. C’est quelque chose qui ne peut être expérimenté que dans de tels moments. Mais c’est vrai, on ne peut pas faire de concert pendant la Golden Week », a plaisanté Kaoru, mais bien sûr il y a un sentiment de crise.

Le live a finalement été reporté au 5 juin. Cependant, l’état d’urgence a été prolongé jusqu’à la fin de ce mois. La préfecture de Tokyo a annoncé que les théâtres et les événements peuvent avoir lieu du 12 au 31, sous réserve d’heures de travail raccourcies et d’un nombre limité de personnes, mais en fonction de la situation des personnes infectées il est possible que le concert soit à nouveau reporté.

Kaoru: « Si on nous l’empêche à ce point, les groupes vont jouer malgré l’interdiction. Nous ne pouvons plus attendre. Je ne sais pas si c’est une bonne chose, et je ne sais pas ce que ça va donner. Je pense qu’il y aura un groupe qui recommencera à faire des concerts. »

Enfin, Kaoru a laissé un message aux auditeurs qui ont expérimenté la musique de DIR pour la première fois: « Le clip est violent, mais DIR a aussi ce genre de ballade. Je veux vraiment que vous l’écoutiez. »

https://www.tokyo-sports.co.jp

Interview Die x Toshiya Spice

– Cette interview a lieu lors du dernier concert sur écran du Meguro RockmayKan GIG, même s’il n’y avait pas de public, cette performance au RockmayKan a été une étape qui a pu rassembler le son avec le groupe pour la première fois depuis longtemps.

Die: En effet. Sans public certaines choses étaient difficiles à faire, il n’y avait pas de limite pendant l’enregistrement, mais le fait de pouvoir se réunir après tout ce temps et faire un son avec le groupe, ça m’a touché émotionnellement. Mais c’est vraiment difficile quand on ne peut pas le voir. L’année dernière nous avions aussi fait un live sans public mais c’était la première fois, l’heure avait été fixée donc j’étais nerveux. Par rapport à ça, cette fois c’était différent de la première performance live sans public.

– Comment était le live du RockmayKan pour vous Toshiya?

Toshiya: Avant tout, je pense que c’est ce qu’il y avait de mieux, de pouvoir montrer le mouvement de DIR EN GREY. Quand il s’agit de faire correspondre les sons… pour y mettre des mots, je pense que « heureux » et « amusants » sont les mots appropriés.

– Aah, c’était comme un retour aux origines du groupe.

Toshiya: C’est ça. Quand nous avons crée un son tous les cinq la première fois c’était intéressant, amusant, c’était très excitant. Ce n’est pas une paralysie / état de stupeur, mais je pense que c’était vraiment une sensation naturelle. Essayer de le faire dans cette situation spéciale avec le corona, c’est comme la première fois que nous avons joué ensemble…. j’ai pensé à nouveau « c’est bien ça / c’est vraiment ça ».

– Côté fraicheur, c’était aussi l’occasion de jouer Ochita Koto no Aru Sora en live pour la première fois.

Toshiya: Oui. C’était différent de quand je la joue avec les écouteurs, j’ai ressenti que le rythme s’accordait dans une atmosphère où l’air tremblait.

Die: En fait j’ai senti que c’était une chanson qui se familiarisait facilement avec mon corps et je jouais en sentant que si nous faisions une tournée je pourrais la jouer avec de plus en plus de groove.

– En plus des dernières chansons il y a eu quelques chansons nostalgiques qui correspondent bien au RockmayKan, mais Jealous a particulièrement surpris. De plus ce n’était pas la version « reverse », c’était l’originale.

Die: Hahaha. Eh bien, nous avions déjà joués des chansons du passé dans les « mode of » donc s’il y a des chansons qu’on peut encore faire… Mais le tempo des chansons à l’époque était trop différent de maintenant, c’était compliqué (rire). C’est facile mais j’ai l’impression de jouer la chanson d’un autre groupe.

Toshiya: Concernant Jealous, nous avions l’intention de la jouer pendant la tournée « Sogai » qui a été annulée.

– Je ne pensais pas l’entendre à ce moment là, j’ai eu l’impression de ne pas l’avoir écoutée depuis longtemps, c’était Jealous avec plus d’ajustements.

Die: Héhéhé.

Toshiya: Bien, je pense que c’est juste. On n’écoute pas de métronome dans les anciennes chansons, donc si quelqu’un accélère [Die], tout le monde accélère pour suivre, si quelqu’un réajuste [Kaoru], tout le monde réajuste. En ce sens on avait beaucoup de liberté, mais comme les chansons des dernières années sont accompagnées du métronome, nous avons essayé de l’utiliser pour jouer Jealous. Donc je pense que ça avait une impression plus ferme.

Die: Eh bien, je pense qu’on aurait dû la faire plus librement. Comme avant, sans métronome, on dit que le tempo est déterminé par la sensation de la salle… A l’époque on la jouait tous trop vite, j’aurais aimé pouvoir la jouer de cette façon cette fois aussi.

Toshiya: Oui, je pense que cette forme est bien aussi. Si on en a l’opportunité ça serait bien de la faire dans un degré aussi haut de liberté. Eh bien, il y aussi des biorythmes dans le groupe de temps en temps, si les membres jouent simplement à ce moment-là, de façon confortable, je pense que les fans qui écoutent naturellement se sentent également à l’aise.

– Je vois. Vous aviez dit que vous étiez en train de composer pour le nouvel album, à un stade vraiment précoce de l’épidémie de corona vous travailliez sur « Ochita Koto no Aru Sora » votre état d’esprit a t-il changé?

Die: Pour moi, je ne pense pas que ça a changé. Depuis le début mon esprit est dirigé vers l’album. Cette fois on sort un single mais je travaille sur l’arrangement d’autres chansons en parallèle donc le mode est fondamentalement le même. Nous n’avons pas pu nous produire en live depuis l’année dernière à cause du corona mais ça ne veut pas dire que ma méthode de production a changé, le fait de le faire à distance n’a pas changé non plus.

– Et pour vous Toshiya?

Toshiya: Personnellement, il y a eu pas mal de changements pendant cette période. La situation mondiale a changé à cause du corona et je me suis demandé si nous pouvions sortir nos compositions et les faire écouter. Je veux faire des lives mais je ne peux pas, comment dire, c’est un peu… c’est ce que je pense personnellement mais, j’ai commencé à ne plus vraiment comprendre à quoi sert le groupe. C’est une chose importante pour moi de penser comme ça. Bon, maintenant, je sens que je n’ai pas le choix que d’aller de l’avant, je n’ai pas le choix que de faire avec. J’ai réfléchi à un endroit où fixer mes objectifs avant d’en arriver à penser ça.

– Vous parlez de maintenant après avoir traversé une telle période? Vôtre état d’esprit s’est t-il amélioré au fur et à mesure que les chansons de l’album prenaient forme?

Toshiya: Je ne vois pas encore l’objectif mais je travaille sur la préproduction avec le groupe donc tout le monde a écouté les chansons de chacun, pour moi c’était très intéressant.

– Ooh, c’est intéressant?

Toshiya: Oui. C’est complètement différent de ce que je fais moi-même, quand je passe à travers le filtre de chaque membre il y a de multiples facettes et je pense que c’est très intéressant. Je ne vois pas les membres et n’interagis pas avec eux mais quand j’écoute les sons je ressens l’espoir « aah, je suis sûr que pour la suite nous pourrons créer quelque chose au delà de notre imagination ». Peut-être que les autres membres ont aussi cet espoir, ou rafraichissent leur état d’esprit « Nous devons faire de notre mieux pour DIR EN GREY ».

Die: Eh bien, quand je travaille sur les chansons de l’album, comment dire… comme l’a dit Toshiya, je vois de l’espoir, nous ne pouvons pas faire de live mais nous avançons. J’y sens de l’espoir.

– Le fait que vous ayez dû travailler sur l’album pendant la catastrophe du corona a-t-il eu un effet positif sur votre mental?

Die: En fait, le groupe avance, on fait des tournées et des compositions continuellement, c’est un cycle, et depuis un moment il en manque un. Je ne ressens pas la tension… je travaille sur le nouvel album en pensant « on ne peut rien faire donc on n’a pas le choix », et je continue en espérant pouvoir refaire une tournée.

– En vous concentrant sur la production dans cette situation, ressentez-vous une réaction à ce qui est en train de naître?

Toshiya: Bien sûr il y a une réaction mais je me demande si je devrais regrouper tous les sentiments actuels ou pas… je n’ai pas encore trouvé de facteur décisifs. [Puis il fait une référence au baseball en disant qu’il a eu son nombre de lancés mais je n’ai pas bien compris.]

Die: A cause des circonstances les obstacles augmentent. On est à chaque fois à la limite (rire)

– Hahaha, vraiment?

Die: Oui. C’est toujours comme ça, Si je trouve un mot clé ou un indice pour la prochaine production je serais guidé vers différentes chansons. Maintenant il faut encore travailler pour le trouver. Je ne peux pas l’expliquer concrètement mais quand je l’ai trouvé je peux changer de vitesse, ce sera plus facile de trouver la direction. En ce moment je suis en pleine exploration, je n’ai pas encore trouvé. Il y aura un moment où en plein chemin je me dirais « cette atmosphère », à ce moment ce sera plus facile d’avancer. Il n’y a pas d’autre choix que d’explorer profondément.

– Je pense que la chanson dont on peut connaître l’ampleur de l’album est le nouveau single « Oboro ». Au moment de cette interview le clip de 15 secondes est sorti…. wow, c’est puissant!

Toshiya: Héhé.

Die: (sourit) L’idée du clip est venue de Kyo [étonnant] et tout le monde a travaillé en fonction mais, eh bien, ce n’était pas faisable sans nous. Ca fait 24 ans depuis la formation du groupe, nos challenges apparaissent en faisant ce genre de choses, on ne peux pas se reposer sur nos lauriers.

– Oui, c’est un groupe qui ne connait pas le repos, qui ne se calme pas dans le bon sens du terme.

Die: C’est ça. Pendant le tournage du clip j’ai un peu parlé avec Kyo et c’était comme « je me demande si c’est toujours tranchant [?] ». Je pense que ça pourrait être montré correctement dans un clip où on joue seulement tous les cinq, ça peut être fait dans une forme simple, mais DIR EN GREY ce n’est pas seulement ça, nous avons besoin de le briser de plus en plus. Ce clip m’a rappelé l’atmosphère de nos débuts, j’avais l’impression d’être toujours agressif.

– A une époque où tout doit être conforme, en effet on peut vous faire confiance.

Die: Haha. Il y a des parties qu’on ne pourra pas voir à la télé (rire).

– Certainement (rire).

Toshiya: Je pense aussi que c’est DIR EN GREY, la scène dont on a parlé avec uniquement les cinq membres qui jouent c’est également DIR EN GREY. Personnellement idéalement, la prochaine fois je voudrais aller à un endroit qui n’est pas ici. Je ne sais pas encore ce que c’est, concernant ce qu’on va faire, mais je pense que moi et les membres du groupe allons nous creuser la tête. Cependant, s’il reste une forme, je voudrais créer quelque chose de nouveau.

– Un des styles du clip est que vous voulez être un groupe qui peut aller n’importe où.

Toshiya: En effet. Par exemple, DIR EN GREY est grotesque / dégoutant n’est-ce pas? DIR EN GREY est lourd, difficile, intense n’est-ce pas? C’est comme ça qu’on peut le percevoir, mais si on veut surprendre nous devons garder un jeu de jambe léger pour pouvoir aller n’importe où. Certainement ce qui a sauté par dessus ces limites, peut-être… peut-être est-ce ce que recherchent les cinq membres.

– Si c’est maintenant le moment de pulvériser vos 24 années d’activité, c’est une force.

Toshiya: Oui, c’est ce que je pense.

– « Oboro » est une ballade qui a une puissance et un lyrisme propre à DIR EN GREY, même si elle contient des sons autres que les sons du groupe, chaque partie à un pouvoir de persuasion, on sent que le point clé a été conçu pour écouter le chant et la musique en direct. Pour l’arrangement du groupe, c’était un simple travail de « grattage » [?] ?

Die: La forme est plus simple maintenant par rapport à avant donc je me suis concentré sur la façon de rendre le son plus convaincu plutôt que d’en rajouter. J’avais ce genre d’image donc j’ai évité autant que possible de rajouter des sons, je me suis dirigé vers un son plus « aiguisé ». Ce ne sont pas les bons mots mais j’aborde l’arrangement comme si j’entrais en compétition avec.

– Il semble que vous ayez utilisé une Fender Jazzmaster pour l’enregistrement, ce choix est-il dû à ce dont vous venez de parler?

Die: En effet. La partie de chord stroke est faite avec cette guitare, je suis entré en compétition avec ce ton. Quand j’ai utilisé ce genre de chord work après un long moment c’était simple mais il y avait comme un sentiment de fraîcheur. Ca a vraiment résonné en moi, quand j’ai écouté j’ai simplement pensé « aah c’est bien » (rire).

– Hahaha, c’est bien. Ressentir le groupe pur / vrai est-il un point crucial pour vous?

Die: Eh bien, oui. Ce qu’on appelle le point accrocheur d’une chanson, je n’ai pas simplement recouvert le fond avec des notes graves, j’ai également relevé un nouveau défi pour obtenir une meilleure vue.

– Je vois. De plus, la partie de la basse est une phrase basique mais c’est une approche qui fait ressortir chaque note, y compris le ton.

Toshiya: Concernant Oboro je pensais simplement qu’une image dynamique correspondrait plus, je voulais entendre chaque son correctement sans en faire trop. Il y avait trop de choses que nous voulions faire absolument, je veux ajouter ceci, je veux ajouter cela, nous pouvions faire un mur de sons mais à cause de ça je ne pouvais pas entendre le son que je voulais entendre. J’ai resserré les points essentiels, tout en permettant de pouvoir écouter chaque point que je voulais écouter. [J’ai du mal à saisir la suite de la phrase]

– En conséquence ça sonne avec une image sonore « fat » qui a une forte présence.

Toshiya: C’est ça. A la fin, la partie où on peut entendre le son de la basse seule à une image assez déformée mais ce ton est partout, ça résonne avec une distorsion assez forte. Mais quand chaque son se chevauche la sensation de grave devient plus perceptible que la distorsion. Normalement, quand c’est déformé ça a tendance à s’effondrer pendant un ensemble [une harmonie entre les musiciens] non? Cependant, comme je l’ai dit plus tôt, chacun de nous réfléchi à la façon dont il veut entendre son propre son et même s’il est très déformé, le son a une forte présence. Je pense que j’ai pu correctement le faire sur ce point cette fois.

– Donc, même quand vous assemblez tous les instruments, l’objectif principal est de savoir si on peut écouter le chant?

Toshiya: Oui, ici il y aura le chant. Après tout c’est basé sur le chant. Mais je pense que le son du groupe ne s’écrase pas [ne s’efface pas].

Die: La base de toutes les chansons (sans le chant) part de l’orchestre. A ce stade je ne sais pas du tout quel genre de chanson ce sera, une fois qu’on a l’approche du chant je remplace par un accompagnement qui tire la meilleure partie du chant. Donc j’essaye toujours de garder en tête comme faire ressortir le chant.

– J’ai hâte d’entendre Oboro en live, mais plus récemment, le concert au Tokyo Garden « Sogai » le 06 mai a été annoncé. Après avoir annulé la tournée et la performance au Pia Arena MM prévus l’année dernière, est-ce parce que vous pouvez voir la forme que le groupe devrait présenter dans cette situation?
(Le report du concert « Sogai » a été annoncé le 23 avril)

Toshiya: Nous avons beaucoup discuté avec les membres et le staff, plutôt que de dire « on ne peut pas le faire parce qu’on ne peut pas » c’était « on ne fera rien si on ne fait rien ». Bien sûr il y avait des spécifications, et il faut obéir, mais en y pensant, DIR EN GREY ne bougera pas à moins qu’on agisse. Si on ne fait pas le premier pas, rien ne se passera. Si on ne bouge pas maintenant et qu’on dit « attendons le bon moment » quand est-ce qu’il viendra?

– Effectivement.

Toshiya: Aussi, plutôt que d’attendre le bon moment, je pense qu’il valait mieux faire de « maintenant » le bon moment pour nous.

– Alors qu’il y a un changement par rapport à avant, vous avez fait le meilleur choix que vous pouviez faire.

Toshiya: Eh bien, c’est simplement différent de ce moment là.

Die: Comme l’a dit Toshiya, s’il n’y a pas de live pendant le corona, rien ne peux naitre et si vous dites « je ne ferais pas de concert pour obéir au règlement » c’est déjà terminé. Je pense que ça serait bien d’expérimenter un live règlementé. Pour le moment on ne peut pas dire « venez tout le monde », mais plutôt que d’attendre sans rien faire, ce que nous expérimentons en allant plus loin est important pour la suite.

– C’est aussi un détonateur nécessaire pour que vous continuiez le groupe à l’avenir?

Toshiya: Oui. On sent qu’on ne peut rien obtenir à moins qu’on agisse par nous-même. Qu’est-ce qu’on peut faire en suivant le règlement? Nous avons tous eu une discussion par rapport à ça et nous avons pensé que le live serait le détonateur, avec cette décision nous allons relever le défi du prochain live. Comme je l’ai mentionné au début de cette interview, je pense que nous allons tous les cinq apprécier le groupe, apprécier jouer ensemble, qu’il y aura des choses intéressantes. De plus, bien que le nombre de personnes soit limité, cette fois il y a un public, je pense qu’on pourra entrer en collision avec les personnes qui viennent et avoir une synergie.

– Ce sera finalement une performance live avec le public devant vous.

Die: C’est ça. Cependant les obstacles continuent d’augmenter. On doit faire un concert limité à la moitié de la capacité, sans crier / chanter. Je ne pense pas qu’il faille dire « On ne pas crier donc ça ne va pas me plaire ». Depuis que ça a été décidé je pense que nous devrions faire une performance live de DIR EN GREY qui n’a encore jamais été vue auparavant. On doit changer la façon de faire la setlist…. Ca n’a pas de sens de convaincre les fans qui viennent nous voir dans cette situation. Je veux faire un live où les gens penseront « je suis content d’être venu », « je suis content d’avoir pu les voir »

http://spice.eplus.jp/articles/286221