Interview Kaoru & Shinya Barks

– Bien qu’il n’y ait pas de tournée, les sorties se font comme d’habitude malgré le corona.

Kaoru: Oui. A part le fait qu’il n’y ait pas de live, rien ne change. Nous avons diminué le nombre de réunion avec les membres.

– Shinya, comment percevez-vous les activités du groupe avec le corona?

Shinya: Bien sûr le fait que nous ne puissions pas faire de live est le changement le plus gros, le reste n’a pas changé.

– J’ai pensé en premier lieu que DIR EN GREY pouvait poursuivre ses activités même dans cette situation car vous composez à distance. Qu’en est-il?

Kaoru: En effet. Mais, après tout j’ai le temps. Jusqu’à présent je composais beaucoup entre les tournées, maintenant je peux le faire n’importe quand.

– Avoir plus de temps signifie-t-il que le nombre de chansons et d’idées augmente ou que de nouveaux angles voient le jour? Ou, au contraire, avez-vous l’impression qu’il n’y a pas assez de stimulation en raison du manque de performances live?

Kaoru: Je ne sais pas si les stimulus sont suffisants ou pas mais, quand on fait une tournée j’arrête la production et je passe en mode tournée, quand elle est terminée je retourne à la production. La production est passée en mode on / off. Puisqu’il n’y a plus de tournée je travaille continuellement sur la production donc même si elle est objectivement terminée, il est difficile de voir son état réel.

– Et qu’en est-il pour vous Shinya?

Shinya: Par exemple, on sort un single, on le joue en live une fois et on fait l’album en voyant son feeling, c’était la procédure. Maintenant nous devons le faire sans savoir ce que ça donne en live.

– Dans de telles circonstances, comment est ressorti le single actuel « Oboro »?

Kaoru: C’était à l’automne dernier. C’est une chanson qui a été faite en travaillant sur l’album. D’abord quand on parlait de faire un single on disait « cette fois ce serait bien d’avoir un tempo moyen à lent et une mélodie claire » et c’est cette chanson qui a été choisie parmi les chansons composées pour l’album.

– La production de l’album est en cours?

Kaoru: Je dirais … pas du tout (rire)

– Alors c’est au stade de la composition des chansons pour l’album?

Kaoru: Oui, c’est à peu près ça.

– Vous avez parlé plus tôt que vous vouliez une chanson à tempo moyen, mais quel genre de flux, avez-vous jeté votre dévolu dessus?

Kaoru: Eh bien, en quelque sorte (rire) J’ai eu l’impression que beaucoup de personnes allaient l’écouter, cette fois.

– Pouvez-vous nous dire chacun quel est le point intéressant d’Oboro? On commence avec Kaoru.

Kaoru: Le début de la chanson? Je l’ai composée en pensant « cette chanson sera arrangée en fonction de l’atmosphère du synthé »

– Le fait d’avoir rendu le début important est-il lié au fait que ce soit un single?

Kaoru: Non, c’était déjà comme ça avant qu’on décide d’en faire un single. Je savais que ce serait une chanson qui ressemblerait à une ballade donc j’ai pensé que ce serait bien d’avoir une intro simple mais marquante qui pourrait être développée de différentes manières en fonction de l’arrangement.

– Y avait-il une raison à vouloir faire une intro simple?

Kaoru: Hmm, je ne voulais pas remplir avec des sons inutiles.

– J’ai l’impression que, même si elles sont simples, les chansons récentes de DIR EN GREY maintiennent leur style de construction de vision du monde, qu’en est-il?

Kaoru: Oui, je pense que je les fais simple. Plutôt que bourriner quelque chose et déconcentrer, je préfère faire écouter quelque chose avec concentration. Bien sûr, en fonction de la chanson c’est possible de la développer à partir de là et de la rendre intéressante.

– J’ai été intéressé par la partie où on peut entendre les cordes et guitares électriques se croiser et changer de place.

Kaoru: On ajoute les cordes, on les mixe en plein milieu et on entre dans le solo de guitare.

– J’ai senti que ce solo de cordes / guitare symbolisait l’image de la chanson, avec quel genre de pensée avez-vous crée le solo de guitare?

Kaoru: Je ne pense pas y avoir mis tout mon cœur mais je voulais faire quelque chose de chaud.

– Bien, la même question pour Shinya, quel est le point intéressant d’Oboro?

Shinya: Ca varie tout au long de la chanson. Personnellement je pense qu’il y a un son, puis il disparait soudainement, et il revient.

– Quelle partie aimez-vous dans votre jeu de batterie?

Shinya: Personnellement, j’aime la mélodie A.

– Plutôt qu’un motif rythmique classique, vous assemblez avec des phrases qui utilisent les toms.

Shinya: C’est ça. Théoriquement je ne sais pas, mais je veux le faire de manière intuitive.

– J’ai pensé qu’il y avait beaucoup de choses à écouter dans chaque jeu. Pour parler de mes impressions personnelles, il y a eu le corona, peut-être à force de rester à la maison je suis devenu plus attentif aux mélodies et aux paroles des chansons. Dans ces circonstances je pense que la vraie valeur de DIR EN GREY, y compris Oboro est mieux transmise. Sentez-vous que vous changez en tant qu’artiste ou en tant qu’auditeur à mesure que votre vie change?

Shinya: Non, même avant le corona je restais beaucoup à la maison (rire)

– Je vois (rire). Cette constante peut être une force. Qu’en est-il de vous Kaoru?

Kaoru: Hm, pour moi non plus il n’y a pas de changement.

– Ca peut aussi être DIR EN GREY. Lors de l’interview de la vidéo bonus, Kyo a dit à propos d’Oboro: « On dirait la suite d’une chanson sortie dans le passé, ou pas », ça m’a intéressé.

Kaoru: Je l’ai entendu de la personne en question. Eh bien, les tempos sont similaires, je pense avoir trouvé le lien. Mais ne m’en suis pas préoccupé.

– Shinya, qu’en pensez-vous?

Shinya: Moi non plus je n’ai pas écouté en particulier, j’ai le même point de vue qu’un fan ordinaire [différent des fans extrêmes]. Mais quand j’ai écouté la première fois et que j’ai vu les paroles j’ai pensé « il y a une ressemblance ».

– Ensuite, la seconde chanson est une reconstruction d’une chanson du passé, ce qui est habituel pour la seconde chanson d’un single. Cette fois c’est « The Domestic Fucker Family » du troisième album Kisou sorti en 2002 qui a été reconstruite sous le nom « T.D.F.F ». Comment s’est passée la production?

Kaoru: Sans vraiment y penser, j’ai commencé par là où je pouvais le faire simplement. J’ai l’impression de l’avoir fait de façon à ce que ça convient à ce que nous sommes maintenant. Dans la chanson originale, certaines parties sont ambiguës au niveau du rythme. Ca ne correspond pas parfaitement mais j’a forcé.

– Mais elle est cool aussi. Il y a aussi une sensation écrasée (?) qui correspond au groupe.

Kaoru: Oui oui. Mais cette fois c’est fait correctement.

– Pourquoi cette chanson a t-elle été sélectionnée?

Kaoru: Il y en avait 3. Nous avons décidé de la seconde chanson alors que nous ne savions pas encore quelle chanson serait la première. Les premières chansons étaient des balades. Puis, quand on a choisi « Oboro » en tant que première chanson, on s’est dit « la seconde chanson est aussi une ballade ». Il restait deux chansons. J’ai essayé les deux mais une des chansons correspondait plus au feeling actuel donc j’ai décidé de la faire. L’idée de faire cette chanson est venue d’un coup.

– Shinya, comment avez-vous pensé à refaire cette chanson?

Shinya: J’ai fait la batterie en changeant ce qu’il y avait à changer tout en restant fidèle à la chanson originale. Dans la chanson originale la composition a changé car le chant est inclus dans l’intro donc elle a été retravaillée à nouveau.

– T.D.F.F avait déjà été une chanson candidate en tant que seconde chanson d’un single?

Kaoru: Non, c’est la première fois.

– Avec de telles chansons, ne pas pouvoir aller aux lives, toutes les choses qui s’accumulent sont en ébullition. C’est une bonne sélection de chansons.

Kaoru: Merci.

– Et, comme toujours, la sélection des ingénieurs brille également. Cette fois le mixage d’Oboro a été fait par Neal Averon et le mixage de T.D.F.F par Tom Lord-Alge. Tous les deux ayant des Grammy et actifs dans le monde entier. Sur quoi vous êtes-vous basé pour les choisir?

Kaoru: J’ai contacté plusieurs personnes et ce sont ces deux là qui ont répondu (rire) [LE PROFESSIONALISME MESDAMES ET MESSIEURS!]. J’ai choisi une personne qui semblait convenir à chaque chanson. Quand on écoute la chanson finie, ça correspond.

– De plus, la vidéo bonus inclue 13 chansons qui ont été enregistrées pour la tournée sur écran « Meguro Rockmaykan gig » qui a été importante dans les activités de DIR EN GREY pendant la crise du corona. De plus, Rasetsukoku qui n’est incluse qu’ici. Je pose la même question mais, d’où est née cette idée?

Kaoru: Nous avions diffusé un live au KT Zepp Yokohama en mars l’année dernière, comme pour un vrai live je sentais les éclairages et les LED dernière moi. Mais « a t-on besoin de LED quand on regarde un live en vidéo? ». Ca serait bien de pouvoir faire ce genre de live mais, dans le cas contraire, j’ai pensé qu’on voudrait voir les membres dans un angle plus proche. En d’autres termes, j’ai pensé qu’il serait mieux d’avoir uniquement le groupe et le son dans une petite boite. Nous y sommes allés, beaucoup de groupes que j’admire y sont allés, si je devais dire un endroit sacré, ça serait le Rockmaykan, j’ai pensé que ce serait intéressant de le faire à cet endroit.

– Vous êtes attaché émotionnellement au Rockmaykan?

Kaoru: Non, en fait je n’y suis pas allé tant que ça, mais il y a quelque chose de spécial dans le son du Rockmaykan.

– Shinya, comment était le Rockmaykan après si longtemps?

Shinya: Ca fait environs 10 ans. mais comme c’était un enregistrement c’était différent des lives.

– Bien sûr vous voulez faire un live en direct avec le public.

Kaoru: Mais même si on dit qu’on veut le faire, ce n’est pas si simple.

– C’est vrai. Mais un live « Sogai » au Tokyo Garden Theater le 6 mai a été annoncé après un an et trois mois. (Cette interview a eu lieu début avril. le live a été reporté le 26 avril suite à la déclaration d’urgence sanitaire).

Kaoru: Le public regardera le live en étant limité mais je ne sais pas quelle est la meilleure chose à faire. Je suis sûr que nous pouvons créer quelque chose d’unique, que nous pouvons ressentir maintenant seulement. Nous n’avons pas l’impression qu’il faut toujours être excité pendant nos lives donc maintenant nous pouvons voir quelque chose d’intéressant qui nous est unique.

– Ce que je pense par rapport au corona c’est que la force du groupe est qu’il n’y a pas de « ça doit être comme ça  » ou « ça ne doit pas être comme ça ». Les performances live de DIR EN GREY peuvent être appréciées de différentes manières donc je pense que ça se démarquera dans cette situation.

Kaoru: Oui. Je pense qu’il n’y a pas beaucoup de groupe qui puisse se montrer correctement dans un hall avec des sièges. Je pense que nous pouvons bien nous montrer. [Mais oui, les concerts en hall sont géniaux. On a une excellente vue sur la scène, on ne rate rien. Même s’il n’y a pas le côté sauvage des fosses c’est une très bonne occasion de vivre les concerts différement!]

– Vous aviez l’habitude de jouer dans des halls et des livehouse donc dans ce sens, vous pouvez vous exprimer de plusieurs façons. Qu’en pensez-vous Shinya?

Shinya: Je ne sais pas quand je pourrais refaire de live après celui là donc je vais faire de mon mieux pour ne pas regretter.

– Vous allez aussi jouer Oboro dans un hall n’est-ce pas?

Kaoru: Ah, je ne sais pas si on va la faire ou pas (rire).

– Hein!? Mais elle viendra juste de sortir. Tout le monde va l’attendre.

Kaoru: Mais, si on la répète et que ça ne va pas, on pourrait ne pas la jouer.

– Aaah…. je vois. Eh bien, j’ai hâte de l’entendre en live!

Kaoru: Oui (rire)

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Interview Die Arukita (2016)

Le groupe de rock de 5 membres, DIR EN GREY, est maintenant extrêmement populaire non seulement au Japon mais aussi à l’étranger. Die nous a parlé de ses expériences de jobs à temps partiel avec lesquels il a eu beaucoup de mal.

Les gyoza ratés, on ne sait pas quand les retourner!?

Un style cool avec le haut et le bas noir, des longs cheveux clairs et des larges lunettes de soleil [pas d’erreur sur la personne]. Die de DIR EN GREY est apparu dans un style qui transmet l’aura aigue des musiciens de groupe de rock. J’étais impressionné mais grâce à son amical « c’est pour une interview sur mes emplois à temps partiel c’est ça? Faisons du bon travail* » [*il dit « yoroshiku » ce qui n’a pas de réelle traduction en français] l’atmosphère s’est de suite détendue.
Die a gagné de l’argent par lui même pour la première fois après avoir obtenu son diplôme de fin d’année de collège. Il raconte qu’il a commencé à travailler dans un restaurant Chinois pendant les vacances jusqu’à son entrée au lycée. « J’avais un de mes amis proches qui me demandait de faire n’importe quoi [ouais genre… TRAVAILLER!! Nan mais quelle idée!]. Comme s’il me forçait à m’y intéresser (rire). Et, comme j’avais beaucoup de temps libre il m’a proposé de faire un job à temps partiel avec lui. » Die a été embauché comme employé de cuisine mais c’était la première fois de sa vie qu’il travaillait et qu’il faisait la cuisine [Seigneur XD]. Il n’a pas été formé à son poste et à dû s’y mettre sans entraînement donc au début il n’arrivait pas à plier les gyoza [C’est vrai que c’est compliqué à faire quand on ne connait pas!]. « J’avais mis trop d’ingrédients et ça ressemblait à des Xiaolongbao » [des boulettes chinoises] dit-il avec un rire amer. « Mais pour se débarrasser des gyoza qui ont été ratés le gérant disait qu’ils avaient été brûlés « parce qu’on ne sait pas à quel moment les retourner » disait-il. On répondait « non non, on le sait en regardant ». Ou alors on me renvoyait les nouilles que je faisais bouillir « elles sont encore dures! … ». La méthode d’enseignement était sévère. Quand j’y pense maintenant je me dis que c’était n’importe quoi. »
Un début doux – amer dans les jobs à temps partiel en découvrant le caractère déraisonnable de la société. Le salaire qu’il a gagné en travaillant durement pendant plusieurs semaines n’était qu’un supplément à son argent de poche, il ne se souvient pas comment il l’a utilisé.

Les anciens travailleurs à temps partiel qui viennent aux lives

Die qui est entré au lycée a été invité par un ami à former un groupe et s’est mis à la guitare. La sensation lorsqu’il a pincé les cordes pour la première fois a traversé son corps entier. « Si c’est ça, je serai meilleur que les autres. Je vais vivre de la guitare. Cette confiance venue de nul part s’est mise à bouillir. » Depuis ce moment il a été absorbé par les activités musicales, après avoir obtenu son diplôme il a quitté Mie, sa ville natale, pour former un groupe à Osaka.
« J’ai commencé un job à temps partiel en intérim pour subvenir à mes besoins, mais comme j’avais des longs cheveux blonds les endroits où je pouvais travailler étaient limités. J’étais souvent employé à des endroits où le style de coiffure était libre. A part les lives et les répétitions, je ne faisais que du travail physique. »
Die a commencé à travailler à Osaka peu de temps après le grand tremblement de terre de Hanshin [Osaka – Kobe 1995]. En plus du déménagement, de la mise en place dans les salles de concerts etc, il avait de nombreuses tâches dangereuses comme récupérer les débris des bâtiments qui se sont effondrés.
« Un grand magasin qui s’était effondré avait un grand trou dans le sol, ça ressemblait à une cage d’escalier. J’étais parfaitement conscient de l’ampleur des dégâts … j’étais payé 1000 yens de l’heure pour travailler dans un endroit aussi dangereux, je me disais que ce n’était pas assez (rire) ».
Cependant, le patron de Die l’a promu au rang de leader « On ne dirait pas mais il est très sérieux au travail » a t-il dit en riant.
Les liens avec les autres employés ont été approfondis, ils faisaient des compétitions pour savoir qui pouvait porter le plus lourd, il y avait une bonne atmosphère sur le lieu de travail. Même maintenant il est toujours en contact avec ses anciens collègues de l’époque, ils viennent quand il y a un concert à Osaka.
« Nos concerts sont une occasion pour revoir mes anciens collègues. Ils me disent des choses comme « je suis content qu’on puisse se voir tous ensemble quand tu reviens » c’est embarrassant mais je suis content aussi. »

La nourriture avant les lentilles de contact!

En 1997 Die a formé DIR EN GREY avec les autres membres. Bien qu’il était heureux que la popularité du groupe augmente, les activités musicales prenaient de plus en plus de place et il devait réduire ses jours de travail à temps à partiel, ce qui a impliqué un problème de revenus.
« Un jour, le poing d’un fan qui était très excité m’a frappé à l’œil pendant un live, et l’une de mes lentilles de contact est tombée. Mais, si j’avais assez d’argent pour en acheter une autre, j’étais tellement pauvre que je devais d’abord penser à la nourriture. Pendant un moment j’ai fait des lives et j’ai travaillé à temps partiel en ne voyant que d’un œil (rire). »
Malgré la dureté du travail physique et le peu de nourriture, Die ne s’est jamais découragé. Une puissante envie de devenir Pro l’a motivé. Ces efforts ont porté leurs fruits et DIR EN GREY a pu se rendre à Tokyo seulement 6 mois après ses débuts. Ensuite le groupe a fait ses tant attendus débuts en major et est maintenant actif en première ligne mondialement.
« Dans mon cas le travail à temps partiel m’a non seulement grandement aidé dans ma vie mais a aussi fait naître une amitié avec mes collègues avec lequel j’ai travaillé dur. Il y a des choses que je n’aime pas au travail, quelque fois je me fâche mais, je pense qu’il y a des choses qui peuvent être gagnées si on fait de son mieux sans fuir. C’est pourquoi … ce n’est pas bien d’arrêter son travail sans prévenir! Comme j’étais leader, j’ai été embêté par ce genre d’employé (rire). »

Les souvenirs de Die de ses jobs à temps partiel

La cuisine du restaurant chinois:
Les gyoza était le plat qui était le plus commandé par les clients donc je commençais à les faire cuir avant que les clients n’aient pris place (rire).

La mise en place des concerts:
Il faut une journée entière pour transporter le matériel, gérer le parking et préparer la scène. Je me souviens l’avoir vu à un concert de Umezawa Tomio.

Les chantiers:
Il y a longtemps, malgré le fait que j’étais dans un groupe de visual kei, j’étais bronzé et musclé à cause de mon travail, J’étais parti dans la direction opposée (rire).

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Interview Kaoru Kimi ni tou

– Diverses situations ont changé autour de la musique à cause du coronavirus, y a-t-il eu un changement en tant qu’artiste?

Kaoru: Non. Les gens me posent souvent cette question, alors j’ai vraiment essayé de chercher quelque chose qui a changé, mais non, il n’y a rien (rire).

– Vraiment aucun changement? (rire)

Kaoru: Je suis en train de produire un album, donc si les gens qui l’écoutent pensent que j’ai changé, c’est peut-être le cas. Mais ce que je produis, c’est un son, donc à moins que je dise: «Je l’ai fait en ressentant ça», personne ne le saura. Pour le groupe, vous pouvez voir l’influence dans les paroles.

– En effet. DIR EN GREY était en tournée Européenne quand on a commencé à parler du coronavirus, non?

Kaoru: Le premier concert a eu lieu à Moscou le 25 janvier et le concert final à Paris le 8 février, c’était à peu près au moment où le coronavirus a progressivement commencé à apparaître dans l’actualité. Lors des tournées internationales, les membres et le staff vivent ensemble dans le bus, donc pour éviter d’attraper un rhume ou la grippe, nous portons des masques, mais pratiquement personne ne porte de masque en occident. Tout le monde nous dévisageait.

– A quel moment avez-vous entendu parler du coronavirus?

Kaoru: Vers fin février? Nous devions commencer la tournée – «TOUR20 Sogai» à partir du 27 mars, mais les quatre premiers concerts ont été reportés à la mi-mars et nous avons annulé toute la tournée en avril.

– Vous avez attendu le dernier moment pour annuler le live au Pia Arena MM à Yokohama prévu pour le 24 juillet.

Kaoru: C’était impossible d’avril à mai, mais comme c’était en juillet nous pensions pouvoir le faire en réduisant le nombre de sièges. Mais le groupe ne joue pas souvent dans des salles de cette taille, nous voulions nous assurer de livrer une performance solide.

– Vous avez mentionné sur votre chaîne YouTube « The Freedom of Expression » que vous ne pouviez pas utiliser de fumée en raison de problèmes de ventilation.

Kaoru: En incluant tout cela, nous ne pourrions peut-être pas faire la scène que nous imaginions. C’était une des raisons. Et les gens ne pouvaient pas venir de loin même s’ils le voulaient. Nous aurions peut être pu le faire si nous étions resté sur nos positions. Mais quand on pense d’abord aux personnes qui viennent nous voir, on se dit que ce n’est pas nécessaire de forcer.

– Qu’a fait le groupe pendant la crise du coronavirus?

Kaoru: Les lives ont été annulés, mais nous avons continué à être actifs sur beaucoup de choses, comme les concerts en direct sans public ou la diffusion de musique sur YouTube. Nous n’avons rien annoncé après la sortie du single en août, mais c’était parce que nous avions déjà prévu de commencer à produire un album. Donc, ce n’était pas comme si les choses se sont vraiment arrêtées pour nous, mais maintenant nous pensons enfin à «quelle sera la suite»? Nous allons bientôt pouvoir voir comment relier ce qui a été fait jusqu’à présent à ce qui arrivera ensuite.

– Donc vos activités n’ont pas changé?

Kaoru: Il n’y a pas de changement, c’était plutôt comme si nous ne voulions pas dire: «Cela se produit à cause du corona.» Quoi qu’il arrive, nous ferons absolument ce que nous avons décidé de faire.

– Que pensez-vous du fait de ne pas pouvoir faire de concert?

Kaoru: On n’y peut rien. Mais je sens que nous sommes dans un mode différent de mai / juin. Je sens que nous allons doucement commencer à bouger. Tout le monde le ressent vaguement, mais je pense qu’ils hésitent à faire comme avant. Il est temps que nous reconnaissions les risques et que nous allions de l’avant. N’est-il pas temps de prendre cette décision?

– Qu’entendez-vous précisément par risques dans ce cas?

Kaoru: Bien sûr, ça inclut attraper le virus, ainsi que réfléchir à la façon dont ce sera perçu par le public. Nous ne nous soucions pas de ce que les gens disent de nous, mais nous ne voulons pas que notre public soit blâmé. Cela dit, nous ne pourrons retourner à la normale que si nous commençons à bouger. Nous devons faire un live, et si les artistes et le public se sentent en sécurité, alors les choses commenceront à se rétablir complètement. Nous devons donc continuer à avancer. Ca ne sert à rien de rester immobile. Après tout, nous n’avons pas d’autre choix que de vivre avec le coronavirus. Je crois que les gens qui veulent voir les concerts augmenteront progressivement, et, bien que ce ne soit pas bien de tomber malade, que les gens viennent ou pas c’est une question de ressenti. Il est temps que les gens prennent leurs propres décisions par oui ou par non, nous essayons de trouver le bon moment pour passer à la phase suivante. Mais je ne sais pas quand ce sera.

– De nombreux artistes ont partagé un message pour «rester à la maison» pendant la période de confinement, mais vous n’avez pas dit ce genre de choses, n’est-ce pas?

Kaoru: Je n’ai pas dit des choses comme « limitons-nous ».

– A quoi avez-vous pensé quand le gouvernements a spécifiquement demandé de s’abstenir d’organiser des événements à grande échelle ou d’aller dans des live house?

Kaoru: J’ai pensé qu’ils devaient le dire plus clairement s’ils voulaient qu’on arrête. On ne comprend pas si le message n’est pas clair. On s’est dit « alors on peut quand même le faire? ». Dans notre cas, ce n’était pas si pertinent, car notre décision d’annuler les événements n’était pas sur la demande du gouvernement.
Même maintenant, nous entendons sans cesse le nombre de personnes infectées chaque jour, mais je me demande si cela suffit. On a l’impression qu’ils lancent des informations sans explication spécifique, de sorte que les gens aient peur et pensent: «Je ne peux pas me déplacer» ou «Je ne peux pas sortir». Il n’y a aucune information positive pour surmonter cela, comme la façon dont les personnes qui ont contracté la maladie se sont rétablies, alors on a l’impression que nous sommes simplement contenus.

– La crise du coronavirus a révélé les côtés faibles de ce pays, n’est-ce pas?

Kaoru: Il y a beaucoup de choses qui me font me demander si ce pays va vraiment bien. Mais si vous parlez précisément du corona, je m’en fiche. Le groupe avance avec ou sans le coronavirus. Je peux juste dire « nous avançons sans nous soucier du corona ». Bien sûr, il y a divers problèmes, et il y a beaucoup de choses que je voudrais dire personnellement, mais il y a toujours des problèmes, même sans le coronavirus.

– La crise du coronavirus a entrainé de nombreuses insultes sur les réseaux sociaux. Qu’en avez-vous pensé?

Kaoru: Hum… On peut peut-être réglementer les réseaux sociaux si on le souhaite, mais nous ne pouvons pas les supprimer, n’est-ce pas? Après tout, c’est devenu un endroit pour libérer sa colère. Donc, si quelque chose arrive, je pense qu’il vaut mieux compter sur les autres plutôt que d’être seul. Certains disent de ne pas regarder, d’arrêter d’utiliser les réseaux si ça devient trop blessant, mais les gens ne sont pas si forts. Même s’il y a 100 commentaires positifs, un commentaire négatif peut être un coup dur pour certaines personnes. Je pense que nous devrions trouver nous-mêmes une issue de secours.

– Que pensez-vous des gens qui insultent les autres sur les réseaux sociaux?

Kaoru: Moi y compris, nous avons tous des opinions négatives sur les autres. Il s’agit simplement de les exprimer ou non. Personnellement, je ne veux pas perdre pied ni utiliser mon énergie avec de telles choses. Si quelqu’un m’insulte et si je l’attaque en retour, je serais comme lui. Et puis ça serait étrange qu’il n’y ait plus d’opinion négative, non?

– Donc c’est inévitables qu’il y ait des opinions différentes?

Kaoru: C’est impossible que chaque opinion soit alignée sur ce que je veux. Il est naturel qu’il y ait des opinions positives et négatives. J’ai tendance à penser que je me trompe, si je n’entends que des remarques positives. Si tout le monde fait l’éloge d’une chanson, j’ai tendance à penser qu’il y a quelque chose qui ne va pas (rire). En gros, je ne fais pas beaucoup confiance aux gens.

– Alors à quoi faites-vous le plus confiance? Vous-même?

Kaoru: Je ne me fais pas confiance (rires). Je fais confiance aux gens autour de moi. Vous pouvez vous comprendre en regardant comment vous êtes reflété par ceux qui vous entourent. En ce sens, les gens autour de moi sont importants et je leur fait confiance.

– D’un autre côté, avez-vous eu des résultats positifs lors de cette crise du coronavirus?

Kaoru: Je ne trouve pas la bonne façon de le dire, mais j’ai pensé qu’il y avait des différences considérables selon la situation de chacun. Par exemple, les personnes qui vivent avec leur famille sont limitées dans leurs actions et se préoccupent du regard des autres, de sorte que leurs options sont limitées. D’un autre côté, les personnes vivant seules avec moins de relations avec les autres sont étonnamment fortes. J’ai commencé à voir cette différence.
Par exemple, les YouTubers et les personnes qui peuvent bouger librement «saisissent cette opportunité» et sont très actifs. D’un autre côté, c’est comme d’habitude pour ceux qui s’isolent pour créer des œuvres d’art, comme les sculpteurs ou les peintres. Cependant, il n’est pas facile d’attirer l’attention sur leurs œuvres d’art dans la situation actuelle. Alors, comment le pouvoir de ceux qui libèrent de l’énergie et de ceux qui l’accumulent se révélera dans 6 ou 12 mois, je suis curieux de savoir. Peut-être attendent-ils le bon moment pour exploser. Si le temps est venu pour l’énergie accumulée d’exploser, nous pourrions voir des œuvres d’art incroyables. La plupart des artistes vont produire, donc les œuvres sortiront toutes en même temps. Je pense que c’est intéressant de savoir quel genre de monde ça deviendra lorsque ces œuvres seront présentées.

– Il peut y avoir un chef-d’œuvre.

Kaoru: J’ai hâte de voir quel genre d’œuvre en ressortira.

– Quelle scène, news ou mot a particulièrement retenu votre attention lors de la crise du coronavirus?

Kaoru: Je suppose que c’est la vue de la performance live que nous avons faite sans public le 28 mars. C’était inimaginable d’être sur scène sans public avant ça. Je pense que je n’oublierai jamais cette image.

– Ca veut dire que vous ne voulez plus jamais le refaire?

Kaoru: Il y a de ça, mais c’était une performance live où nous étions extrêmement conscients d’envoyer notre énergie. Nous n’avons pas joué pour les gens devant nous, mais pour les gens qui nous regardaient d’ailleurs. C’était une nouvelle expérience, et je pense que c’était bien que nous l’ayons fait. Je pouvais sentir le sens des chansons.

– Comment c’était en termes de performance?

Kaoru: Il n’y a eu aucun problème, et nous avons pu le faire, mais nous n’avons pas ressenti un fort sentiment d’accomplissement (rire). Nous sommes tellement habitués à avoir le public devant nous et leurs acclamations imprégnées de nos corps. Nous devons peut-être séparer certaines parties pour aller à un nouvel endroit, mais je veux croire que nous ne le ferons plus.

– Pensez-vous que les rôles de la musique et du rock vont changer?

Kaoru: Ca ne changera pas. Ca ne va pas plutôt devenir plus fort? Ca reste contenu maintenant, donc je pense que ça va exploser. Certaines personnes sont affamées. Lorsque les performances live reprendront complètement, je pense que ce sera terrible. Ensuite, il peut être intéressant de faire les choses d’une manière différente. Par exemple, lorsque tout le monde commencera à refaire des lives, « on ne le fait pas » (rire).

– Choisir la diffusion en ligne uniquement (rire). Mais je veux vraiment voir une performance live incroyable. Je suis souvent venu vous voir et je peux dire que les performances live de DIR EN GREY sont vraiment spéciales. Honnêtement, il y a beaucoup d’images dont on veut détourner le regard, mon cœur se sent déchiré et c’est douloureux, mais il y a un soulagement à la fin. Je n’ai jamais vu de performances live comme celle-ci. Comment vous sentez-vous en tant qu’artiste?

Kaoru: Lors de performances live, vous pouvez voir ce qui a de bien et de mauvais en vous. Ce n’est pas toujours le cas, mais parfois je pense: «Je n’aime pas ce que je suis maintenant.» Je ressentais du plaisir d’être sur scène mais il disparait d’année en année. Maintenant je ressens la vague, c’est ma vie. C’est mieux si je peux en profiter, mais maintenant je pense que l’épuisement sera peut-être nécessaire pour les concerts de ce groupe. Pas l’épuisement physique, mais mental. En fait, on finit par avoir de meilleures performances live quand on se sent épuisé. C’est une sensation étrange.

– Au fait, c’est quel genre d’endroit un concert pour DIR EN GREY?

Kaoru: C’est un endroit pour se connecter avec le public et valider. Ils écoutent la musique que nous avons faite et nous ressentons leurs réactions. Le public ressent ce que nous leur présentons et nous renvoie leur sentiment. Donc, c’est comme un lieu de communication avec notre corps. En bref, c’est une connexion entre les gens. Donc finalement un live c’est des gens. Qui chantent, qui jouent des instruments et qui se tiennent là. C’est tout.

– Je vois. Enfin, je voudrais poser votre «question» aux lecteurs.

Kaoru: …….. je pense que ma question est « la musique est t-elle vraiment nécessaire? »

– Qu’en pensez-vous?

Kaoru: Je me demande si c’est vraiment nécessaire. Parce qu’il est difficile de la valoriser dans la vie quotidienne. Je ne pense pas qu’on choisirait de garder la musique si on décidait de supprimer quelque chose dans notre vie. Et ce n’est pas limité à la musique. C’est triste, mais c’est une sorte de divertissement, même si je déteste conclure avec ce mot.

– La musique ne remplit pas le ventre et ne sauve pas directement la vie des gens …

Kaoru: Dit de façon extrême, c’est vrai. Mais il y a certainement des gens qui en ont besoin, alors je veux le faire pour eux. Ce n’est pas comme si vous aviez besoin de musique 24h / 24 et 7j / 7 pour vivre, mais vous en avez besoin à certains moments. Donc, je le fais pour ces moments.

– Vous le faites pour ces moments?

Kaoru: Mais vous ne pouvez pas créer intentionnellement de tels moments. Nous ne savons pas non plus si ces moments ont lieu lors de concerts. Mais peut-être que nous recherchons les moments vides. Parfois, vous réalisez: «Quoi? Le live est déjà terminé?» Lorsque cela se produit, je pense que nous avons réalisé de belles performances. Plus tard, nous regardons des enregistrements et réalisons que c’était juste basique (rire). J’ai tendance à faire mieux lorsque je ressens le stress. Vous pouvez réellement vous concentrer davantage lorsque vous ne vous sentez pas bien.

– En ce sens, le coronavirus donne du stress à la société et aux gens. Peut-être que cela affectera le groupe.

Kaoru: Ca ne change pas, ce que nous faisons est pareil. L’autre jour, nous nous sommes réunis tous les cinq pour une conférence pour la première fois depuis un certain temps, mais nous étions comme d’habitude. Rien n’avait changé.

https://kiminitou.com/kaoru/

Interview Kaoru Natalie

DIR EN GREY vient de sortir le premier single digital de leur carrière « Ochita Koto no Aru sora ».

Ils n’ont sorti que des CD physiques depuis leurs débuts, l’annonce disant qu’ils sortiraient leur single uniquement en version digitale à surpris de nombreux fans.
Pourquoi avoir changer ses habitudes et décidé de faire une sortie digitale à ce moment là? Dans cette édition spéciale, en plus d’entendre les vraies intentions de Kaoru (G) dans une interview solo, il nous a parlé des activités prévues pendant le corona, de sa détermination en tant que compositeur et de ses réflexions sur l’album en cours.

-En début d’année, nous avons eu une situation que nous n’avions jamais imaginée, encore maintenant il n’y a aucune perspective de retour à la normale. DIR EN GREY a également été affecté par l’annulation d’une tournée, comment s’est passée votre période de confinement?

Kaoru: Nous avons fait une tournée européenne en janvier et février, mais la situation a beaucoup changé entre l’aller et le retour. Quand nous sommes partis, le corona virus commençait à se propager, je n’ai pas vraiment ressenti une sensation de crise, mais quand nous sommes rentrés c’était la panique. À partir de ce moment c’était comme si le monde avait cessé de bouger. Quand nous sommes allés en Europe, nous portions des masques basiques pour se promener dans la ville, mais personne ne portait de masque, c’était comme si tout le monde se disait « le corona ça ne me concerne pas ».

-Que ressentez-vous maintenant après l’arrêt de vos activités?

Kaoru: Si nous n’étions que dans l’industrie de la musique, ça aurait été critique … mais il n’y a personne qui n’a pas été affecté par le corona. On n’y peut rien, alors on fait ce qu’on doit faire maintenant. Ça ne change rien à ma façon de composer, donc je travaille tous les jours.

-Vous vous sentez calme?

Kaoru: Oui. Ça ne sert à rien d’aggraver les choses. Pour le moment je veux aller de l’avant.

-Avez-vous enregistré le single « Ochita Koto no Aru Sora » à Tokyo comme d’habitude?

Kaoru: Oui. Comme je compose généralement de la musique sans voir les membres, rien n’a vraiment changé. Jusqu’à présent, les membres enregistrent un par un en studio puis échangent des données en ligne sans se voir. C’est au mois de mai que nous sommes entrés au studio et avons enregistré mais je n’ai vu aucun membre jusque là, à part pour le concert sans public.

-Je vois. Le fait de ne pas pouvoir jouer en direct a t-il eu des effets?

Kaoru: Oui, mais ce n’est pas parce que nous ne pouvons pas faire de live que nous n’avons pas d’activité au sein du groupe, que nous accumulons du stresse ou qu’il y a un impact sur la production. Mis à part ce qui va se passer dans le futur, dans la situation actuelle, nous ne pouvons tout simplement pas faire de live, et si nous ne pouvons pas le faire, nous ferons d’autres choses que nous pouvons faire maintenant.

-Alors quel présence le live a t-il dans les activités musicales de DIR EN GREY?

Kaoru: Bien sûr ça n’a pas de sens de faire un groupe sans faire de concert. Le vrai problème est que nous ne pouvons pas survivre sans faire de concert, donc je pense que ça va devenir de plus en plus compliqué. Donc nous réfléchissons à ce que nous devrions faire par rapport à ça. Nous composons et envoyons nos chansons à nos fans d’une façon ou d’une autre. Nous ne pouvons envoyer que ce qui vient en avançant.

-Vous composez toujours. Les membres ont-ils eu l’occasion de parler de la situation actuelle et des perspectives d’avenir?

Kaoru: On en a parlé légèrement. On ne pourra peut-être pas garder nos valeurs actuelles, donc je pense que nous devons peu à peu adopter une approche flexible. Je leur ai dit que si nous ne pouvons pas faire de live nous devrions peut être faire autre chose de complètement différent de ce qui a été fait jusqu’à présent et qu’on ne pourrait pas s’en sortir si on s’obstine avec des « je ne veux pas faire ce genre de chose ». Cela peut sembler étrange à dire, mais nous n’avons pas le choix que de survivre. Nous sommes dans une situation où nous ne pouvons pas nous tenir devant les gens ou faire quoi que ce soit, alors nous devons aller au minimum et endurer le présent.

-D’ailleurs, la diffusion du live qui a eu lieu en mars a ouvert la voix aux lives stream qui sont maintenant devenus courants.

Kaoru: Je pense que c’était une bonne expérience pour le groupe. La principale raison pour laquelle nous avons décidé de diffuser en direct était pour savoir comment nos performances live et nos chansons seraient transmises dans ces circonstances, je pense que j’ai pu le ressentir. Donc je suis content d’avoir fait ça.

-Qu’est ce que ça fait de faire un live sans public devant soi?

Kaoru: C’est dur. Vous ne savez pas ce que vous faites. Mais je l’ai fait en sentant que les gens nous regardaient.

-Avez-vous l’intention de le refaire?

Kaoru: Je ne sais pas… J’ai peut êtres des idées de choses intéressantes à faire, mais je ne pense pas le refaire. Après tout je pense qu’on pourrait vite se lasser des choses comme des diffusions de lives. Donc pourquoi on devrait le faire plusieurs fois?

-Je pense que DIR EN GREY fait des chansons en partant du principe qu’elles seront jouées en live, mais il semble difficile de fixer un point de référence lors de la composition, surtout dans la situation actuelle.

Kaoru: Eh bien… mais quoi qu’il en soit, avec les années les chansons ne peuvent plus être jouées. Il faut du temps pour terminer une chanson. Beaucoup de choses me passent par la tête.

– Ça signifie que les standards que vous recherchez sont de plus en plus élevés?

Kaoru: Ils deviennent de plus en plus élevés et je ne vois pas le point d’atterrissage. Où l’apporter, c’est ce qui défini le plus ce que nous sommes actuellement, ou bien, pouvons nous ressentir une destination concluante. Quand je pense à différentes choses en composant je me dis « j’ai déjà composé une chanson qui ressemble à ça » donc ça prend de plus en plus de temps.

-Vous ne pouvez pas refaire la même chose et vous devez bien sûr améliorer la qualité de votre travail.

Kaoru: Ouais. Je sens que je prends le bon chemin quand une petite idée devient intéressante. Je suis du genre à ne pas décider à l’avance. Je ne dis pas vraiment aux membres de suivre telle direction pour une chanson, même si je le disais ils ne m’écouteraient pas. D’une manière ou d’une autre j’erre dans un endroit vague, à la fin je crée une forme qui se rapproche d’un bon résultat donc, je pense que du point de vue des membres il y a beaucoup de choses qui ne sont pas claires. Ils peuvent se dire « quand est-ce que la chanson sera terminée? ».

-A quel moment avez-vous composé la nouvelle chanson « Ochita koto no aru sora »?

Kaoru: C’est une chanson de l’année dernière. Quand je l’avais finie dans une certaine mesure je l’ai présentée aux membres, nous l’avons modifiée ensemble mais je n’arrivais pas à trouver le point où je pourrais dire « c’est ça! ». Quand une chanson est terminée à 100%, la première fois que je demande « essayons de la jouer » elle n’en est encore qu’à 5%. Puis, quand on ajoute le chant et les différents instruments elle monte à 20%. Ensuite il faut beaucoup de temps pour décider quelle direction la chanson prendra. Quand c’est décidé elle atteint d’un coup les 70%. Quand elle est à 70% je la présente à nouveau aux membres et à partir de là je la travaille jusqu’aux 100%.

-Est-ce que ça vous arrive de décider d’un coup dès le début?

Kaoru: Ça arrive, il y a quelques chansons comme ça dans l’album.

-Est-ce lié au fait que les chansons de DIR EN GREY sont souvent très élaborées et complexes?

Kaoru: Je me demande. Parfois je me perds. Je ne sais pas dans quelle direction aller, je vais tout le temps ici ou là.

-Lorsque vous nous avez parlé au moment de la sortie du précédent single « The World of Mercy » vous aviez dit que si vous vous arrêtiez de pédaler vous ne pourriez pas avancer dans les productions. En créant toujours des sources musicales de cette manière ça se change petit à petit en chanson.

Kaoru: C’est ça. C’est pourquoi si je cesse de faire ça, juste une fois, je repars en arrière. Je me préoccupe de pas mal de choses dans la situation actuelle donc c’est très difficile de le faire sérieusement.

Ce single est uniquement en version digitale et ne sortira pas en version CD. C’est la première fois, quel est votre but?

Kaoru: A l’origine nous avions des concerts prévus en juillet au Pia Arena MM, donc depuis l’année dernière je parlais de sortir un single. Alors que je continuais à travailler dans ce sens, je ne savais pas ce qu’il allait advenir des concerts, quand la date de sortie du single a été annoncée les magasins de CD étaient en confinement, donc même si nous avions commencé les réservations pour des versions physiques, on ne sait simplement pas quelle quantité aurait été réservée ni combien de CD se seraient vendus aux magasins. Je me suis demandé si c’était utile de créer une version physique dans cette situation, je ne savais pas si les gens allaient pouvoir se déplacer aux magasins pour l’acheter, donc au lieu de le vendre en ligne on a préféré en faire une sortie digitale pour être sûr que tout le monde puisse l’avoir.
Si on l’avait vendu en tant que CD comme d’habitude je pense qu’on l’aurait reporté sans annoncer de date de sortie. Mais, dans cette situation je me suis dis que c’était mieux si nous pouvions apporter aux fans des informations sur notre avancement donc j’ai donné la priorité à la sortie de chansons.

-Je vois. Jusqu’à présent le groupe se penchait d’avantage sur le packaging que sur la transmission, est-ce une obsession?

Kaoru: Oui. Nous avons grandi avec ça, en tant qu’auditeur je voulais recevoir toutes les expressions de l’artiste, incluant la pochette de CD, donc concernant les CD c’est là que nous sommes le plus consciencieux.

-Plutôt que dire que l’écoute en streaming devient une tendance dans le monde entier, on peut dire qu’elle est déjà complètement courante.

Kaoru: Ouais. Mais les CD sont encore vendus au Japon donc je veux pouvoir en sortir tant qu’il y aura des gens pour se les procurer. Au contraire je suis encore plus motivé à continuer. Je ne lâche pas les gens qui achètent des CD.

-Les sorties en streaming permettent aussi d’atteindre plus facilement de nouveaux auditeurs. Avez-vous pensé à quelque chose comme ça dans cette sortie digitale?

Kaoru: Non, je n’y pense pas vraiment. Je n’ai pas fait de sortie digitale pour atteindre plus de monde. C’était juste pour sortir la chanson correctement. Je pense que c’est important de l’écouter à la date de sortie, peu importe où se trouvent les gens.

-Ce que je ressens le plus en écoutant ce single c’est que l’équilibre sonore est extrêmement différent par rapport à avant. En particulier le design sonore dans les basses et moyennes fréquences de la cover de « CLEVER SLEAZOID » qui est complètement différent de ce qui a été fait jusqu’à présent, donc je me suis demandé si c’était le mode actuel de DIR EN GREY.

Kaoru: C’est comme si recherchais année après année un son avec un noyau. Le noyau produit un son dans une certaine direction. C’est pourquoi, concernant la guitare de ce morceau, le son n’est pas aussi déformé qu’avant. C’est un son plutôt orthodoxe.

-C’est l’ingénieur son mixage Josh Wilbur qui s’est occupé de la chanson titre.

Kaoru: Josh est une personne qui fait plein de choses. Il mixe non seulement du metal mais aussi de la pop. Les ingénieurs proches du metal avec qui nous avons travaillé jusqu’à présent ne comprenaient pas vraiment mes demandes. Les ingénieurs produisent souvent « mon propre son ». Pour Josh aussi, le premier mix qui est ressorti partait dans une direction différente de ce à quoi je m’attendais. Mais quand je lui ai dit « je voudrais ça », il l’a immédiatement modifié. Je pense que c’est une personne qui peut faire pas mal de choses. Heureusement que je me suis intéressé à lui.

-Qu’auriez-vous fait si ça ne collait pas avec lui?

Kaoru: Je n’aurais pas eu le choix que de modifier moi même.

-Vous pourriez travailler constamment avec le même ingénieur, mais au lieu de ça vous recherchez une nouvelle personne, pour explorer un nouvel aspect.

Kaoru: Comme c’est un single je pense que c’est mieux d’essayer quelque chose de nouveau, en gardant à l’esprit comment procéder pour le prochain album. Josh est l’un des candidats pour l’album.

-Je pense que vous avez travaillé en échangeant des sources sonores en ligne avec l’ingénieur, aviez-vous envie de travailler avec lui tout en gardant un œil sur les travaux?

Kaoru: Pas du tout. Le meilleur environnement pour moi est celui où j’écoute toujours de la musique, donc c’est facile de juger du son. Je ne peux pas juger en écoutant le son d’un moniteur dans l’atmosphère d’un studio que je ne connais pas. Je n’ai pas mixé avec des ingénieurs depuis des années, mais quand je le faisais je me disais souvent que le son était différent quand je l’écoutais à la maison par rapport au studio. Au final j’écoute la chanson finie ailleurs qu’au studio donc ça donne un son différent. Ça n’a pas de sens. De plus, si vous échangez directement avec l’ingénieur et qu’il y a des émotions, vous risquez de vous retrouver avec une chanson biaisée, il est donc préférable d’écouter simplement le son à la maison et de réfléchir à ce qu’on peut faire avec la chanson.

-Donc est-ce que votre studio au Japon est le meilleur environnement pour vous?

Kaoru: Je peux aller dans un studio à l’étranger, mais c’est bien de retourner dans un endroit où je pourrais juger calmement. C’est difficile de comprendre ce qui est bon en écoutant le son explosif du studio, donc si je peux le ramener à la maison, l’écouter et juger tranquillement, c’est bon n’importe où en dehors du studio. Mais pour le mixage, quand je le ramène du studio et que je l’écoute à nouveau c’est inefficace. Mais ça dépend du groupe. Si c’est notre son ça veut dire que je peux juger les moindre détails.

-Y ‘a t-il une norme pour un bon son pour vous?

Kaoru: Plein, complet [ou bien équilibré peut être] quelque chose comme ça. Ou peut-être la profondeur. Après tout il y a des choses qui changent au fil de l’expérience. Quand j’étais jeune j’aimais les sons nets, mais plus maintenant, j’aime les sons bien profonds.

-DIR EN GREY sollicite souvent des ingénieurs étrangers pour le mixage et le mastering.

Kaoru: Ça aurait été bien qu’il y ait des gens au Japon proches des sons que nous faisons, mais il n’y en a pas. Je pense que les ingénieurs étrangers ont une oreille plus grande, ils perçoivent les sons différemment.
Ça fait 20 ans que je fais de la musique, 10 ans que je dis continuellement aux ingénieurs « je veux faire ce genre de son » mais il n’y a pour l’instant aucun japonais capable de le faire. Concernant le groupe, en réalité aucun de nous ne peut faire le son qu’il recherche.

-Avez-vous pensé à le faire vous même?

Kaoru: Non, je ne veux pas prendre de temps pour ça. Je dois beaucoup étudier pour pouvoir mixer. Si j’ai du temps je préfère l’utiliser pour composer des chansons. Si je mixe l’album ne sortira pas (rire).

-C’est un gros problème pour DIR EN GREY de savoir s’il est possible de rencontrer un ingénieur capable de réaliser le son attendu.

Kaoru: Oui je pense. Après tout c’est une partie qu’on ne peut pas faire nous-mêmes donc ça changera à la sortie finale. Ça a très bien fonctionné cette fois.

-Concernant la chanson, c’est une belle oeuvre qui suit les classiques de DIR EN GREY. Étiez-vous confiant?

Kaoru: Bien sûr je l’aie sortie parce que j’étais confiant, mais je sens que les choses pour lesquelles j’étais satisfait sont déjà vieilles maintenant. Puisque je ne vois les choses dont je suis parfaitement satisfaits qu’à ma propre échelle, je pense que pour une chanson c’est bien d’y inclure 「?」.

-Aa, je vois. Je pense que cette façon de penser est assez inhabituelle pour un artiste.

Kaoru: Sans ça ce n’est pas intéressant. Même si je suis sûr à 100% je me dirais « peut être que c’est nul ».

-On se dit aussi que si on fait quelque chose de parfait ça n’évoluera plus. Ça ne se développera plus.

Kaoru: C’est vrai. C’est mieux d’avoir une marge, une partie qu’on ne comprend pas.

-Par exemple, quelle partie de cette chanson est la « marge »?

Kaoru: Il y a beaucoup de développements, mais le climax est monotone [Il dit サビ (sabi) d’après ce que j’ai trouvé « climax » (le point culminant dans une chanson) est ce qui s’en rapproche le plus]. D’habitude j’ajoute une mélodie différente, encore un peu de développement et je l’emmène à l’ending. Mais ça arrive que je trouve que ce genre de développement est bien. En fait ça arrive aussi qu’il y ait des parties que veux rendre plus dramatiques, mais cette fois j’ai essayé de donner une sensation différente, de donner une senteur.

-Est-ce lié au contenu des paroles?

Kaoru: Pas du tout.

-Pas du tout? (rire). Les paroles ont l’air d’un message fort, le clip aussi est puissant, qu’en pensez-vous?

Kaoru: Je n’ai pas vu les paroles. Je les ai lues quand c’était terminé.

-Avez-vous discuté avec Kyo de la raison pour laquelle il a écrit ces paroles?

Kaoru: Non. Je ne l’ai jamais fait jusqu’à présent. Occasionnellement on échange « je voudrais que tu le fasse de cette façon parce que les paroles sont comme ça ». Cette fois aussi j’avais un mot clé mais je ne sais pas si je peux le dire, donc je ne le dirai pas. C’est comme s’il ne voulait pas parler des paroles. Les paroles se suffisent à elles-mêmes, je pense que c’est inutile de les expliquer. On souhaite que vous écoutiez avant tout. Mais il n’y a pas de paroles dans les versions digitales.

-Les paroles ne sont pas affichées même sur les plateformes de streaming?

Kaoru: Non, j’ai dit que les paroles ne sont pas diffusées en version digitale.

-Donc on écoute et on fait ses propres conclusions.

Kaoru: Ouais. Mais, pour récompenser ceux qui ne demandent pas de remboursement pour le Pia Arena on prépare le package, il y aura le livret avec les paroles.

-Je vois. Avez-vous des projets ou des objectifs pour l’avenir?

Kaoru: Pour l’instant terminer l’album. Je compose tous les jours pour ça.

-En se limitant à ce que vous pouvez-dire, quel genre d’album ce sera?

Kaoru: Eh bien…… j’y pense toujours, je veux faire un album qui représente DIR EN GREY. Est-ce que tous les artistes n’ont pas un album du genre « écoutes ça avant tout »? J’espère que cet album deviendra comme ça plus tard.

https://natalie.mu/music/pp/direngrey10

Toshiya Bass Magazine

-Quand et pourquoi avez-vous commencé la basse?

Toshiya: Quand j’étais adolescent, j’ai ressenti le potentiel de la basse.

-Quels sont vos trois chefs d’oeuvre. (nom de la chanson ou de l’album, artiste / nom de groupe)

Toshiya: Tout.

-Quels sont vos 5 bassistes préférés. (Ce n’est pas grave s’il n’y en a pas 5)

Toshiya: Tous les bassistes.

-Quelle est votre devise en tant que bassiste?

Toshiya: Ne pas être effrayé par le changement.

-A part la musique, quels sont vos loisirs et intérêts? Et comment affectent-ils votre musique?

Toshiya: Le design de “DIRT 100% Natural Dirty”.

-Y’a t-il eu un livre, manga ou film qui a eu un énorme impact sur votre vie?

Toshiya: Un nombre incalculable.

-Sur quelle scène rêvez-vous de jouer? (Vous pouvez dire les salles dans lesquelles vous avez déjà joué).

Toshiya: Toutes les endroits sont bien du moment que je peux jouer.

https://bassmagazine.jp/player/bf-toshiyadeg/

Interview Kaoru Aera dot

Actuellement le monde du rock subit un tremblement de terre sans précédent. La plupart des groupes de rock ont perdu leurs salles de concert depuis la formation d’un cluster dans un live house d’Osaka en février. Cependant, puisque le monde entier est en confinement à cause du virus, certaines personnes sont sauvées par le rock. Comment ces musiciens en question font-ils pour sortir de cette situation?
Kaoru, le guitariste du groupe japonais de heavy rock de référence « DIR EN GREY » a répondu à nos questions.

– Le corona a eu un grand impact sur les activités live de DIR EN GREY. La tournée nationale prévue de fin mars à fin avril et les deux jours au Pia Arena MM les 23 et 24 juillet qui avaient été annoncés ont tous les deux été annulés. Comment avez-vous prit cette décision?

Kaoru: Tout d’abord, concernant la tournée, avant la déclaration d’état d’urgence les mesures à prendre, ce qu’on ne devait pas faire, n’étaient pas claires. Même si les mesures n’avaient pas été précisées, nous avons annulé car nous ne pouvions pas reporter indéfiniment. Pour les performances du Pia Arena, nous avons cherché une solution jusqu’à la dernière minute. Le Pia Arena est passé de places debout à places assise, nous avons fait différentes simulations pour voir si nous pouvions gérer le nombre de personnes si les sièges sont espacés. Cependant, la ventilation de la salle étant obligatoire, si par exemple nous voulions diffuser de la fumée, elle aurait été aspirée, nous avons compris que le groupe ne pouvait pas s’exprimer. De plus, beaucoup de personnes n’auraient pas pu se déplacer dans cette situation. Nous avons décidé de ne pas nous contenter de « faire » un live dans un environnement qui n’est pas entièrement préparé, c’est regrettable, mais nous avons renoncé à le faire.

– Sur le site officiel a été noté « Nous avons examiné s’il était possible d’établir « l’expression » qui est l’essence même du groupe, selon les directives émises par le gouvernement, mais nous pensons que c’est impossible. Nous sommes arrivés à la conclusion que ce serait annulé ». Kaoru, quelle est pour vous cette « expression » qui doit prendre forme pendant les lives de DIR EN GREY?

Kaoru: En partant dans les extrêmes, si vous pouvez émettre un son, vous pouvez jouer une chanson. Mais, pendant nos lives on ne chauffe pas le public en s’adressant à lui, on ne plonge pas dans le public, on n’agit pas violemment. Il y a l’éclairage, la vidéo, le son, la production, la scène consiste en une peinture dans laquelle se tiennent les membres. Les fans payent pour venir aux concerts, si nous ne pouvons pas montrer la scène que nous voulons, on ne peut pas appeler ça « expression ».

– Que pensez-vous des lignes directrices exigées par le gouvernement et les groupes industriels? Il est nécessaire que la distance entre les personnes soit d’au moins 1 mètre à l’avant, à l’arrière, à gauche et à droite, et qu’elles ne crient pas. Pendant un moment, le fait que les artistes porteraient une visière de protection a également été évoqué.

Kaoru: Ce serait totalement impossible avec des visières de protection et un public qui ne crie pas. C’est comme nier l’existence du groupe. C’est impossible pour les membres de faire une performance live avec une visière de protection (rire). Ce serait possible pour le public de ne pas crier mais, les gens viennent voir un concert de rock pour évacuer le stresse, s’échapper de la réalité. La question est de savoir si c’est toujours le concert d’un groupe de rock si on ne chante pas, on ne crie pas ensemble.
Mais, je pense que les lives de groupes de rock ne reviendront pas à l’époque de « l’avant corona ». Surtout dans les live house avec uniquement des places debout, le public s’agite, ça serait difficile de contenir le corona. Une fois que la peur du corona est ancrée, de plus en plus de personnes ne pourront pas entrer dans les lieux clos. Si cela se produit, le fait d’être collé l’un contre l’autre et de s’amuser tous ensemble pendant un concert ne sera plus possible. Je pense que nous devons nous y préparer.

-Si la façon de faire des lives change, l’expression de DIR EN GREY changera-t-elle également?

Kaoru: Ça ne changera pas. Dans notre cas, nous construisons une vision du monde sur scène, le public y entre et s’enflamme, c’est un peu différent des lives bordéliques. « l’expression » du groupe est de pouvoir créer une vision du monde qui peut être utilisée même dans les halls, donc aucun changement n’est nécessaire. Plutôt que changer l’expression, je pense que ce sera la façon de faire dans les salles qui changera, surtout dans les live house. Par exemple il faudra mettre un énorme rideau entre la scène et le public, faire des blocs pour séparer les gens, je pense que nous devons chercher des solutions pour les concerts en live house.

-A la base, le rock est libre de s’exprimer lorsqu’il s’écarte des « conventions » de la « norme » de la société, je pense que les fans sont fascinés par cette attitude qu’ont les groupes de rock. Malgré ces mesures contre les maladies infectieuses, ne vous sentez-vous pas irrité en tant que musicien face a cette situation où le gouvernement vous dit « ne faites pas de live »?

Kaoru: Plutôt que de dire que nous arrêtons les lives parce que le pays nous le dit, nous avons décidé de penser en priorité aux personnes qui viennent nous voir. Dans ces circonstances où tout le monde autour de nous s’inquiète, ne pense qu’au virus, ne peut pas se concentrer sur scène, nous ne pourrons pas jouer correctement et les fans ne profiteront pas. Nous avons décidé que ça ne servait à rien de le faire dans ces conditions.
Déjà, le pays ne dira pas aux groupes de rock « recommencez à jouer petit à petit ». Sa réelle intention est que nous arrêtions, donc je pense que nous n’aurons pas d’autre choix que de reprendre les lives par nous-même quand nous jugerons cela possible. Certains groupes se produisent déjà en live en prenant des mesures de précaution. La société les critique beaucoup mais je veux les soutenir. Il n’y a pas d’autre choix que d’augmenter progressivement le nombre de ces groupes, de faire ne serait-ce qu’un seul pas en avant et d’accumuler les lives. C’est pourquoi je souhaite vraiment que les groupes qui bougent maintenant fassent de leur mieux et que DIR EN GREY puisse le faire dès que ce sera possible. Ne pas pouvoir faire de concert, pour le dire de façon extrême, c’est comme s’il n’y avait pas de groupe. Je pense que la scène et LE lieu pour s’exprimer, sans elle ça n’a aucun sens pour nous de faire de la musique. C’est pour cette raison que nous allons essayer de reprendre les lives dans une forme convaincante, pas dans un environnement incomplet.

-Vous avez ouvert une chaîne Youtube intitulée « The Freedom of Expression » en mars de cette année et avez partagé des opinions sur des questions d’actualité sous le thème « la liberté d’expression ». En comptant l’émission de radio cela fait 5 ans que vous présentez cette émission, pourquoi avez-vous décidé de faire ça?

Kaoru: Je ne ne connais pas très bien la politique ou l’économie mais, en tant que musicien, en tant que personne qui s’exprime, je peux les remplacer à ma manière et dire comment je vois la société actuelle. Comment c’est vu dans le monde, comment ça se transmet, ça rebondit sur moi. Je commence à beaucoup m’y intéresser. Cependant, c’est inévitable de parler de choses que je ne maîtrise pas. Le DJ radio Joe Yokomizo et le journaliste de Tokyo Sports Dasai avec qui je présente l’émission sont là pour équilibrer. Puisqu’ils sont là je peux dire les choses de mon point de vue et j’apprends en écoutant d’autres opinions.

-Avant, les musiciens ne parlaient de rien d’autre que de musique. Les fans adorent la musique, parler d’autre chose est superflu. A un moment il y a eu un débat « n’introduisez pas la politique dans la musique ». Qu’en pensez vous?

Kaoru: Vous n’avez pas à décider comment un musicien doit être. Je comprends que les fans veulent le voir simplement comme un artiste, mais cet artiste est aussi une personne et a des opinions. Les fans sont libres de ne pas écouter les opinions et de ne regarder que l’oeuvre. Le rock est d’abord quelque chose de libre donc je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’être si peu indulgent. Je pense que le plus important est que le musicien assume ce qu’il dit.
Aussi, nous sommes avant tout un groupe de rock. Pour dire les choses clairement, la société ne nous aidera pas. En situation de crise, la musique ne peut pas sauver directement les personnes qui tombent autour de nous. Dans ces moments là les musiciens sont impuissants. C’est pourquoi je souhaite un monde où on peut se permettre d’écouter de la musique et en profiter.

-En ce sens on peut dire que le corona est un état critique. Que signifie d’après vous le rock à l’ère du corona?

Kaoru: C’est très difficile… Par exemple, dans une situation où vous devez toujours faire attention à l’extérieur, en rentrant, si les gens veulent ressentir notre musique ne serait-ce que quelques minutes dans la journée, je pense que c’est une des raisons de vivre. Aussi, on peut montrer aux gens qu’il ne faut pas céder dans cette situation. Lorsque le monde se fige, il est possible de montrer que les groupes de rock font un trou d’air quelque part et continuent à avancer. Ça peut être un nouveau style de live, une façon de transmettre une chanson. En ce sens, DIR EN GREY doit continuer d’aller de l’avant. Je ne veux pas céder face au corona.

https://dot.asahi.com/dot/2020080700077.html?page=5

Interview Kaoru Tokyo sports

Le groupe de rock DIR EN GREY a sorti le 03 août en digital leur 31ème single « Ochita Koto no Aru Sora ». Le leader Kaoru nous a parlé de la nouvelle chanson dans une interview avant d’enregistrer le programme Youtube « The Freedom of Expression ».

La nouvelle chanson est le premier single digital du groupe. Kaoru: « A la base il y a un package avec des illustrations donc nous étions opposés à une sortie digitale ».
A cause des dommages causés par le coronavirus il y avait des inquiétudes concernant la vente de CD, elle a donc été proposée en téléchargement.

« Nous avions aussi pensé à repousser la sortie, mais finalement nous nous sommes dit que nous allions faire ce que nous pouvions faire maintenant. Nous avons décidé de montrer que le groupe bouge, va de l’avant. »

« Ochita Koto no Aru Sora » est une chanson qui ne donne pas d’indice par rapport à son titre. Cependant, on ressent que les paroles sont liées à la situation actuelle… Elle disent « je veux que vous ressentiez quelque chose ».

La seconde chanson est le single CLEVER SLEAZOID sorti en 2005, les paroles en anglais ont été réenregistrées en japonais.

« Ça a été réenregistré en japonais, est-ce que c’est un changement? » plaisante Kaoru.

« Kyo utilise sa voix comme un instrument donc que ce soit en japonais ou en anglais ça sonne de la même manière. J’ai pensé « ça ne change rien » (rire). Mais quand vous regardez et écoutez des paroles japonaises ça peut donner une impression différente. »

La tournée Sogai lors de la catastrophe du coronavirus a été annulée, et la nouvelle chanson devait être présentée lors du dernier concert au Pia Arena MM. Ils n’avaient pas pensé que ça irait aussi loin mais « pendant cette période de confinement les anciennes chansons du groupe, le fait de regarder les clips nous a fait profondément ressentir comment les chansons et le groupe doit être. C’est pour ça que nous avons essayé de faire un concert sans public. En ce sens, je pense que c’était une période nécessaire » déclare Kaoru en prenant les choses positivement.

Ça a été très compliqué pour l’industrie de la musique pendant cette période de confinement, mais certaines choses ont été découvertes pendant cette pause.

Pour la fin il fait monter la hype « DIR travaille sans s’arrêter. Cette année nous travailleront probablement sur un nouvel album. Attendez le s’il vous plait ».

https://news.yahoo.co.jp

Interview Kaoru Tokyo Sports

Le leader de DIR EN GREY parle de la possibilité de donner des concerts sans public

La diffusion de concerts sur internet pourrait-elle se populariser dans le futur?
En mars, Kaoru, le leader du groupe de rock DIR EN GREY qui a donné un concert diffusé sur internet dans le monde entier, a discuté avec notre journal de cette expérience, et des possibilités ainsi que des problèmes de ce genre de lives.

A cause du coronavirus, concerts et divers événements publics sont forcés d’être annulé non seulement au Japon, mais dans le monde entier.
Dans ces circonstances, de nouvelles expériences sont menées: la diffusion de concerts sur internet sans public.
“Pour les fans qui manquent ces concerts, c’est une opportunité précieuse et populaire. Particulièrement pour les artistes qui peuvent proposer leur travail au monde entier, les fans du monde entier peuvent rejoindre un live diffusé partout simultanément” (selon une personne travaillant dans l’industrie de la musique)

Sur Youtube, les fans peuvent également donner de l’argent, faisant sentir un souffle nouveau pour les concerts.

Le 28 mars, sur leur chaîne Youtube, DIR EN GREY a diffusé en live un concert de dernière minute “The World You Live In” depuis le KT Zepp Yokohama dans la préfecture de Kanagawa.

Les fans japonais, mais aussi de toute l’Asie, d’Europe, d’Amérique du sud et de bien d’autres régions du monde ont pu regarder, faisant de ce concert un véritable succès.

Le leader de DIR EN GREY, Kaoru, nous a dit de cette expérience: “nous pensions que cela pouvait être fait à cause des conditions dans lesquelles nous vivons désormais, donc nous avons essayé”.

Sur le fait de jouer dans une salle vide, il a dit “J’ai été capable de me donner à 100%, mais d’un autre coté j’ai senti que je ne pouvais que me donner à 100%. C’était comme faire quelque chose pour lequel tu t’es préparé. Au final, on se rend compte que les concerts sont vraiment une expérience que tu partages avec le public. Bien sûr, j’ai tout de même ressenti que les fans nous regardaient” dit-il.

Comme on dit, “les concerts sont une expérience vivante”, ce qui lui a fait réaliser à nouveau à quel point l’enthousiasme des fans est indispensable pour créer une atmosphère sur scène. Certaines études ont conclu que la situation due au coronavirus, au moins à l’étranger, ne se calmerait pas avant fin 2022. Il n’y aura pas de reprise des concerts cette année.

A propos de la diffusion de concerts sur internet qui devenait une possibilité dans le futur, Kaoru dit “et bien, ce n’est pas facile”.

“Parce que comme c’est une vidéo, cela peut donner l’impression de regarder un clip. Il y a un moyen de le faire, mais …”

Il y a aussi un problème de budget. Non seulement les membres du groupe, mais aussi plusieurs membres du staff sont inclus dans le processus de donner un concert. Il y a également le problème de louer une salle.

“Par exemple, si on décide qu’on a tel budget pour le faire, cela peut-être faisable. Peut-être que ce sera une salle plus compacte/petite. Nous avons pu faire le concert du Zepp Yokohama car la salle était déjà réservée, étant donné que c’est là où nous devions commencer la tournée”, dit Kaoru.

En temps normal, le bénéfice est fait en partie avec les ventes de tickets, ce qui n’est pas possible en diffusant un concert sur internet. Les artistes sont donc à la recherche d’un nouveau  moyen pour pouvoir recommencer les concerts.

tokyo-sports.co.jp/entame/news/1834479

Merci à Mélissa pour la traduction!

Interview Shinya Londres

Le nom de cette tournée est This Way to Self-Destruction, pouvez-vous expliquer le sens?

Shinya: Lorsque nous avons sorti l’album The Insulated World au Japon, nous avons tourné l’année suivante, en 2019. Cette tournée s’appelait This Way to Self-Destruction et je suppose que si vous l’avez remarqué dans la setlist, vous pouvez voir que nous avons joué beaucoup de chansons de cet album. C’est donc par rapport à la sortie du dernier album, c’était aussi le même nom de tournée en Amérique et maintenant, en Europe.

Cela fait un peu plus d’un an que DIR EN GREY a fait une tournée en Europe en 2018. Qu’est-ce qui vous a fait revenir en Europe?

Shinya: Il y avait un grand écart depuis la dernière tournée avant de revenir en 2018, même pendant cette tournée, nous parlions déjà de la suivante. C’est la raison pour laquelle nous sommes revenus si rapidement car nous avions déjà commencé à planifier depuis la dernière fois que nous étions ici en Europe.

À quelle chanson les fans ont-ils le plus réagi au cours de cette tournée?

Shinya: Quand nous jouons Merciless Cult dans notre set – une très vieille chanson – et quand l’intro commence, c’est probablement l’une des réactions les plus fortes que nous obtenons des fans.

Avez-vous déjà joué un concert où vous avez senti que tout était parfait? Si la perfection n’est pas votre objectif, y a-t-il quelque chose qui se rapproche de ce sentiment?

Shinya: Pour moi, je me sens proche de la perfection lors de toutes les tournées de DIR EN GREY.

Le récent single de DIR EN GREY, The World of Mercy, est une chanson épique de 10 minutes. Quelles idées vouliez-vous explorer musicalement et thématiquement?

Shinya: En ce qui concerne The World Of Mercy, nous avons décidé dès le départ que nous allions faire une longue chanson. Notre méthode habituelle d’écriture de chansons est que nous apportons tous divers éléments et idées, il y a en fait beaucoup d’aspects différents, mais cette fois, nous voulions nous en tenir à un thème du début à la fin d’un morceau de plus de 10 minutes.

The World of Mercy passe par différentes phases tout au long de la chanson. Y avait-il un message ou une émotion particulière que vous vouliez insuffler?

Shinya: Il n’y a pas de message particulier ou quoi que ce soit que je voudrais que les gens comprennent ou retiennent de cette chanson, mais je veux vraiment que les gens perçoivent la chanson comme ils le veulent en l’écoutant simplement.

Comment s’est déroulée la composition de votre dernier album The Insulated World?

Shinya: Notre processus d’écriture de chansons est toujours le même. Les membres proposent une idée simple ou basique puis on mixe tout.

Y a-t-il une chanson particulière de The Insulated World dont vous vous sentez particulièrement fier ou satisfait?

Shinya: Personnellement, j’aime la partie batterie de la chanson Aka. J’ai l’impression d’avoir pu me révéler dans chaque phrase de la chanson.

Y a-t-il des philosophies musicales auxquelles vous vous en tenez quand vous jouez ou cela change-t-il d’album en album?

Shinya: Il n’y a rien de fixe pour moi et ce n’est pas vraiment par album, c’est plus comme si je devais adapter mon style à chaque chanson.

Chaque œuvre que vous sortez dégage une certaine atmosphère. Utilisez-vous cela comme une base sur la façon de diriger votre performance scénique?

Shinya: Bien sûr, les chansons bougent et changent continuellement pendant que nous les interprétons en live. Parce qu’il y a beaucoup de choses que vous ne découvririez pas par vous-même en écrivant un album ou en l’enregistrant en studio. Ces choses ne se réalisent qu’en jouant devant un public. Même des parties d’une chanson qui pour nous étaient une partie basse, les gens y réagissent et cela nous fait réaliser que c’est une partie haute grâce à la réaction du public. Au fur et à mesure que nous l’exécutons, nous pensons à de nouvelles idées et cela est ensuite transféré dans la prochaine performance live.

Est-ce planifié à l’avance ou fait soudainement?

Shinya: C’est définitivement en temps réel. Ça vient à nous pendant la performance.

Faites-vous cela souvent vous-même?

Shinya: En tant que batteur, je ne peux tout simplement pas faire ça.

En 2018, ici à Londres, vous avez rencontré des problèmes techniques malheureux mais avez quand même réussi à présenter les meilleures qualités de DIR EN GREY. Comment gérez-vous habituellement ce genre de situations?

Shinya: En fait, nous avons été assez choqués car normalement nous n’avons pas beaucoup de problèmes. Mais quand quelque chose ne va pas, tout le monde s’enflamme et veut tirer le meilleur parti de la situation, c’est pourquoi nous pouvons toujours profiter de nos concerts malgré ces difficultés.

DIR EN GREY a accompli beaucoup de choses au cours de sa longue carrière, mais y a-t-il encore des objectifs ou des réalisations que vous visez?

Shinya: Absolument! Malgré la longueur de notre carrière, au Japon ou à l’étranger, il y a encore des gens qui ne connaissent pas DIR EN GREY. En tant que tel, il y a toujours de nouveaux objectifs et rêves à poursuivre. Pour attirer tous ces gens qui ne savent toujours pas qui nous sommes, nous devons définitivement continuer à poursuivre de nouveaux objectifs et nous serions heureux de voir ces personnes venir à nos concerts.

https://jrocknews.com

Interview Kyo ROCK AND READ vol.87

[Eh bien préparez vous un thé, je vous propose une petite lecture]

-Vous surprenez peu importe ce que vous portez. C’est incroyable.

Kyo; Ah oui? En fait c’est quelque chose que je voulais faire depuis un moment, je me suis dit que c’était le bon timing. Ce que je ne peux pas faire dans la vision du monde de DIR EN GREY, je le fais avec sukekiyo.

-Vous vouliez le faire depuis longtemps, est-ce une idée qui s’est développée au fil du temps dans votre imagination?

Kyo: J’ai fait un concert avec sukekiyo au Nakano Sun Plaza, on a fait une collaboration avec la marque de vêtements DRESSEDUNDRESSED, les vêtements pour le photoshoot viennent d’eux aussi, que ce soit les vêtements des membres sur scène où la performance des deux hommes masqués, on a tout imaginé ensemble.

-D’où est venue cette idée.

Kyo: Je me suis toujours dit que c’était bien que l’amour ait plusieurs forme. Il n’y a pas seulement l’amour entre un homme et une femme mais l’amour entre deux hommes, l’amour entre deux femmes. L’amour n’a pas de genre. J’avais cette idée depuis longtemps. Et c’est pourquoi j’ai voulu essayé de faire un photoshoot dans ce genre de vêtements.

-Est-ce différent du monde perverti? Vous avez déjà parlé de votre enfance dans « ROCK AND READ ». Quand vous étiez jeune vous avez vécu une expérience traumatisante concernant l’amour, on sent que l’amour a une grande présence en vous.

Kyo: Ça se pourrait. Chaque année il y a de plus en plus d’homosexuels dans le monde. Je pense que le Japon est juste en retard. Pourtant ce n’est plus aussi pertinent qu’il y a 10 ou 20 ans.

-Depuis 1 ou 2 ans le terme LGBT s’est popularisé.

Kyo: Oui. Je ne suis pas homosexuel mais je ne rejette pas du tout ces personnes. Au contraire, je les trouve toujours belles. Il y a un sentiment pur / véritable. Je chante à propos de différents amours avec sukekiyo. C’est pourquoi je ne m’y oppose pas.

-sukekiyo a débuté il y a 6 ans en 2013. Je l’avais déjà demandé à ce moment mais vous aviez ce concept il y a 3 ou 4 ans. Vous êtes resté sur le thème de l’amour depuis ce moment?

Kyo: Ça n’a pas augmenté jusqu’à maintenant, mais c’est vrai qu’il y avait beaucoup de chansons sur le thème de l’amour. C’est comme si ça allait plus loin et que ça se dispersait dans différentes directions.

-Quand vous avez commencé sukekiyo vous avez souvent dit que c’était différent de DIR EN GREY. A ce moment là vous aviez dit exprimer votre conscience féminine dans sukekiyo. La féminité ne peut-elle pas être exprimée dans DIR EN GREY?

Kyo: Non, ce n’est pas ça. Ça ne veut pas dire que les deux sont complètement différents. Cependant, la couleur et l’atmosphère des membres le rendent comme ça naturellement. Ce n’est pas différent mais si les membres de DIR EN GREY changeaient leur aura ou l’atmosphère des chansons qu’ils apportent, alors ce que j’apporte ou ce que j’exprime changera aussi. Si les membres sont différents, l’expression est aussi différente. L’atmosphère, le mode de chanson ou la vision du monde qu’apportent naturellement les membres de sukekiyo est énorme. C’est un peu différent chez DIR EN GREY. Mais on ne le ressent quasiment pas. Le son de la guitare n’est pas tout à fait le même chez DIR EN GREY et sukekiyo. Parce que la façon de la ressentir est différente. C’est comme être différent naturellement.

-Le style principal de DIR EN GREY dans la composition des chansons est que les membres présentent des idées et les assemblent. Lorsque sukekiyo a commencé Takumi a expliqué que les idées viennent de vous et a parlé des techniques utilisées pour les incarner. Est-ce que ça vous motive d’avantage à exprimer le monde qui se trouve en vous?

Kyo: Non, ce n’est pas ça. Je pense à la vision du monde dans les deux. Par exemple dans DIR EN GREY c’est bien sûr par les paroles mais aussi la vidéo du clip de The World Of Mercy dont j’avais parlé plus tôt, les lives, je pense à l’image entière. C’est pareil avec sukekiyo. Cette vision du monde, cette image, les transmettre aux membres dans une certaine mesure, quand je chante une chanson, pense aux vidéos ou à l’éclairage d’un live, l’image et la vision du monde se solidifient et s’incarnent. A ce moment il s’agit juste de donner un peu plus d’explications aux membres. C’est pourquoi sukekiyo ce n’est pas seulement moi, je ne suis pas en solo. sukekiyo est aussi un groupe.

-Vous ne contrôlez pas tout mais intégrez les pensées et idées de chaque membre et les fusionnez.

Kyo: Bien sûr. Pour la musique je n’aime pas être en solo. J’aime faire partie d’un groupe. Si j’étais en solo il n’y aurait que le chant et du piano, ou de la guitare et du chant, c’est tout ce que je connais. Après tout ça serait le son d’un groupe.

-Pour quelle raison tenez vous à ce point à être dans un groupe?

Kyo: J’y tiens parce que j’aime les groupes, tout simplement. Parce que j’ai pu entrer dans le monde de la musique avec un groupe. Il y a beaucoup de personnes de groupes qui chantent en solo n’est-ce pas. Mais ça ne me correspond pas. Ça pourrait être bien de faire les choses seul en tant que chanteur. Quoi qu’il en soit, je suis fait pour chanter dans un groupe. J’aimerai faire les deux en même temps. Je préfère les groupes.

-Faire un groupe avec des membres permanents.

Kyo: Oui oui, ça ne marche pas bien avec des membres temporaires.

-La motivation qui influence les membres et le fait que ça change en fonction des idées apportées et une bonne chose pour le groupe. Au commencement de sukekiyo le mot « apatride » musicalement parlant est ressorti.

Kyo: Oui, en effet.

– Était-ce un mot clé musical partagé par tous les membres?

Kyo: C’est vieux. Oui en effet. Au départ nous voulions toujours créer quelque chose qui n’existe pas. Bien sûr c’est toujours le cas mais maintenant on ne se fixe plus là dessus. Quand on ajoute le chant dans une chanson, quand tous les sons des membres se chevauchent, c’est une chanson qu’on ne peut nommer.

-Pensez vous que les autres membres voient sukekiyo d’une façon différente?

Kyo: Je pense. La direction à prendre, ce que je veux faire pour la suite, la couleur du son, ces idées viennent parfois de moi. Les membres y réfléchissent et les appliquent.

-Le premier live de sukekiyo était en décembre 2013. Je pense qu’il y avait une attente considérable de la part du public. Quand vous étiez debout sur scène, avez vous ressenti quelque chose d’étincelant ou quelque chose de différent?

Kyo: Je n’y ai pas vraiment pensé au fait que ce soit comme DIR EN GREY ou pas. Je suis resté dans les loges jusqu’à la dernière minute. Je n’ai pas pu changer ma façon de faire pour la première fois.

-Les performances live ont un sentiment grotesque. C’est rempli de chagrin et mélancolie.

Kyo: Aa, mais ça non plus je n’en suis pas conscient. C’est le pouvoir des chansons et des paroles. La mélodie et le chant qui naissent des chansons apparaissent naturellement. Je n’ai vraiment rien changé dans ma tête ou fait les choses différemment.

-Quand vous êtes sur scène vous préoccupez vous de ce que ressent le public?

Kyo: Pas du tout. Je ne m’en préoccupe pas une seconde. Si j’y pense ça devient commercial. C’est mieux d’être soi même. Devant moi il y a des fans mais je ne pense pas qu’il y a des personnes qui veulent se faire leur propre plaisir. Surtout chez les fans de DIR EN GREY et de sukekiyo. Je pense qu’il y a beaucoup de personnes qui aiment voir ce que nous faisons comme nous le voulons. Si ce n’est pas le cas ça n’a pas d’importance pour moi. Je pense comme ça depuis longtemps (rire). Si quelqu’un demandait de faire ce qu’il leur plait je penserais « après tout ce temps? ». C’est pourquoi je n’y pense pas du tout.

-Mais vous avez un autre endroit pour vous exprimer. Q’avez vous ressenti lorsque c’est devenu réel? Par exemple l’impression de cracher quelque chose qui s’est accumulé, vous purifier.

Kyo: Bien sûr. Mais il y a beaucoup de choses que je veux faire. Ça ne veut pas dire que ça se réduit en faisant sukekiyo.

-C’est ce que je pensais. En effet plus il y a de chansons plus les frontières se dissipent. Votre appétit créatif à toujours surpris les membres de sukekiyo. C’est pourquoi, on ressent que plus vous avez d’endroits où vous exprimer, plus vous vous éveillez.

Kyo: Je ne veux plus m’éveiller (rire). Ça me cause des soucis. Je n’ai pas assez de temps. Si je pouvais le faire sans aucune restriction, je le ferais sans cesse. Mais les membres de Sukekiyo sont aussi incroyables. Même si la sortie n’a pas été décidée, près de 6 chansons ont déjà été finalisées. Je ne sais pas quand ça deviendra un album mais on dit combien de chansons on collecte et ils m’envoient des nouvelles chansons. C’est pendant la tournée de DIR EN GREY. J’en avait reçu de la part du bassiste Yuchi quand nous avons fait le concert à Nagoya. J’avais reçu des arrangements des autres membres donc ça s’est empilé. A l’hôtel à Nagoya j’ai chanté des paroles temporaires tout en passant une chanson sur l’ordinateur, puis je l’ai enregistré dans mon téléphone et je l’aie renvoyée aux membres. J’ai fait la même chose avec d’autres chansons. Voilà comment je procède. Tout le monde travaille vite et veut faire plein de choses. Ils me répondent autant que possible alors je le fais aussi. Voilà comment nous composons les chansons.

– C’est les meilleurs conditions pour un groupe. Lorsque Sukekiyo a commencé, vous l’avez vu comme un projet très conceptuel.

Kyo: En effet. On dit que c’est différent mais cela a toujours été dit.

-Mais en vous écoutant on sent à quel point c’est libre.

Kyo: Oui, je me sens libre de lâcher prise (rire)

– Une des raisons qui rend le groupe conceptuel est la scène. Demander au public de venir dans des vêtements noirs. Maintenant ce sont des places debout mais au début c’était des places assises, c’était très pesant quand le public ne pouvait pas se lever et crier, c’était comme des funérailles.

Kyo: Je pense qu’il y a beaucoup de personnes qui ont fait des lives en interdisant de crier. Mais je n’ai jamais entendu parler d’un live où ça avait été respecté. Je voulais vraiment le faire au début, j’ai pensé que les funérailles étaient vraiment du sukekiyo et personnellement j’aime beaucoup ça. Vous n’avez pas besoin d’autre son que celui des membres. Nous essayons de garder le plus de personnes possible hors de la scène. Il n’y a presque pas de staff sur scène, les membres semblent pouvoir gérer. J’aimerais pouvoir prendre soin de ces parties essentielles à l’avenir mais je les enlève parfois et fait des lives où on peut faire ce qu’on veut. La dernière fois nous avions fait un live où on pouvait faire ce qu’on voulait mais personne n’a bougé. Certaines personnes criaient mais la majorité était silencieuse. Aa, oui, ça ressemble (rire). Il n’y a pas beaucoup de groupe avec un tel lien, je me suis demandé « est-ce que je peux en avoir un? ».

-Avant de commencer sukekiyo vous aimiez les troupes underground et GENET de AUTO-MOD était venu voir un live de sukekiyo. Il y avait en fait une performance live.

Kyo: Je ne connaissais aucun des membres de la troupe et je ne suis pas allé les voir. J’aime Banyuuinryoku mais je n’ai pas fait de recherche ou je ne me suis pas informé à propos d’eux. Au contraire, je ne veux pas étudier. Je veux exprimer ce sentiment comme s’il s’agissait d’un vrai corps, si je m’informe ou apporte des connaissances, ça restera dans ma tête et ça ressemblera à une imitation. D’un autre côté je n’aime pas voir quelque chose fait naturellement et penser à le refaire à l’identique. Je n’aime pas être attaché. Donc je ne veux rien apporter. J’aime ce que j’aime mais je ne fais pas de recherche approfondie. Je chante et bouge toujours aussi naturellement que possible.

-Je vois. Moins vous en savez, moins vous êtes attaché. C’est en 2015 que le premier concert avec le groupe de danseurs Banyuuinryoku a eu lieu. Je pense que la scène étrange et l’expressivité ont largement fait connaitre leur caractère distinctif qui est complètement différent des autres.

Kyo: Surement. Quel genre de réaction chimique se produira lorsque la vision du monde de sukekiyo s’ajoutera à la performance de Banyuuinryoku? Moi aussi je voulais le voir. C’est complètement différent maintenant mais je pense que ça serait intéressant d’avoir de plus en plus de réactions chimiques. N’est ce pas le plus amusant pour nous de nous dire « je me demande comment ça va se passer. C’est excitant » Si vous pouvez voir la forme complète ce n’est pas amusant. Quelque chose comme « ça sera peut être comme ça, comme je l’imaginais c’était comme ça, et donc?… »

-Je pense que vous voulez vous amuser de ce qui pourrait se passer car vous êtes pur / vrai.

Kyo: C’est pourquoi je ne suis pas si différent des fans.

-Quand vous partagez la scène avec les danseurs, on veut connaitre l’histoire qu’il y a derrière tout ça. Ça accentue l’intérêt. N’était-ce pas planifié?

Kyo: Même si c’était ça, ce n’est pas vraiment ce à quoi je pensais en le faisant. On fait seulement ce qu’on veux faire. Même si l’histoire est grand en quelque sorte, on n’ose pas donner de réponse complète. N’est-ce pas ennuyeux? Parce qu’il n’y a qu’une seule réponse. C’est pourquoi on peut y penser de différentes manières. et ne pas donner de réponse c’est un peu bizarre. Je ne veux pas que ça se produise. Les personnes pensent et détiennent des choses différentes, le vrai et le faux est également différent. Ressentir les choses naturellement, ce qu’on ressenti ces personnes est leur réponse. C’est bien comme ça. Quand les réponses de tout le monde se connectent, tout se disperse et c’est très bien. C’est pourquoi ce n’est pas ce que je visais mais si c’est ce que ça donne c’est très bien. Je ne pense pas avoir toutes les vérités donc je veux que vous ressentiez les choses librement.

-Mais les couleur de sukekiyo sont la tristesse. Ça ne prend pas direction heureuse.

Kyo: C’est la base. Je n’accepte pas les choses heureuses. Je me demande pourquoi. Je ne sais pas, je veux être heureux.

-Un vrai sentiment?

Kyo: Oui. Mais je ne peux pas. Avoir une telle personnalité. Je ne suis pas assez pur pour rendre les gens heureux (rire)

-Vous dites ça en riant (rire)

Kyo: Je pense que même s’il y a toujours des gens qui ont l’air heureux, ils portent forcément quelque chose de sombre. Mais bon, je pense que ça va si on se sent bien.

-Les personnes qui pensent comme ça ne veulent jamais être invitées à un mariage. Elles ne sont pas invitées.

Kyo: Hahaha! Mais peu importe qui est invité, je pense que 10% ou 20% sont inutiles. A la télé il y a des mariages et des nouvelles joyeuses. Non, ils ont l’air heureux mais ils prennent peut être des médicaments.

-Je vais jeter les journaux des arts du spectacle (rire)

Kyo: Si je ne pense plus comme ça je ne peux pas vivre. Peut-être que les gens qui sont 100% heureux peuvent célébrer le bonheur des gens à 100%. Je n’ai pas ça donc je ne peux pas me permettre de célébrer le bonheur des gens à 100% (rire). Je ne veux pas être considéré comme une bonne personne. Je suis comme ça. Je pense que c’est bien d’avoir une seule personne comme ça.

-Mais pourquoi? Vous savez que vous pouvez ne pas célébrer le bonheur des autres? Il y a des personnes qui ne se regardent pas et détournent les yeux de leur personnalité.

Kyo: Oui, il y en a. Je la vois. Moi je la vois. Je pense que je suis vraiment tout en bas. Je suis clairement tout au fond. Après tout c’est moi… C’est ma personnalité. Donc quand je parle à des gens on me dit souvent « n’est-ce pas plus amusant pour vous? » je ne pense pas du tout que ce soit le cas. La raison est le fait que je sois au fond tout en aillant beaucoup d’ambition. Il y a beaucoup de choses que je veux faire et elles sont connectées. C’est effrayant. Je ne suis pas toujours satisfait de ce que je fais. Quand je me dis que j’ai fait quelque chose de bien, le lendemain je me dis « c’est vide » donc je sens toujours que je ne suis pas satisfait. Et bien sûr quand je pense que ce que je fais est bien, je me dis toujours qu’une autre personne aurait fait mieux. C’est vraiment être tout au fond. Je pense que tout le monde est au dessus… à bien des égards. Quand les gens de l’entreprise me parlent et disent « ça doit être bien d’être vous » je trouve ça insupportable.

-Mais vous faites toujours des tournées mondiales à laquelle tout groupe aspire, et des festivals à l’étranger etc, ce n’est pas bien?

Kyo: Non pas moi. Il y a peut être des gens qui l’envient mais moi j’envie ceux qui ne font que des tournées au Japon. Je me dis « remplacez moi s’il vous plait ». Je ne veux pas aller à l’étranger. Si vous voulez nous voir, venez depuis l’étranger. C’est bas mais, pourquoi c’est moi qui doit y aller? Je sais que les étrangers veulent nous voir mais si c’est le cas, venez au Japon. Pourquoi c’est moi qui doit y aller? Je ne déteste pas les étrangers. C’est juste que c’est compliqué.

-C’est stressant de voyager à l’étranger.

Kyo: Le voyage aussi, avant d’aller à l’étranger [en Amérique] on a un entretient au Japon pour le visa. C’est ça qui est stressant. Je ne parle pas du tout anglais et on me demande en anglais des trucs comme « vous partez pour combien de temps? », « quel est votre profession, que faites vous? ». C’est que du stresse.

-Vous avez mentionné qu vous n’étiez pas satisfait mais vous avez probablement ressenti du plaisir la première fois que vous étiez dans un groupe et que vous vous êtes tenu sur scène, je pense que la performance live était satisfaisante.

Kyo: Tout a commencé à partir de là.

-Quand est-ce que ce sentiment d’insatisfaction a commencé?

Kyo: C’est depuis quand déjà. Au moment où j’ai commencé sukekiyo, avant ça je tournais en rond dans la musique, mais quand je suis sorti, quand j’ai pensé que tout allait bien le monde s’est trop élargi. C’est très grand. Aussi, écouter différents genres de musique est très stimulant. Je me suis dis « il y a un tel monde ». Même quand vous regardez un dessin / une peinture il y a beaucoup de sentiments. Quand je touche à ce genre de chose j’espère ne pas m’exprimer par la technique. Parce que je suis bas, c’est toujours embarrassant d’exprimer ce genre de chose pour quelqu’un qui n’a jamais dessiné ou prit de photo. Il y a beaucoup de personnes différentes, personne ne se ressemble. Si la personne crée naturellement, dessine naturellement, s’exprime naturellement, elle ne ressemblera pas aux autres, donc je me suis dis que c’était bien comme ça. Si vous n’avez pas besoin de technique le frein qui est en vous disparaît. Les choses que je veux faire se sont multipliées.

-Donc vous avez commencé à peindre, à prendre des photos, à faire des expositions etc, à vous exprimer de diverses façons.

Kyo: Oui. Je pense que c’est bien même sans talent. Ça me ressemble. Certaines personnes disent que ce n’est pas bien, peu importe la qualité de la peinture. Ou alors « je ne comprends pas trop mais c’est bien ». Ça dépend des gens. Ça me préoccupais et je n’ai pas pensé aux basiques ou à étudier à partir de zéro. En fait je n’ai jamais étudier le chant ou pris de leçon. Les professeurs de chants doivent penser que je n’ai pas les bases mais ça ne m’empêche pas de chanter. Je fais juste ressortir mes émotions. Dans beaucoup de travaux les émotions sont bloquées, si je peux les faire ressortir c’est bien. Le monde s’élargi quand on change notre position.

-Et en même le sentiment d’insatisfaction s’intensifie.

Kyo: C’est vraiment ça. Les choses que je veux faire tourbillonnent dans ma tête, et il y a aussi beaucoup de choses qui apparaissent d’un coup. Dès que ça flash je le fais. Quand je suis allé au bureau aujourd’hui j’ai parlé avec les employés en attendant, et quelque chose m’est venu en tête. Ça arrive comme ça. C’est arrivé deux ou trois fois pendant notre discussion. Ça arrive souvent. Je fais attention à ces flashs quand ils apparaissent.

-Chez sukekiyo et DIR EN GREY la vitesse à laquelle vous travaillez pour le chant, du début à la fin de la création, est surprenante.

Kyo: Je n’ai jamais vraiment comparé. C’est vrai?

-Les membres le disent souvent. Même si l’arrangement de la chanson n’a pas été déterminé en détail, l’enregistrement du chant est déjà terminé.

Kyo: Eh bien, oui en effet.

-Est-ce que c’est une information correcte!?

Kyo: Pour moi c’est normal. Je ne regarde pas la vitesse des autres. Il n’y a rien de spécial, c’est juste que je déteste être en retard. Je suis arrivé 0 minute avant l’heure. Je suis du genre à vouloir terminer ce que je veux faire le plus vite possible et commencer autre chose. Je rallonge rarement les concerts aussi . Même si je change de maquillage dans les loges, je reviens très vite près de la scène. Si vous pensez que l’attente pour le encore est longue, ce n’est pas de ma faute (rire). Je n’aime pas faire les choses lentement quand je peux les faire rapidement. Le temps est le même pour tout le monde mais il est limité. Selon la façon dont vous utilisez votre temps, tout peut changer, comme votre façon de vivre ou ce que vous pouvez faire. C’est pour ça qu’il y a des moments où le temps est précieux. Bien sûr il y a aussi des personnes qui créent de bonnes choses en prenant le temps de réfléchir, je ne le nie pas du tout. Mais chez moi ça vient d’un coup. C’est ma façon de faire, je ne peux pas la changer.

-C’est mieux d’exprimer quelque chose qui est apparu d’un coup, la qualité est meilleure.

Kyo: C’est vrai. Si je n’exprime pas ce qui m’est venu d’un coup c’est stressant. Je suis là « je veux faire ça, et ça… » je n’ai que ça en tête. Je suis déjà stressé.

-Nous avons tous le même temps mais, il y a longtemps, Tommy, le directeur de la compagnie a dit « Kyo n’aura pas une longue vie »……

Kyo: C’est horrible (rire).

-Parce que vous êtes du genre pressé.

Kyo: On me dit souvent que je suis pressé mais ce n’est pas le cas, pour moi tout le monde est juste lent (rire). Je suis normal, je ne me précipite pas. Je fais les choses normalement. De mon point de vue ce sont les gens autour de moi qui sont lents. Dire que je suis pressé est un malentendu.

-Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui réduisent leur diversité musicale en vieillissant. Mais chez vous j’ai l’impression que ça augmente de plus en plus.

Kyo: Non non, pas du tout.

-Je pense que la musique que j’écoutais quand j’étais jeune était la meilleure, avec un champ de vision plus large. Les gens deviennent plus étroits.

Kyo: Aa, je comprends ce que vous voulez dire. Récemment j’aime écouter Madonna. J’avais commencé à écouter ces dernières années. Je n’aimais pas tellement.

-Vous n’écoutez pas ses derniers albums mais ce qu’elle a fait dans les années 80?

Kyo: Oui, c’est ancien. Le son cheap des années 80 est en moi maintenant. Je fais ce genre de demande aux membres. J’aime vraiment le son cheap de cette époque. Je me demande si je peux créer de bonnes choses avec sukekiyo avec ce genre de son. Mais je n’ai pas l’impression d’être si diversifié. Je n’écoute et ne m’informe pas tant que ça sur la musique. Je la sens naturellement.

-Le dernier album de sukekiyo est « INFINITUM ». Je pense que l’ampleur et la profondeur musicale ont atteint un niveau hors du commun. Il y a bien sûr du progressisme, de l’électro et des chansons délicates. Je sentais qu’il se passait quelque chose dans le groupe avec tous ces éléments.

Kyo: Les membres sont géniaux. Je trouve qu’ils sont géniaux, vraiment. Tout en faisant ce que je veux faire, je veux le faire de cette façon, ils arrivent parfaitement à introduire ce dont on a parlé.

-Quand vous dites que vous aimez le son cheap des années 80, avez vous une réponse immédiate?

Kyo: Oui oui. Les choses sont expliquées une par une, bien assimilées et prêtes. N’est ce pas un travail incroyable?

-Je pense que les choses que vous leur présentez sont différentes pour chaque chanson. mais est-ce qu’il vous arrive de leur présenter les choses d’une autre façon?

Kyo: Oui, c’est réciproque. Il y a une chanson dont je ne m’attendais pas. je me suis dis « hein, ça? » mais je l’ai ajouté dans la chanson. Et ça donne une bonne forme. C’est la chanson « dorothy ». Je me suis dis « on est arrivé jusque là, on le fait ». Takumi qui a composé la chanson l’a présentée comme un défi, quelque chose qui peut être intéressant à faire. Nous nous sommes amusés et sommes partis dans plusieurs directions.

-Est-ce que chaque membre continue de proposer des choses pour inciter ses collègues?

Kyo: Tout le monde propose des choses ensemble. Tu es allé là, alors je vais là. Oh tu es allé ici, alors je vais un peu plus loin. En empilant les choses comme ça, ça devient du sukekiyo. Dès que les propositions sont assemblées c’est du sukekiyo.

-La production est rapide mais saine.

Kyo: C’est ce que je pense. Je ne décide pas d’une date de sortie, je compose quand j’en ai envie et quand j’ai le temps. Au lieu d’étudier pour un examen, j’étudie sans qu’il y ait d’examen de prévu. C’est libre. Comme jouer quand tu veux jouer et étudier quand tu veux étudier. Et se dire finalement ça serait bien d’étudier. Comme « on s’en fiche des examens » (rire). C’est pourquoi même pendant la tournée de DIR EN GREY je recevais des nouvelles chansons de la part des membres. Même si la sortie n’est pas décidée.

-Ils savent que vous êtes occupé pendant les tournée donc ils envoient juste des chansons (rire).

Kyo: Non non, ce n’est pas un problème. Il y avait beaucoup de tension. Est-ce que je l’envoie à ce moment? C’est intéressant, n’est ce pas? Il y a une réponse tout de suite. Ce sont les meilleurs.

-Vous vous amusez aussi dans ce processus. Il n’y a pas beaucoup d’exemple de project band qui tiennent aussi longtemps, mais vous avez déjà passé 6 ans avec sukekiyo et tous les membres ont un appétit musical plus fort qu’au début.

Kyo: Tout le monde travaille en s’amusant, vraiment.

-C’est quelque chose qu’on ne pourra jamais enlever à sukekiyo, savez vous ce qui fait la base principale du groupe?

Kyo: Je ne peux rien dire. Il n’y a pas de mot pour le retranscrire. Mais il y a quelque chose. Il y a une ligne dans sukekiyo et nous pouvons faire les choses sans en sortir. Après tout, la base principale de sukekiyo se sont peut-être les chansons, ou l’atmosphère ou les sentiments qu’on ressent pendant les lives. C’est pourquoi on le fait naturellement. sukekiyo n’a rien de particulièrement féminin ou facile à comprendre. Cependant tous les membres savent quelle est la ligne de sukekiyo. Ça n’a pas été dit explicitement mais je pense qu’elle se ressent.

-Comment en parlez vous avec les membres?

Kyo: Tout le monde parle du son mais on ne parle pas vraiment de la forme dans son ensemble. Si c’est une vague image d’une chanson je dis « pour la prochaine j’ai ce genre d’image ». Je suppose que l’idée est de savoir comment chaque membre interprète ce que j’ai dit, le colorer et l’agrandi.

-Ça ressemble vraiment à un groupe. Enfin, je sais que c’est un groupe (rire).

Kyo: C’est un groupe et je suis vraiment libre. Parce que c’est fatiguant quand il y a des délais et des dates de sortie. Autant que possible, j’aimerais que les membres fassent les choses librement, je dis seulement que ça serait bien de sortir quelque chose dans l’année. Alors, quand chaque personne a le temps, on compose quelque chose. N’est ce pas la meilleure façon de composer? Sukekiyo travaille dans ce genre de tension. C’est pourquoi on fait parfois calmement des chansons inachevées en live. N’est-ce pas intéressant?

-Quand vous ne faisiez que DIR EN GREY, les mélodies et les paroles changeaient brusquement pendant les lives. Dans sukekiyo vous le faites aussi bien sûr, mais vous ajoutez également des nouveaux instruments qui change la perception de la chanson.

Kyo: Les autres membres sont aussi intéressés (rire). Wow, vraiment, comment tu fais ? Je le fais le jour des répétitions et si ça na va pas bien sûr je ne le fais pas. C’est un minimum, mais en général ça amuse tout le monde. Ça conduit finalement à la croissance de la chanson. Ça serait pas bien de le faire pour l’enregistrement ? Chaque fois que nous faisons un live les chansons changent. En fait j’ai toujours envie de faire un album après un live ou une tournée mais je ne peux pas, donc je fais les lives sérieusement en créant un environnement aussi proche que possible des membres. Je ne peux pas expliquer mieux que ça. C’est la même chose avec DIR EN GREY. D’après moi, je fais les deux très sérieusement. Je ne le fais pas comme un simple travail.

-Aussi, les lives c’est un endroit pour annoncer les compositions.

Kyo: C’est ça.

-Pensez vous que les lives sont un endroit pour la création?

Kyo: Oui. Je ne dis pas aux fans « on a composé cette chanson, écoutez là s’il vous plait ». On aime la jouer donc on la fait même si elle n’est pas complète.

-On se demande comment sera cette chanson au prochain live, bien que ce soit une chanson qu’on connait de l’album on espère un changement et une différence émotionnelle.

Kyo: Même si c’est un live on décide de la construction et du développement, la setlist ne change quasiment pas, ça augmente bien sûr le degrés de perfection. En tant que professionnel je comprends mais ça ne m’attire pas vraiment. En tant qu’être humain mes émotions sont différentes chaque jour. Quelque fois je me sens bien, quelque fois je me sens mal. Je veux les faire ressortir directement. Je veux toujours le faire de façon crue / brute. Je suis attiré par les choses déformées. A chaque fois que vous venez à un concert il n’y a rien d’identique. Bien sûr c’est comme ça pour la plupart des groupes mais, la distorsion est à chaque fois différente et plus grosse. Je me dis que c’est ce qu’est sukekiyo.

-Ce « ROCK AND READ » sortira le 25 décembre. Ceux qui le lisent vous verront quelques jours plus tard à Shibuya. Ce sera un live du nouvel an exceptionnellement rallongé.

Kyo: Je voulais faire un live de fin d’année mais je ne pouvais pas le faire si le planning de DIR EN GREY était complet. J’ai d’abord décidé du planning de DIR EN GREY et ensuite celui de sukekiyo quand je suis libre. C’est comme ça que ça a pu se réaliser. C’est bien de ne pas être heureux comme nous pour la nouvelle année.

-En plus c’est à Shibuya que les gens font du bruit sur le passage piéton.

Kyo: C’est Shibuya, mais c’est bien que des gens tout en noir se rassemblent et fassent encore plus de bruit. C’est bien qu’il y ait des gens comme ça. C’est une cérémonie d’ouverture, vous pouvez crier, vous pouvez être violent, vous pouvez faire ce que vous voulez, c’est nouvel an.

-Si c’est nouvel an vous pouvez faire ce que vous voulez, c’est une bonne façon de voir les choses (rire). C’est une fête libre.

Kyo: Oui. C’est bien d’avoir des jours comme ça. Parce qu’il y a aussi des jour où on ne peut pas bouger.

-Avez vous prévu de présenter des nouvelles chansons à nouvel an ?

Kyo: Nous allons faire un live en deux parties et nous présenterons une chanson à chaque fois. Donc il y a 2 nouvelles chansons. On peut le faire même si elles ne sont pas encore terminées. J’ai décidé quelles chansons jouer donc je les jouerai absolument.

-L’harmonie entre les membres lors de l’exécution des chansons en live se reflète également dans la chanson jouée, n’est-ce pas? Je pense que les personnes qui seront devant vous ce jour là deviendrons une illustration de clameur / vacarme. Cela pourrait-il changer l’harmonie des nouvelles chansons ?

Kyo: Oui, bien sûr. Jusqu’à maintenant le public ne bouge pas, ne crie pas, la seule réaction chimique est entre le son des membres et l’atmosphère de la salle. Dans cette cérémonie d’ouverture, ce qu’on fera sera impacté par la réaction du public, qu’est ce que ça donnera à l’enregistrement ? Je pense que ça va changer.

-Et une tournée a été décidée pour février prochain.

Kyo: C’est une tournée supplémentaire parce que je n’ai pas assez joué INFINITUM. Je ne sais pas combien de nouvelles chansons seront ajoutées mais je veux faire une nouvelle tournée de l’album car je ne l’ai pas assez fait et je voudrais montrer de nouvelles couleurs.

-La première date de la tournée sera le jour de votre anniversaire le 16 février.

Kyo: Oui, en effet. Je ne m’en soucis pas vraiment. Je le fais seulement pour les fans.

-Moi aussi ça m’intéresse. Vous ne voulez pas célébrer le bonheur des gens (rire) mais vous voulez fêter votre anniversaire.

Kyo: Aa, je célèbre finalement, je suis du genre à me dire « c’est l’année prochaine de toute façon ». Je vis avec l’idée qu’il n’y a rien qui dure toute une vie. Parce que c’est long ou court. Je dis « merci » tout en pensant que je ne serai plus là dans quelques années. Je suis honnête. Tout le monde devrait penser comme ça. On ne montre pas cette mauvaise partie parce que nous sommes des adultes (rire).

-Je suis confus (rire) Vous aviez vos jambes à l’air pour le photoshoot, vous aviez tous ces tatouages ?

Kyo: Ce n’est pas grand chose, je n’ai pas encore tout rempli.

-Même si vous dites qu’il n’y en a pas beaucoup, c’est un moyen de montrer que votre corps est une œuvre.

Kyo: Eh bien, oui. Mais j’y mets des tatouages seulement parce que je le veux.

-Vous n’êtes pas satisfait et vous en voulez plus ?

Kyo: C’est ça. C’est comme la coiffure, ça change tout le temps. Je me fatigue.

-Vous n’avez pas encore trouvé la forme idéale, vous questionnez vous sur ce que vous n’avez pas encore fait ?

Kyo: Il n’y a pas d’idéal. Pour dire les choses simplement, je voulais être beau. N’est-ce pas ce que tout le monde pense ? Mais je ne peux pas l’être (rire). Donc je n’ai pas d’idéal. Ce n’est pas une pensée positive que de détenir un idéal qu’on atteindra jamais…. (rire). Donc je me fatigue moi-même. Certaines personnes ont une vie difficile et ne peuvent pas gaspiller leur temps. Je veux avoir plus de temps. Mais je ne peux pas me le permettre parce que je ne suis pas satisfait.

-Quelle est la chose que vous voulez le plus maintenant ?

Kyo: Du temps. Aussi, je voudrais rester en forme sans dormir. J’ai supprimé le sucre. C’est comme un jeu qu’on endure depuis 3 mois avec les fans, ils disent qu’ils ne prennent pas de sucre. Ça m’énerve de me dire que j’ai supprimé une des choses chose qui me faisait le plus plaisir (rire). Bien que ça soulage du stresse.

-C’est différent que de se réprimander de façon stoïque. Même si ça a l’air stoïque c’est amusant tout en étant frustrant.

Kyo: Oui, en effet.

-Du côté de la musique, avez vous un peu économisé en créant un autre endroit d’expression avec sukekiyo?

-Bien sûr. Nous avons quelques albums, je ne veux vraiment pas être arrêté / restreins.